DÉMENCE frontotemporale : Les émotions morales, un marqueur spécifique du diagnostic
Caractérisées par des troubles du comportement et du langage, les démences fronto-temporales (DFT) représentent environ 20% des maladies neurodégénératives. Cette étude menée par Marc Teichmann et Carole Azuar de l'Institut du cerveau et de la colonne vertébrale à Paris (France) et à l'hôpital Pitié-Salpêtrière montre une altération particulièrement marquée des émotions morales chez les patients atteints de démence fronto-temporale. Ces travaux, présentés dans le Journal of Alzheimer's Disease, ouvrent une nouvelle approche pour le diagnostic précoce, sensible et spécifique de ce type de démence.
La démence frontotemporale est une maladie cognitive et comportementale causée par une dégénérescence des régions antérieures du cerveau. La maladie est caractérisée par des troubles du comportement dont l’apathie progressive, une perte d'intérêt, un retrait social, une perte d'inhibition et un traitement anormal des émotions. C’est sur ce dernier symptôme que se sont concentrés les chercheurs français.
Les « émotions morales » sont définies comme des « expériences affectives favorisant la coopération et la cohésion de groupe »
Ces émotions comprennent des émotions telles que l'admiration, la honte ou la pitié. Elles se distinguent des autres émotions en ce sens qu’elles sont étroitement liées au contexte culturel, aux règles morales et aux représentations morales innées. Dans le contexte de la DFT, qui se caractérise principalement par une altération du comportement et des interactions sociales, l’étude de cet ensemble particulier d’émotions a permis de mieux comprendre la maladie et d’identifier un nouveau marqueur de diagnostic.
Une altération de la compréhension d'autrui : précisément ces patients ont une capacité réduite à comprendre les états mentaux d’autrui : ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils aiment ... Cette déficience affecte également un type spécifique d'émotions appelées émotions morales, essentielles aux interactions humaines.
Un test d’évaluation des émotions morales a été mis au point par l’équipe. Ce test est composé de 42 scénarii pour lesquels le sujet doit sélectionner, sur 4 possibilités de réponse, le sentiment qu’il éprouverait dans la même situation. Lorsque les chercheurs comparent le score de 22 patients atteints de DFT, de 15 patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de 45 sujets sains (témoins), ils constatent que, chez les patients atteints de DFT, les émotions morales sont beaucoup plus altérées que les autres émotions. En revanche, les patients atteints de la maladie d'Alzheimer ne présentent aucune déficience quant à ces émotions, par rapport aux témoins.
Un marqueur précoce, sensible et spécifique de la DFT : l’étude montre ainsi une altération particulièrement profonde des émotions morales chez ces patients et suggère que cette altération pourrait être un marqueur précoce de diagnostic de la maladie.
Et encore plus intéressant, cette altération pourrait permettre de distinguer les patients atteints de DFT d’autres types de démences, et en particulier de la maladie d’Alzheimer.
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