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COVID : 3 années de grande surmortalité ?

Actualité publiée il y a 4 mois 3 heures 50 min
BMJ Public Health
De nouvelles données confirmant la « traîne » de mortalité laissée par la pandémie et confirmant la prévalence élevée de ces comorbidités (Visuel Adobe Stock 638693248).

Alors que l’estimation de la prévalence du COVID long atteint les 15 % des personnes ayant développé un COVID, que les médecins identifient toujours de nouvelles complications ou des formes « à rebonds » de la maladie, cette recherche, menée à la Vrije Universiteit (Amsterdam) livre, dans le dans la revue BMJ Public Health, de nouvelles données confirmant la « traîne » de mortalité laissée par la pandémie et confirmant la prévalence élevée de ces comorbidités.

 

Ce sont 3 années de surmortalité élevée en Occident depuis le début de la pandémie, en dépit à la fois des mesures de distanciation sociale qui se sont ancrées depuis 2020, des vaccins aujourd’hui mis à jour en fonction des variantes en circulation, des progrès accomplis dans la prise en charge de la maladie : « de sérieuses raisons de s’inquiéter », écrivent ici les chercheurs.

 

L’étude, une large analyse des données de 47 pays, évalue, avec un peu plus de recul, l’efficacité de la réponse à la crise sanitaire causée par la pandémie de COVID-19 et conclut à des niveaux de mortalité très (trop) élevés. Précisément, l’étude s’est concentrée sur le taux de personnes décédées, toutes causes confondues, entre janvier 2020 et décembre 2022 dans 47 pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, et vs le taux « normalement » attendu dans chacun de ces pays. L’équipe a utilisé une méthode statistique de pointe, permettant d’analyser de grands volumes et historiques de données (modèle de Karlinsky et Kobak). Ce modèle tient compte des variations saisonnières et des tendances annuelles des décès dues aux changements dans la structure de la population. Cette analyse révèle que :

 

  • le nombre total de décès excédentaires dans les pays inclus dans l’analyse s’élève à plus de 3 millions (3 098 456) ;

  • ces décès excédentaires sont signalés par 41 pays (87 %) en 2020, par 42 (89 %) en 2021 et par 43 (91 %) en 2022 ;
  • en 2020, année au cours de laquelle la pandémie de COVID-19 a débuté et où les mesures de distanciation sociale ont été mises en œuvre, 1.033.122 décès excédentaires (11,5 % de plus que prévu) ont été enregistrés ;
  • en 2021, année au cours de laquelle les mesures de confinement et les vaccins COVID étaient mis en œuvre, 1.256.942 décès « excédentaires » ont été signalés ;
  • en 2022, année au cours de laquelle la plupart des mesures de distanciation ont été levées, mais où les vaccins COVID restaient disponibles, les données préliminaires indiquent que 808.392 décès « excédentaires » ont été recensés ;
  • le Groenland est le seul pays sur les 47 à ne signaler aucun décès excédentaire entre 2020 et 2022 ;
  • pour tous les autres pays, la différence en pourcentage entre le nombre de décès déclaré et projeté est la plus élevée dans 13 pays (28 %) en 2020, dans 21 (46 % ) en 2021, et dans 12 (26 %) en 2022.

 

Enfin, on ignore quelle est la part de ces décès excédentaires liée directement l’infection au COVID-19 et la part liée aux mesures de distanciation et leurs conséquences sanitaires (retard et report de soins) : « il est probable que les mesures de confinement ont modifié l’ampleur et la nature de la maladie pour de nombreuses causes de décès notamment en raison d’un recours restreint aux soins de santé mais aussi de bouleversements socio-économiques », écrivent les chercheurs.

 

La recherche jette ainsi la lumière sur une surmortalité qui reste élevée, y compris dans les pays « riches » suggérant une forte inadéquation de la réponse à la pandémie…ce qui suscite de sérieuses inquiétudes-et l’urgence de réévaluer nos politiques et nos plans de préparation aux crises sanitaires.