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LONGÉVITÉ : Le transcriptome livre de nouveaux composés anti-âge

Actualité publiée il y a 5 années 2 mois 4 semaines
Scientific Reports
Ces chercheurs sont parvenus à identifier des signatures transcriptomiques du vieillissement et des médicaments « humains » capables de les inverser.

Cette équipe de la biotech Gero (Moscou, Singapour) est à la recherche de nouveaux médicaments pour augmenter la durée de vie et retarder le développement des maladies chroniques liées à l’âge. Ces chercheurs sont parvenus avec leurs collègues russes et américains à identifier des signatures transcriptomiques du vieillissement et des médicaments « humains » capables de les inverser. Leurs travaux, présentés dans les Scientific Reports, suggèrent ainsi que le vieillissement pourrait ainsi être retardé, par un certain nombre de médicaments, dont certains déjà approuvés par l’Agence américaine FDA.

 

Les scientifiques de Gero, du Skolkovo Institute of Science and Technology (Skoltech) et de l’Institute of Physics and Technology (MIPT, Moscou), et de l'Université de l'Arkansas pour les sciences médicales (UAMS) ont travaillé sur C.elegans, un ver rond et l'un des modèles les plus étudiés de la planète. Chez les organismes multicellulaires, son génome a été le premier à être séquencé et son millier de cellules caractérisées par des biologistes. Ces nématodes ont normalement une durée de vie de 15 à 25 jours, ce qui en fait un organisme modèle pratique pour les recherches sur le vieillissement. Cependant, leur durée de vie peut être presque multipliée par 10 avec l’introduction d’une mutation dans un seul de ses gènes. Mais ce principe d’extension peut-il être répliqué de manière thérapeutique, idéalement avec les médicaments déjà approuvés, et chez l’Homme ?

Agir sur le taux de vieillissement sans thérapie génique ?

Pour répondre à cette question, l’équipe a analysé des données sur l'activité des gènes de nématodes ayant une grande variété de durées de vie, à différents âges. Des techniques d'apprentissage automatique ont permis d’analyser ces résultats expérimentaux et les comparer à des données déjà disponibles. Le jeu de données résultant de ces travaux, appelé « MetaWorm » a permis de décrypter la structure des changements transcriptomiques qui accompagnent le vieillissement des nématodes. Il s'est avéré qu'au niveau moléculaire, le processus de vieillissement chez les nématodes se déroule toujours de la même manière et que toutes les différences observées dans la durée de vie semblent refléter les modifications du taux de vieillissement.

 L’équipe s’est donné le défi d’obtenir des effets similaires sans thérapie génique et à l’aide de médicaments existants. Pour tester cette hypothèse, ils utilisent la carte de connectivité (CMAP : Connectivity Map) créée par des scientifiques du Broad Institute de MIT et de Harvard. La CMAP contient des informations sur l'effet de presque tous les médicaments approuvés par la FDA sur l'activité des gènes dans les cellules humaines. Les chercheurs ont donc recherché des médicaments modifiant l'expression des gènes humains de manière à contrer les modifications liées à l'âge, observées pour les gènes correspondants des nématodes.

 

10 candidats de la base CMAP semblent agir sur les gènes dans la direction souhaitée. Six de ces médicaments avaient déjà été documentés pour leur potentiel anti-âge, 4 n’avaient jamais été étudiés auparavant dans ce contexte. L'expérience confirme que tous ces candidats ralentissent le vieillissement des nématodes, à des degrés divers cependant. Le composé le plus efficace permet de prolonger de 30% la durée de vie des nématodes.

 

Des implications scientifiques et pratiques pour la recherche sur le vieillissement et la longévité :

  • l’étude démontre que le vieillissement (des nématodes) est partiellement programmé et peut être modifié de manière pharmacologique ; ceci pourrait également être le cas pour d'autres organismes multicellulaires, dont l'Homme ?
  • l’équipe propose une nouvelle méthode de recherche de composés prolongeant la vie. La procédure habituelle implique le criblage laborieux de grandes banques de médicaments potentiels. La nouvelle méthode permet une recherche ciblée -à partir de signatures transcriptomiques opposées à celles observées pour le vieillissement - de composés induisant l'activité requise sur les gènes « du vieillissement », y compris parmi les médicaments approuvés par la FDA. Ces derniers présentant l'avantage d’avoir déjà passé tous les essais cliniques nécessaires.

 

Enfin, l’identification de médicaments en santé humaine sélectionnés pour leurs signatures transcriptomiques efficaces contre le vieillissement du nématode, suggère que le profil d’expression du vieillissement est conservé, au moins partiellement, entre l’Homme et les nématodes...