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COVID et pandémies : Une « smart » surveillance s’impose

Actualité publiée il y a 1 année 5 mois 2 semaines
PNAS
La préparation à une pandémie nécessite une « surveillance intelligente » pour contrer les stratégies virales (Visuel Adobe Stock 81147705)

La préparation à une pandémie nécessite une « surveillance intelligente » pour contrer les stratégies virales plaide cette équipe de virologues de l’Université d'État de l'Ohio. Ces experts proposent, dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, des recommandations, intelligentes,  pour améliorer notre réponse mondiale et globale contre de futures épidémies.

 

L’objectif est une approche mondiale permettant de suivre la propagation virale, des animaux aux humains, de mettre en œuvre une préparation ciblée, de prévoir les plateformes de recherche et de production des médicaments et des vaccins qui seront nécessaires. Avec une priorité déjà évoquée dans de précédentes recherches ou perspectives d’experts, construire une coopération mondiale sur la surveillance et la lutte contre les pandémies.

 

14 experts analysent ici de précédentes pandémies virales, 1918 à la crise du COVID-19, et tirent les retours d’expériences et les enseignements de la façon dont

« le monde a largement échoué à relever le défi d'être mieux préparé à répondre à la pandémie ».

Le constat est largement critique mais se veut constructif et tourné vers l’avenir. Avec un premier postulat : les futures épidémies sont inévitables.

 

L'équipe affirme que le meilleur moyen de réduire les risques d'épidémies et de pandémies généralisées et d'améliorer les perspectives d'une réponse rapide est d'adopter

une approche nommée « One Health » :

en d’autres termes, il s’agit de travailler de manière coordonnée entre les différentes disciplines et de dépasser les barrières administratives à tous les niveaux pour appréhender, de manière globale, les liens entre la santé animale et humaine et l'environnement.

 

Un zoom sur les réservoirs animaux : la virologue et immunologiste de l'Ohio State University, Linda Saif, l’un des auteurs principaux, tire ainsi la sonnette d'alarme sur les virus qui affectent les animaux destinés à l'alimentation. Son équipe avait fourni une expertise très tôt dans la pandémie sur les dangers du SRAS-CoV -2. Dès 1995, elle avait été la première à documenter le passage d'un coronavirus des animaux sauvages au bétail et du bétail à la volaille. La reconnaissance de la transmission inter-espèces des coronavirus des cerfs aux bovins était prémonitoire : en 2021, une équipe de recherche de l'État de l'Ohio avait également montré que le SRAS-CoV-2 pouvait se propager aux cerfs.

 

Les virus ne respectent pas les frontières, et savent s’adapter : « ils ne respectent pas les barrières d'espèces ». Un constat qui plaide en faveur d’une meilleure coordination entre médecine vétérinaire et humaine. Le cas des virus à ARN émergents - dont font partie les coronavirus - sont une cause majeure de transmission de maladies des animaux aux humains et de nouveau aux animaux, et ce débordement inter-espèces permet aux virus d'établir de nouveaux hôtes dans lesquels ils peuvent muter et persister.

 

Les recommandations avancées par ce groupe d’experts sont basées sur les conclusions d'un examen approfondi des données des principales épidémies de virus à ARN intervenues au cours des 50 dernières années et des résultats de recherche publiés avant et pendant la pandémie de COVID-19. Les experts se sont particulièrement intéressés à l'identification des lieux et des moments où des interventions ciblées dans le passé auraient pu bloquer la transmission inter-espèces du virus.

 

  • Les preuves suggèrent fortement que les 2 épidémies de coronavirus du SRAS, en 2003 et 2019, peuvent être attribuées à des coronavirus hébergés au départ chez des chauves-souris qui se sont très probablement propagés à des hôtes animaux intermédiaires dans des fermes ou des marchés fauniques avant d'infecter les humains ;
  • dans le cas du COVID-19, l’hypothèse du marché de Wuhan est plutôt retenue, sur le principe d’une interaction étroite entre les humains et les animaux ;
  • s’impose alors la mise en œuvre d’une surveillance d'alerte précoce dans les endroits où les gens, la faune et les animaux domestiques se mêlent pour détecter les pathogènes zoonotiques à haut risque et éclairer le développement de vaccins et de thérapies à large spectre ;
  • de même l’investissement doit se poursuivre dans la recherche et le développement de diagnostics, d'antiviraux et de vaccins contre les agents pathogènes prioritaires ;
  • le développement de tests cliniques rapides apparaît également prioritaire ;
  • la réduction des facteurs de risque de propagation passe par la réduction des contacts à haut risque entre l'Homme et la faune ;
  • enfin, une information de tous, d’une seule voix sur la prévention et le contrôle des maladies émergentes sur la base de preuves scientifiques doit être mise en œuvre.

 

« One Health » à tous niveaux pour la préparation et la réponse à la pandémie : « cela nécessite une collaboration et une coordination mondiales pour trouver des mesures nous permettant de prévoir, de prévenir, d'atténuer et de contrôler les futures pandémies. Nous savons où les opportunités ont été manquées dans le passé. Nous savons à quelles questions de recherche il faut répondre de toute urgence. Nous devons juste saisir l'opportunité et avoir la conviction de devoir agir sur ces leviers aujourd’hui mieux connus de santé humaine, animale et de notre écosystème ».

 

Ce regard vers un avenir meilleur survient à un moment où le SRAS-CoV-2 continue de provoquer des infections dans le monde entier et circule encore sous forme de variantes virales qui constituent de nouvelles menaces pour la santé humaine.