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COVID et CHIRURGIE : Quel délai respecter entre l'infection et l’intervention ?

Actualité publiée il y a 1 année 6 mois 3 semaines
Anaesthesia
Il serait possible de réduire, si besoin, le délai actuellement recommandé entre l'infection et l’intervention de 7 à 2 semaines (Visuel Fotolia 192281988)

Cette analyse de 3,6 millions de chirurgies de patients en Angleterre, menée par des équipes de différents instituts britanniques (University of Leeds, of Sheffield, University College London and National Health Service England (NHSE)) suggère qu'il est sûr d'opérer des patients 2 semaines après un diagnostic COVID positif, s’ils se sont rétablis. Ces données, présentées dans la revue Anaesthesia indiquent donc qu’il serait possible de réduire, si besoin, le délai actuellement recommandé entre l'infection et l’intervention de 7 à 2 semaines. Avec des implications majeures dans l’organisation des soins.

 

Quelles justifications au délai actuel de 7 semaines ? Il est logique que la prise de décision chirurgicale après une infection par le SRAS-CoV-2 soit influencée par la prolongation d'une comorbidité, des complications de l'infection et plus globalement, l’état de santé du patient. Une précédente étude prospective sur les résultats chirurgicaux après une infection par le SRAS-CoV-2 avait ainsi révélé un risque accru de mortalité postopératoire et de complications pulmonaires jusqu'à 7 semaines après un diagnostic de CIVID. L’étude aboutissait ainsi à un taux de décès de 9,1% dans les 30 jours pour une intervention chirurgicale dans les 2 semaines suivant un test COVID positif. Ce taux redescendait à 2,0% pour une intervention chirurgicale 6 semaines ou plus après un test positif.

 

Et dans les différents pays ? A ce jour, les directives du Royaume-Uni et de l'Allemagne recommandent toujours de différer la chirurgie élective 7 semaines après l'infection par le SRAS-CoV-2. En revanche, de nouvelles directives aux États-Unis recommandent ce report de 7 semaines uniquement chez les personnes non vaccinées. Les directives de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande recommandent une stratification selon la difficulté et « l’ampleur » de la chirurgie, avec un report allant de 4 semaines pour une chirurgie mineure à 12 semaines pour une chirurgie majeure.

Différer, oui mais …

Au-delà du simple retard dans la programmation des interventions, en cas d’épidémie ou de pandémie, le fait de retarder la chirurgie conduit généralement à de moins bons résultats. Il est donc crucial de préciser dans quelle mesure la chirurgie est sûre après l'infection au COVID, avec et sans vaccination.

 

L'étude a analysé les données d’interventions pratiquées en Angleterre entre mars 2018 et mars 2022 chez une cohorte de 3.658.140 patients ayant donc subi une opération. 1.242.180 ont été pratiquées sur des patients âgés en moyenne de 55 ans et vaccinés. L’analyse révèle :

 

  • un taux moyen de mortalité postopératoire à 30 jours de 0,2 % ;
  • un taux moyen de complications postopératoires à 30 jours inférieur à 1 % en période pandémique avec disponibilité des vaccins ;
  • un taux de mortalité pour les interventions chirurgicales effectuées dans les 2 semaines de 1,1 % réduit à 0,3 % en cas d’intervention 4 semaines après le diagnostic ;
  • avant le début de la pandémie de COVID, la mortalité à 30 jours post-opératoire dans cette étude était de 0,1 % donc très légèrement inférieure au taux de mortalité post-opératoire à 30 jours post-pandémiques ;
  • au cours de n'importe quelle fenêtre de 6 mois, prise en compte au cours du suivi de l’étude, moins de 3% des chirurgies ont été effectuées avant le seuil de 7 semaines après un test PCR positif, ce qui suggère que la plupart des hôpitaux s'en sont tenus à ce report de 7 semaines ;
  • une proportion plus élevée de chirurgies d'urgence a dû été réalisée dans les 7 semaines suivant un test SARS-CoV-2 positif, mais ces interventions ne représentent que moins de 3 % des chirurgies d'urgence.

 

Ainsi, l'expérience clinique semble suggérer que, pour toutes les chirurgies électives ou d'urgence sauf les plus urgentes, les cliniciens continuent de reporter les opérations si elles sont programmées dans les 7 semaines suivant l'infection par le SRAS-CoV-2. Si, comme le suggèrent nos données, le risque associé à la chirurgie après une infection par le SRAS-CoV-2 est beaucoup plus faible qu'on ne le pensait auparavant, retarder la chirurgie pourrait causer plus de mal que de bien, en particulier chez les patients qui ont déjà attendu plus ou trop longtemps.

 

Des implications certaines pour l’organisation des soins en cette période de « fin » de pandémie, sauf bien sûr pour les patients à risque très élevé qui, pandémie ou pas, vaccination ou pas, doivent être opérés de toute urgence. Au final, le risque global des patients associé à une chirurgie, suite à une indication d'infection par le SRAS-CoV-2, pourrait être plus faible qu'on ne le pensait. Par ailleurs, pour de nombreux patients, le report de la chirurgie est susceptible d'aggraver les résultats : ainsi, pour la grande majorité des patients,

 

il pourrait « être suggéré que la chirurgie soit retardée de plus de 2 semaines après l'indication d'une infection par le SRAS-CoV-2… »