MALADIE CARDIOVASCULAIRE : Et l'égalité de traitement pour les femmes ?
Ces experts appellent à travailler de manière urgente à réduire le fardeau mondial des maladies cardiovasculaires chez les femmes et proposent, dans le Lancet, plusieurs recommandations pour améliorer les résultats cardiovasculaires des millions de femmes à risque élevé dans le monde. Ce tout premier rapport mondial révèle en effet les disparités de traitement des maladies cardiovasculaires (MCV), trop souvent négligées chez les femmes. Pourtant les MCV restent la principale cause de décès. Ces données ont également été présentées à la 70è Session scientifique de l'American College of Cardiology.
17 experts de premier plan en santé cardiovasculaire, de 11 pays, se sont engagés à réduire le fardeau mondial des maladies cardiovasculaires qui pourraient, sans action immédiate, représenter 35% des décès de femmes dans le monde d'ici 2030. Leurs recommandations visent à lutter contre les inégalités en matière de diagnostic, de traitement et de prévention cardiovasculaires chez les femmes, avec un effort tout particulier des professionnels de santé, en matière de détection précoce. Car l’état des lieux actuel montre que « les maladies cardiovasculaires chez les femmes restent sous-étudiées, sous-reconnues, sous-diagnostiquées et sous-traitées dans le monde », relève l’un des experts de la Commission, le Dr Roxana Mehran, du Mount Sinai Medical Center (New York).
Sous-étudiées, sous-reconnues, sous-diagnostiquées et sous-traitées dans le monde
Un fardeau mondial sous-estimé : le bilan révèle d’abord l’ampleur de ce fardeau, et l’urgence d’agir pour le réduire :
- en 2019, la prévalence des maladies cardiovasculaires atteignait 275 millions de femmes dans le monde, soit 6.402 cas pour 100.000 ;
- la principale cause de décès par MCV est la cardiopathie ischémique (47% des décès par MCV), suivie de l'AVC (36% des décès) ;
- il existe des différences géographiques considérables avec une prévalence plus élevée en Égypte, en Iran, en Iraq, en Libye, au Maroc et aux Émirats arabes unis, une prévalence plus faible en Bolivie, Pérou, Colombie, Équateur et Venezuela ;
- la prévalence des MCV chez les femmes diminue doucement (de 4,3% depuis 1990), cependant certains pays connaissent une augmentation considérable des MCV chez les femmes, dont la Chine, l'Indonésie et l’Inde. Des augmentations qui suggèrent la nécessité de développer des initiatives dans ces pays très peuplés ;
- les taux de mortalité par MCV les plus élevés sont recensés en Asie centrale, en Europe de l'Est, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Océanie et en Afrique centrale subsaharienne (> 300 décès pour 100.000 femmes) ;
Principaux facteurs de risque de MCV chez les femmes (Voir visuel ci-dessous) :
- l'hypertension artérielle est le premier facteur de risque,
- suivi par l’indice de masse corporelle élevé (IMC) élevé ;
- un taux de cholestérol LDL élevé ;
- des facteurs de risque spécifiques au sexe (ménopause précoce, complications de la grossesse…) ;
- des facteurs sociaux (chômage avec anxiété, dépression, socio-économique et culturel, pauvreté…)
Les experts relèvent que les femmes sont plus susceptibles de souffrir de disparités en matière de santé, et notamment de santé cardiovasculaire, en raison de facteurs sans rapport avec la santé ou le mode de vie, tels que des facteurs culturels, politiques ou socio-économiques.
Des interventions urgentes ciblées chez les femmes : ici, les auteurs relèvent que ces interventions devraient être ciblées chez les femmes de milieux ou pays les plus pauvres, mais ne devraient pas négliger également les jeunes femmes, un groupe qui montre de fortes augmentations d’incidence des crises cardiaques- et du tabagisme. Parmi les recommandations :
- accroître les connaissances scientifiques et médicales sur les différences liées au sexe dans le traitement et l'amélioration des résultats chez les femmes ;
- améliorer la représentation des femmes dans les essais cliniques sur les maladies cardiovasculaires ;
- améliorer la détection précoce des MCV chez les femmes ;
- améliorer l’information des femmes sur les symptômes et les conduites à tenir ;
- intégrer le suivi cardiaque au suivi obstétrique ;
Renforcer les services de santé et les soins cardiovasculaires pour les femmes constituerait un pas important vers l’équité, la justice sociale et le développement durable, concluent les experts.
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