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INFARCTUS : Le stress déclencheur de seconde crise cardiaque ?

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 6 jours
ACC.20 / WCC
La détection et la gestion du stress doivent être mises en oeuvre dans la surveillance des patients post-infarctus pour la prévention des récidives

Oui, le stress peut suffire à déclencher une deuxième crise cardiaque confirme cette recherche d’une équipe de l'Université Emory (Atlanta). Ces conclusions, présentées durant les Sessions scientifiques de l'American College of Cardiology et du Congrès mondial de cardiologie (ACC.20 / WCC) ont une implication essentielle : la détection et la gestion du stress doivent être mises en oeuvre dans la surveillance des patients post-infarctus pour la prévention des récidives.

 

Le stress est omniprésent dans nos vies, en particulier durant cette pandémie COVID-19. Viennent s’ajouter à la crainte de l’infection, les difficultés financières, les problèmes d’organisation professionnelle, les problèmes relationnels, mais aussi les comorbidités et les antécédents d’événements cardiovasculaires. Pour certains « survivants » de la crise cardiaque, il semble que le stress mental puisse être un prédicteur majeur de risque de récidive.

Le stress psychologique peut réellement affecter les résultats des patients cardiaques

 

Les tests de stress habituels consistent en des exercices sur tapis roulant ou en la prise d’un médicament qui accélère le cœur comme la pratique de l'exercice. Ces tests permettent de vérifier le flux sanguin vers le cœur et évaluer le risque de problèmes cardiaques. Ces cardiologues de l'Université Emory regardent ici si l'ischémie myocardique (le flux sanguin vers le cœur est réduit de telle sorte que le muscle cardiaque ne reçoit pas suffisamment d'oxygène) induite par le stress mental est associée à des résultats spécifiques chez les survivants d’une crise cardiaque.

 

L'ischémie myocardique induite par le stress mental, facteur de risque majeur : l’étude est menée auprès de 300 participants âgés en moyenne de 61 ans, hospitalisés pour une crise cardiaque au cours des 8 mois précédents. Tous les participants ont subi 2 types de tests de «stress» pour examiner le flux sanguin vers le cœur : des tests de stress mental et des tests de stress conventionnels (pharmacologique ou exercice). Les patients ont été suivis pendant environ 3 ans pour le critère d'évaluation principal, soit la survenue d'une nouvelle crise cardiaque ou d’un décès de cause cardiovasculaire. L'ischémie a été définie comme une nouvelle perturbation ou une aggravation de la circulation sanguine vers le cœur et a été évaluée à l'aide de l'imagerie cardiaque.

L’analyse montre que les participants qui ont déjà subi une ischémie myocardique avec stress mental présentent un risque multiplié par 2 de deuxième ou nouvelle crise cardiaque ou de décès de cause cardiaque, par rapport à ceux qui n’ont jamais subi d'ischémie cardiaque induite par le stress mental. Précisément,

  • l'ischémie myocardique induite par le stress mental est survenue chez 16% des patients,
  • l'ischémie conventionnelle chez 35%, ce qui suggère que l'ischémie traditionnelle due à l'exercice ou au stress induit par les médicaments est plus courante.
  • Durant les 3 années de suivi, 10% des patients ont eu une autre crise cardiaque et 2 sont décédés de causes cardiaques ;
  • l'incidence d’une nouvelle crise cardiaque ou du décès d'origine cardiovasculaire a plus que doublé chez les patients souffrant d'ischémie induite par le stress mental par rapport aux participants exempts d’ischémie liée au stress mental, survenant respectivement chez 20% et 8% des patients.

 

Ces données confirment l’effet notable du stress psychologique, de réduction du flux sanguin

vers le cœur ce qui accroît le risque de récidive chez ces patients : « une telle réduction du flux sanguin, lorsqu'elle se produit dans la vie réelle, pourrait en effet déclencher une crise cardiaque ou de graves troubles du rythme cardiaque », commente le chercheur.

 

Une ischémie myocardique provoquée par le stress mental est donc un indicateur fort du risque de récidive. « Et cet indicateur est plus significatif que les tests de stress conventionnels », précise l’auteur principal, le Dr Viola Vaccarino, professeur de recherche cardiovasculaire à Emory : « Ces données montrent l'effet important que le stress psychologique peut avoir sur le cœur et sur le pronostic des patients atteints de maladies cardiaques. Le stress psychologique, qui n'est pas spécifiquement abordé dans les directives cliniques actuelles, peut réellement affecter les résultats des patients cardiaques. »

 

Prendre en compte le stress psychologique chez les patients cardiaques va permettre de mieux évaluer le risque de crises cardiaques récurrentes ou de décès cardiaque et donc de prévenir ces risques par des interventions de gestion du stress.

Les chercheurs vont poursuivre sur un échantillon plus large et une durée de suivi plus longue pour déterminer s'il existe des sous-groupes spécifiques de patients particulièrement à risque de résultats indésirables en cas d’’ischémie liée au stress mental.