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DÉPRESSION : Et si le manque de sommeil contribuait à l'expliquer ?

Actualité publiée il y a 5 mois 1 semaine 4 jours
Translational Psychiatry
Un sommeil non-optimal est associé au développement des symptômes dépressifs (Visuel Adobe Stock 182955992)

Le manque constant de sommeil lié au développement de symptômes dépressifs, c’est le nouveau signal d’alarme lancé par cette équipe de l’University College London (UCL) qui décrit, dans la revue Translational Psychiatry dans quelle mesure un sommeil non-optimal est associé au développement des symptômes dépressifs, et plus largement, qui contribue à expliquer la relation entre la génétique, le sommeil et les symptômes dépressifs.

 

Moins de 5 heures par nuit apparaît ici comme la limite à ne pas franchir,

même si le lien entre le sommeil et la maladie mentale est plus complexe. De plus la question se pose à nouveau de la relation causale : l’auteur principal, Odessa S. Hamilton chercheur à l’Institut d’épidémiologie et de soins de santé de l’UCL rappelle : « nous avons ce scénario de la poule ou de l’œuf entre une durée de sommeil insuffisante et la dépression, 2 situations qui se produisent fréquemment simultanément ». Cependant, ici, en utilisant les données de susceptibilité génétique aux maladies, les chercheurs montrent que le manque de sommeil précède les symptômes dépressifs, plutôt que l’inverse.

 

L'étude analyse les données de 7.146 personnes âgées en moyenne de 65 ans participant à l’English Longitudinal Study of Aging (ELSA), une étude représentative à l’échelle de la population, en Angleterre. Les chercheurs ont évalué la force de la prédisposition génétique des participants à développer une dépression et un sommeil court ou long. L’analyse révèle que :

 

  • dans l’ensemble, les participants dormaient en moyenne 7 heures par nuit ;
  • plus de 10 % dormaient moins de 5 heures par nuit au début de la période d'étude, plus de 15 % à la fin de la période d'étude ;
  • au cours du suivi, 8,75 à 11,47 % des participants ont été diagnostiqués avec dépression ;
  • les personnes ayant une prédisposition génétique plus forte à un sommeil court soit moins de 5 heures par nuit sont aussi plus susceptibles de développer des symptômes dépressifs sur une période de 4 à 12 ans ;
  • les personnes ayant une plus grande prédisposition génétique à la dépression ne présentent pas, en revanche, de prédisposition à un sommeil plus court. La durée du sommeil et la dépression sont en partie héritées d’une génération à l’autre, précisent les auteurs. De précédentes études menées sur des jumeaux ont suggéré que la dépression est héréditaire à hauteur de 35 % du risque et que les différences génétiques pourraient expliquer 40 % de la variance de la durée du sommeil.

 

 « Les durées de sommeil courtes et longues, ainsi que la dépression, contribuent largement au fardeau de santé publique pour sa partie héréditaire. On pense que les scores polygéniques, soit la propension génétique d’un individu à un trait, sont essentiels pour commencer à comprendre la nature de la durée du sommeil et des symptômes dépressifs ».

 

Des associations non génétiques ? Des sous-analyses visant à étudier la robustesse de ces résultats, ont également permis d’examiner les associations non génétiques entre les symptômes dépressifs et la durée du sommeil. Ces analyses révèlent que :

 

  • les personnes qui dorment 5 heures ou moins par jour sont 2,5 fois plus susceptibles de développer des symptômes dépressifs ;

  • les personnes présentant des symptômes dépressifs ont un risque accru de plus de 30 % de souffrir d'un sommeil court ;
  • ces conclusions valent après ajustement avec les facteurs de confusion possibles, tels que l'éducation, les revenus, le tabagisme, l'activité physique et les maladies de longue durée.

 

Il existe également un lien entre dormir « trop » longtemps et développer des symptômes dépressifs, les participants dormant plus de 9 heures étant 1,5 fois plus susceptibles de développer des symptômes dépressifs que ceux qui dorment en moyenne 7 heures.

Cette relation entre un sommeil sous-optimal et la dépression semble se renforcer avec l'âge

Il existe donc un besoin croissant de mieux comprendre le mécanisme qui relie la dépression et le manque de sommeil.

 

Cette étude jette ainsi les bases de futures recherches sur la relation complexe entre la génétique, le sommeil et les symptômes dépressifs.

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