GRIPPE AVIAIRE : Le retour ?

Le Réseau mondial de virologie (Global Virus Network - GVN) lance un appel urgent à l'action pour atténuer la menace croissante de la grippe aviaire H5N1. Cette analyse épidémiologique et virologique complète, publiée dans le Lancet Regional Health—Americas plaide en faveur d'une initiative multi gouvernementale pour faire face au retour de la grippe aviaire H5N1 en renforçant la surveillance, en mettant en œuvre des mesures de biosécurité et en se préparant à une éventuelle transmission interhumaine.
Le GVN rassemble des experts et virologues de 80 centres d'excellence dans plus de 40 pays. Sa mission est d’évaluer en continu le contexte des infections à H5N1 « pour une prévention et une réponse efficaces », explique l’un des auteurs principaux, le Dr Sten H. Vermund, médecin-chef du GVN et doyen de l'Université de Floride du Sud.
« La capacité du virus à infecter les animaux et les humains, combinée aux récentes modifications génétiques, souligne
l'importance d'une surveillance proactive et de mesures de réponse rapide ».
Le bilan actuel fait état d’une épidémie ayant touché près de 1.000 troupeaux de vaches laitières mais aussi de plus de 70 cas humains, dont un 1er décès confirmé aux États-Unis.
Le virus grippal hautement pathogène circule désormais dans les 50 États américains et au Canada, et aurait entraîné, ces 3 dernières années, la perte ou l'abattage de plus de 168 millions de volailles aux États-Unis.
La transmission interhumaine n’est pas documentée,
cependant, ces experts avertissent que les mutations et les réassortiments du virus, ou la combinaison de 2 virus grippaux, pourraient accroître sa transmissibilité.
La surveillance génomique est essentielle pour suivre l'évolution virale et éclairer les stratégies de réponse, dont, au premier chef, la préparation aux pandémies, en s'appuyant sur les retours d’expériences tirés de la pandémie de SRAS-CoV-2 (COVID) et des précédentes épidémies.
Face à ce nouveau contexte, ces virologues experts préconisent une approche multidimensionnelle de la préparation aux pandémies, dont :
- une surveillance renforcée des animaux, notamment par des analyses du lait et des eaux usées, ainsi que des personnes travaillant avec des animaux infectés, afin de suivre l'évolution du virus susceptible d'entraîner une transmissibilité interhumaine ;
- le partage accéléré des données génomiques pour suivre l'évolution du virus et sa transmission spatiale, et favoriser ainsi la collaboration entre les réseaux de recherche mondiaux ;
- l’amélioration de la biosécurité des exploitations agricoles avec, notamment, l’utilisation d'équipements de protection individuelle (EPI) et de protocoles stricts de nettoyage des exploitations afin de réduire au maximum l'exposition humaine et de prévenir la propagation du virus ;
- la planification de la préparation pour le déploiement des tests de diagnostic auto-administrés pour les travailleurs agricoles, soutenus par un accès aux soins de santé pour le personnel médical de première ligne, afin d'améliorer la détection précoce ;
- le renforcement des infrastructures de santé publique, en particulier dans les régions à haut risque, afin de mieux gérer les épidémies ;
- l’investissement dans la prédiction des phénotypes des virus de la grippe aviaire à partir de données génétiques ;
- l’investissement dans le développement rapide de vaccins ;
- la planification du déploiement des vaccins et des traitements ;
- l’accélération des études cliniques permettant d’évaluer les propriétés clés des nouvelles souches pandémiques, d’évaluer les nouveaux vaccins et traitements, et de soutenir les efforts de modélisation.
- le renforcement des mesures de biosécurité en milieu agricole ;
- la sensibilisation du public à la manipulation sûre des produits avicoles et aux risques potentiels liés au contact avec des animaux infectés.
Enfin, les chercheurs insistent sur
« la circulation croissante du virus H5N1.
Il est crucial de renforcer la surveillance aux interfaces animal-humain, car les efforts de surveillance actuels sont insuffisants pour orienter des stratégies de prévention efficaces ».
« La situation liée au virus H5N1 exige une vigilance et une collaboration accrues entre les différents secteurs de la santé publique. Une détection précoce et une surveillance rigoureuse sont essentielles pour prévenir toute propagation ».