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COVID-19 : Une trithérapie passe le cap de l’essai clinique de phase II

Actualité publiée il y a 3 années 10 mois 1 semaine
The Lancet
Premières preuves d’innocuité et d’efficacité de la triple thérapie antivirale interféron bêta-1b + lopinavir-ritonavir + ribavirine

Cette nouvelle combinaison de 3 médicaments antiviraux qui passe brillamment le stade de l’essai clinique randomisé de phase II semble prometteuse pour le traitement de COVID-19. Ces premières preuves d’innocuité et d’efficacité de la triple thérapie antivirale interféron bêta-1b + lopinavir-ritonavir + ribavirine, comparée ici aux soins standard ouvrent un très grand espoir aux patients atteints de formes modérées de la maladie. Des données publiées dans le Lancet qui doivent encore être confirmées par des essais cliniques de phase III et chez des patients plus sévèrement malades.

 

Car l’essai clinique de phase II montre, à ce stade, que la trithérapie est sûre et raccourcit aussi la durée de l'excrétion virale par rapport au lopinavir-ritonavir seul, en moyenne à 7 jours vs 12 jours, chez les patients hospitalisés, sous ventilation mais atteints de formes légères à modérées de COVID-19.

3 antiviraux sur 2 semaines apportent un bénéfice cliniquement significatif

Ce constat d’efficacité de combinaisons de plusieurs antiviraux a déjà été documenté dans le traitement de la grippe et on sait que ces combinaisons permettent de minimiser le risque de résistance aux antiviraux. L’équipe de Hong-Kong a donc fait l'hypothèse d’une approche thérapeutique sur le même principe pour COVID-19, une maladie dans laquelle, à l’identique de la grippe, la charge virale culmine également au moment de l'apparition des symptômes.

 

La combinaison parfaite d’antiviraux : il restait en effet à identifier la combinaison parfaite d’antiviraux pour COVID-19 :

  • de précédentes recherches ont montré qu'une combinaison de lopinavir-ritonavir par voie orale (VIH) et de ribavirine (VHC) réduisait de manière significative l'insuffisance respiratoire et la mortalité chez les patients hospitalisés pour un SRAS ;
  • l'interféron bêta-1b, développé pour traiter la sclérose en plaques (SEP), s'est révélé réduire la charge virale et améliorer les problèmes pulmonaires dans des études pré-cliniques menées sur le MERS.

 

Il s’agit ici d’un traitement antiviral de 2 semaines comprenant l’interféron bêta-1b (utilisé dans la SEP), la combinaison lopinavir-ritonavir et la ribavirine, commencé dans les 7 jours suivant l'apparition des symptômes COVID-19. L’essai clinique de phase II a comparé cette trithérapie antivirale au traitement par lopinavir-ritonavir, au total chez 127 adultes COVID-19 randomisés pris en charge dans 6 hôpitaux publics de Hong Kong. Les participants ont été assignés au hasard à 14 jours de trithérapie combinaison de lopinavir-ritonavir oral (400 mg / 100 mg), ribavirine (400 mg) toutes les 12 heures et 3 doses d'interféron bêta-1b injectable (8 millions UI) ou lopinavir-ritonavir seul toutes les 12 heures. Tous les participants ont reçu des soins standard, y compris un soutien de ventilation, de dialyse, antibiotiques et corticostéroïdes. Le nombre moyen de jours entre l'apparition des symptômes et le début du traitement testé était de 5 jours. L’étude montre :

  • une réduction plus rapide de la charge virale : la triple association médicamenteuse a efficacement supprimé la charge virale dans l’écouvillon nasopharyngé dans un délai moyen de 7 jours après le début du traitement vs 12 jours dans le groupe témoin ;
  • d’autres bénéfices secondaires, dont l'amélioration plus rapide des résultats cliniques et une durée raccourcie du séjour à l'hôpital ;
  • l’absence de différence d’effets secondaires entre les 2 bras d’étude et l’absence d’effets secondaires sévères dans le groupe d’intervention notamment.

« Notre essai démontre que ce triple traitement précoce et pour des formes légères à modérées de COVID-19 peut rapidement supprimer la charge virale, soulager les symptômes et réduire le risque de contamination pour les personnels de santé », résume l’auteur principal, le professeur Kwok-Yung Yuen de l'Université de Hong Kong.

 

Les promesses de l'interféron bêta 1-b : ces résultats suggèrent aussi, pour la première fois, que l'interféron bêta 1-b pourrait être un élément clé du traitement combiné et mérite des recherches plus approfondies pour le traitement du COVID-19.

 

C’est donc une étape prometteuse qui vient d’être franchie dans la recherche d'un traitement indispensable pour le SRAS-CoV-2. Cependant, ces résultats précoces n'incluent pas les cas COVID-19 sévères et les auteurs soulignent la nécessité de plus grands essais de phase 3 pour examiner l'efficacité de cette triple combinaison chez les patients plus gravement malades.