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ORGANOÏDES : Le plus petit foie du monde ?

Actualité publiée il y a 2 jours 2 heures 56 min
Nature
C’est une avancée considérable dans le développement des organoïdes, ces organes miniatures qui permettent d’étudier, plus simplement, des maladies ou des processus associés à ces organes (Visuel Adobe Stock 1331367027)

C’est une avancée considérable dans le développement des organoïdes, ces organes miniatures qui permettent d’étudier, plus simplement, des maladies ou des processus associés à ces organes. Ces scientifiques de l’Université Keio (Japon) sont parvenus à développer des organoïdes hépatocytaires, ou modèles miniatures de foie, qui sont fonctionnels, c’est-à-dire, reproduisent tout le spectre des fonctions complexes du foie. Cette méthode qualifiée de « révolutionnaire » pourrait permettre d’ouvrir une nouvelle ère de médicaments et de thérapies régénératives pour les maladies du foie.

 

Car ces organoïdes hépatocytaires différenciés reproduisent la complexité du foie, et sont en particulier dotés de réseaux de petits canaux permettant le passage de l'acide biliaire, à la manière des tissus humains.

 

L’objectif ultime était ici de 

pouvoir reproduire la complexité du foie, ses multiples fonctions, sa dépense énergétique, la croissance et la survie de ses hépatocytes.

 

L’étude permet de générer des organoïdes hépatocytaires à partir d'hépatocytes adultes humains cryoconservés, prélevés directement sur des patients. Le traitement par l'oncostatine M, une protéine de signalisation impliquée dans l'inflammation, a permis :

  • une prolifération des hépatocytes 1 million de fois supérieure à celle atteinte lors de précédentes recherches 

et qui n'avaient observé qu'une faible croissance cellulaire ;

  • les organoïdes formés ont continué à croître pendant 3 mois et ont survécu 6 mois sans perdre leur capacité de différenciation.

 

Une nouvelle méthode d'induction de la différenciation explique ces résultats : à l'aide d'hormones régulant les fonctions hépatocytaires, les chercheurs sont parvenus à doter les organoïdes de toutes les fonctions hépatiques majeures, avec notamment la production du glucose, de l'urée, des acides biliaires, du cholestérol et du triglycérol. La sécrétion de certains composés, comme l'albumine – une protéine présente dans la circulation sanguine et qui maintient l'équilibre osmotique – a également dépassé les niveaux précédemment atteints, soit des niveaux comparables à ceux des hépatocytes du corps humain. Enfin, ces hormones ont permis la formation de réseaux de petits canaux permettant le passage des acides biliaires.

 

La découverte du rôle de l'oncostatine M, une enzyme connue comme impliquée dans la prolifération cellulaire, au rôle clé dans le développement des organoïdes représente une avancée majeure, expliquent les chercheurs : « Nous ne connaissons que quelques molécules capables de libérer le potentiel des cellules souches à se transformer en organoïdes et à proliférer. Celle-ci est inédite et ouvre de larges perspectives pour le développement de nouveaux types d'organoïdes ».

 

Des organoïdes pour la régénération hépatique aussi ? Lorsque l'équipe injecte ces nouveaux organoïdes d'hépatocytes humains à des souris dont le système immunitaire est affaibli et dont le foie est dysfonctionnel, les nouvelles cellules remplacent les cellules hépatiques des souris dysfonctionnelles et restaurer la fonction hépatique.

 

Le foie est l'un des organes les plus recherchés pour les greffes mais sa disponibilité est limitée car il se dégrade rapidement après prélèvement et doit être greffé très rapidement. Il est probable que la transformation de cellules en organoïdes pourrait relancer la capacité de prolifération cellulaire et permettre des thérapies de régénération.

 

« Pour régénérer un foie humain, la croissance d'organoïdes doit atteindre des milliards de cellules, car le corps humain est plus volumineux. Mais si nous parvenons à ce taux de croissance, l’approche pourrait changer la donne pour les patients en attente de greffe ».

 

Quoiqu’il en soit, ces organoïdes vont déjà constituer de meilleurs modèles pour les maladies du foie.