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COVID-19 : Quelles caractéristiques de mauvais pronostic chez les patients diabétiques

Actualité publiée il y a 3 années 4 jours 4 heures
Diabetologia et EASD
Le diabète de type 2 est associé à un risque de mortalité plus élevé chez les patients COVID hospitalisés que le diabète de type 1 (Visuel Adobe Stock 273298915).

Cette nouvelle étude du NHS britannique, décrypte pourquoi la maladie COVID-19 peut être plus sévère et plus mortelle pour certaines personnes diabétiques. Présentée lors de la Réunion annuelle de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) et à paraître dans la revue Diabetologia, la recherche explique, pour la première fois, pourquoi que le diabète de type 2 est associé à un risque de mortalité plus élevé chez les patients COVID hospitalisés que le diabète de type 1.

 

Par ailleurs l’étude identifie d’autres facteurs de risque de complications et de décès, dont la combinaison d'un âge avancé et d'un taux élevé de protéine C réactive (CRP) ainsi que, même chez des patients diabétiques plus jeunes, la présence d’une maladie rénale chronique. L'IMC, cependant, n'apparaît pas lié à la survie ou au risque de décès associé au COVID-19. A partir de l’ensemble de ces données, les chercheurs ont développé un modèle simple capable de prédire quels patients sont les plus à risque de décès.

Les personnes atteintes de diabète ne sont pas plus susceptibles de contracter le COVID-19,

précisent en préambule les chercheurs, mais elles sont plus susceptibles de tomber gravement malades. Il semble donc important de comprendre quelles caractéristiques précisément exposent les personnes diabétiques à un risque plus élevé de forme sévère de la maladie et de décès.

 

C’est l’objectif de l’étude ACCREDIT, menée pour le NHS par les Drs Daniel Kevin Llanera et Rebekah Wilmington, préciser les liens entre toute une gamme de caractéristiques cliniques et biochimiques et le risque de décès, ici dans les 7 jours suivant l’admission à l'hôpital pour COVID, chez les patients diabétiques. L’étude a ainsi suivi 1.004 patients de 7 hôpitaux âgés en moyenne de 74 ans, à 60% des hommes et à 45% issus de milieux défavorisés. Leur IMC médian était de 27,6 et 56 % des participants présentaient des complications macrovasculaires du diabète (par exemple : des antécédents de crise cardiaque ou d’AVC), 50% des complications microvasculaires (par exemple :neuropathie ou rétinopathie).

 

  • 7,5% ont été admis en unité de soins intensifs (USI) ;
  • 24% sont décédés dans les 7 jours suivant leur admission à l'hôpital ;
  • 9,8 % ont besoin de perfusions d'insuline, pour mieux contrôler leur glycémie ;
  • les personnes atteintes de diabète de type 2 se sont avérées 2,5 fois plus susceptibles de décès dans les sept jours suivant l’admission que les participants atteints d'autres types de diabète ;
  • les patients ayant eu besoin de perfusions d'insuline sont 2 fois moins susceptibles de mourir que ceux qui n'ont pas besoin d'insuline IV : cela suggère que
  • un meilleur contrôle de la glycémie peut améliorer les résultats chez les patients atteints de COVID et de diabète sévères.
  • Le risque de décès est également plus élevé chez les patients diabétiques, âgés de moins de 70 ans atteints d'insuffisance rénale chronique : leur taux de décès est multiplié par 2,7 vs les patients âgés de moins de 70 ans sans maladie rénale chronique ;
  • la combinaison d'un âge avancé et d'une CRP élevée (marqueur d'inflammation) est liée à un risque de décès multiplié par 3,4. Des niveaux de protéine C réactive plus élevés expriment un degré élevé d'inflammation, ce qui peut éventuellement conduire à une défaillance d'organe ;
  • contrairement à de précédentes études, l'IMC et l'HbA1c n’apparaissent pas corrélés au risque de décès ;
  • de même, aucune association significative n'est observée avec les complications du diabète, autres que les maladies rénales chroniques, ou encore avec l’utilisation de certains types de médicaments contre l'hypertension.

 

Explications :

 

  • les chercheurs expliquent les différences de taux de décès entre les patients diabétiques de type 1 et 2 par le fait que le diabète de type 2 survient généralement chez les personnes âgées et peut s'accompagner d'autres problèmes de santé chronique, ce qui les expose à un risque plus élevé de plus mauvais pronostic.
  • Sur l’impact de la maladie rénale sur les taux de décès : les récepteurs ACE2, qui favorisent l’entrée du virus chez l’hôte, sont régulés à la hausse dans les reins des patients atteints d'insuffisance rénale diabétique. Cela peut conduire à une attaque directe des reins par le virus, ce qui peut entraîner le décès.

 

Un modèle prédictif du pronostic : prises ensemble ces données ont permis depuis aux chercheurs de développer un outil capable de prédire, chez les patients hospitalisés avec COVID, un risque de décès plus élevé. Ces données vont également permettre à d’autres cliniciens d’intervenir au mieux et d’apporter aux patients diabétiques, hospitalisés pour COVID sévère, le traitement le plus approprié.