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DÉVELOPPEMENT: Les pleurs de l'enfant aiguisent notre flexibilité cognitive

Actualité publiée il y a 7 années 11 mois 1 jour
PLoS ONE

Qui n’a pas ressenti une émotion toute particulière à l’écoute de pleurs ou de cris d’un bébé ? Une émotion telle qu’elle peut interrompre toute tâche cognitive en cours. Cette étude de l’Université de Toronto qui tente de décrypter l’effet des différentes formes de vocalisation du nourrisson sur la cognition de l’adulte montre que cet instinct, parental, implique les processus neuronaux mêmes que nous mobilisons pour prendre des décisions. Des conclusions, présentées dans la revue PLoS ONE qui suggèrent que ce conflit cognitif va nous aider, nous-autres adultes et parents, à développer notre flexibilité cognitive.

L'étude a porté, plus largement sur les vocalisations, cris, rires et pleurs de l'enfant que des participants adultes ont été invités à écouter par l'intermédiaire d'enregistrements, alors qu'ils devaient effectuer une tâche cognitive. La tâche en question (dite tâche de Stroop) consiste à identifier rapidement la couleur d'un mot imprimé tout en ignorant le sens du mot lui-même. L'activité cérébrale est mesurée durant la tâche par électroencéphalogramme (EEG), la tâche cognitive étant effectuée 2 secondes juste après l'écoute de la vocalisation infantile.


L'analyse des données cérébrales révèle que lorsque l'enfant pleure, l'attention du participant adulte est réduite durant la tâche et le « conflit cognitif », matérialisé par le temps d'exécution de la tâche est bien plus élevé que lorsque l'enfant rit. Or ce temps de traitement des conflits cognitifs est important parce qu'il contrôle l'attention, l'une des fonctions exécutives les plus élémentaires et nécessaires pour la prise de décision.

Les pleurs de l'enfant interfèrent en pratique avec les autres sollicitations quotidiennes de l'attention des parents, et peuvent jusqu'à interrompre cette attention des parents alors au milieu d'une tâche. Une sollicitation profonde et pourtant les adultes parviennent bien, dans cette situation, du moins la majorité du temps, à rester calmes et concentrés, à interrompre leur tâche pour s'occuper de l'enfant. Bref, les pleurs des bébés vont créer une sorte de commutation dans le contrôle cognitif des parents, qui va répondre efficacement aux besoins affectifs de leur enfant tout en répondant aux autres exigences de la vie quotidienne.

Pleurs de l'enfant et flexibilité cognitive : ainsi, le conflit cognitif dans le cerveau, induit par les pleurs de l'enfant, permet aussi aux parents de développer une fonction importante, soit concentrer leur attention de manière plus sélective. Les auteurs parlent de « flexibilité cognitive », une fonction exécutive supérieure qui permet aux parents de « switcher » rapidement de la réponse à la détresse de leur bébé aux autres exigences concurrentes de la vie quotidienne- ce qui peut aussi signifier en pratique d'ignorer l'enfant momentanément. Ce qui pose la question des mères qui n'ont pas la capacité de répondre avec sensibilité aux cris de leur enfant.

La place privilégiée de l'enfant dans notre programmation neurobiologique : finalement le bébé et l'enfant occupent un statut privilégié dans notre programmation neurobiologique et vont nous pousser aussi à évoluer et développer notre fonction cognitive adaptative.

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