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MALADIE PARODONTALE : Un nouveau gel contre l’inflammation buccale

Actualité publiée il y a 1 année 3 jours 22 heures
Cell Reports
Ce nouveau gel utilisable à domicile pourrait contribuer à bloquer les « mauvaises » bactéries buccales (Visuel Adobe Stock 497290066)

De plus en plus d’études corrèlent la maladie gingivale ou parodontale à d’autres maladies, dans le corps, elles-aussi caractérisées par l’inflammation. Cette équipe du College of Dentistry de l’Université de New York a développé un gel qui traite la maladie gingivale en réduisant l'inflammation. Cette nouvelle thérapie topique ciblée, présentée dans les Cell Reports et utilisable à domicile et pourrait contribuer à bloquer, plus simplement, la croissance des « mauvaises » bactéries buccales.

 

La maladie des gencives ou parodontite ou maladie parodontale est l'une des maladies inflammatoires les plus répandues, affectant près de la moitié des adultes de 30 ans et plus. Elle est marquée par trois composantes : l'inflammation, un déséquilibre des bactéries malsaines et saines dans la bouche, et la destruction des os et des structures qui soutiennent les dents. Une maladie des gencives non contrôlée peut entraîner des gencives douloureuses et saignantes, des difficultés à mâcher et la perte de dents.

 

Il n’existe aucun traitement définitif pour les maladies parodontales, permettant, simultanément, de réduire l'inflammation, de rééquilibrer le microbiome buccal et de prévenir la perte osseuse. Il existe donc un besoin considérable de traitements plus efficaces et plus pratiques, relève l’auteur principal, Yuqi Guo, chercheur en pathobiologie moléculaire.

 

Le mécanisme d’action du nouveau gel est le blocage du récepteur du succinate,

le blocage de ce récepteur contribuant à supprimer l'inflammation et rééquilibrer le microbiome buccal. L’équipe newyorkaise démontre, in vitro sur des cellules humaines et des échantillons de plaque et in vivo, chez la souris, modèle de gingivite, l’efficacité de ce gel non invasif à lutter contre les maladies des gencives, et peut-être contre les maladies, plus systémiques, auxquelles elles ont été corrélées.

 

Le récepteur du succinate, un déclencheur de la maladie ?  De précédentes recherches ont établi un lien entre l'augmentation du succinate - une molécule produite au cours du métabolisme - et les maladies des gencives, avec des niveaux de succinate plus élevés associés à des niveaux d'inflammation plus élevés. La même équipe avait déjà découvert, en 2017, que des niveaux élevés de succinate activent le récepteur du succinate et stimulent la perte osseuse. Ces découvertes avaient déjà désigné ce récepteur telle une cible prometteuse pour contrôler l'inflammation et la perte osseuse, et dans l’idéal, stopper la progression de la maladie parodontale.

 

Un lien démontré entre le succinate et la maladie parodontale : aujourd’hui, les chercheurs démontrent ce lien, in vitro et in vivo :

 

  • sur des échantillons de plaque dentaire d'humains et des échantillons de sang de souris, des niveaux de succinate plus élevés sont retrouvés en cas de maladie des gencives ;
  • le récepteur du succinate, exprimé naturellement dans les gencives humaines et de souris, l’est beaucoup plus en cas de maladie des gencives ;
  • des souris modèles de maladie des gencives mais génétiquement modifiées pour être privées de ce récepteur, développent des niveaux réduits d'inflammation à la fois dans le tissu gingival et dans le sang, leur perte osseuse est également restreinte ;
  • les souris atteintes de maladies des gencives présentent enfin un plus grand déséquilibre dans leur microbiome buccal, vs souris sans récepteur du succinate;
  • l’administration de succinate aux deux types de souris, aggrave la maladie des gencives chez les souris normales mais pas chez les souris génétiquement transformées. Sans récepteur du succinate, elles sont protégées contre l'inflammation, l'augmentation des bactéries malsaines et la perte osseuse.

 

L’étude apporte ainsi de nouvelles preuves que des niveaux de succinate et de récepteur du succinate élevés constituent un moteur de la maladie parodontale.

 

Vers un nouveau traitement ? On l’aura compris, le blocage du récepteur succinate pourrait apaiser la la maladie des gencives. D’où la formulation de ce gel qui cible le récepteur succinate et l'empêche d'être activé :

 

  • sur des cellules gingivales humaines, le composé réduit l'inflammation et les processus qui conduisent à la perte osseuse ;
  • appliqué sous forme de gel topique sur les gencives de souris modèles de maladie des gencives, le gel réduit l'inflammation locale et systémique et la perte osseuse en quelques jours ;
  • les souris traitées avec le gel présentent également des changements significatifs dans les communautés bactériennes buccales, et notamment des niveaux inférieurs de bactéries Bacteroidetes, des pathogènes connus pour être dominants dans les maladies des gencives.

 

« Les traitements actuels des gencives peuvent être invasifs et douloureux. Dans le cas des antibiotiques, qui peuvent aider temporairement, ils tuent à la fois les bonnes et les mauvaises bactéries, perturbant le microbiome buccal. Ce nouveau composé qui bloque le récepteur du succinate a une valeur thérapeutique claire pour le traitement des maladies des gencives grâce à son processus d'action mieux ciblé et son mode d'utilisation plus pratique ».