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PARODONTITE : Ces sentinelles cachées dans nos gencives

Actualité publiée il y a 4 années 5 mois 2 semaines
Nature Communications
Des cellules détectrices de substances chimiques dans les gencives protègent la bouche contre les infections qui endommagent les tissus mous et détruisent l'os supportant les dents.

Ces cellules sensorielles spéciales présentes dans les gencives nous protègent contre la parodontite, révèlent ces chercheurs du Monell Chemical Senses Center (Philadelphie) dans la revue Nature Communications : Ils ont découvert des cellules détectrices de substances chimiques dans les gencives, qui protègent la bouche contre les infections qui endommagent les tissus mous et détruisent l'os supportant les dents. Une molécule de signalisation gustative, la gustducine, au rôle clé dans l’efficacité de ces cellules chimiosensorielles solitaires (SCC : solitary chemosensory cells), apparaît une cible prometteuse dans la prévention de la parodontite.

 

La parodontite est un trouble grave des gencives provoqué par un déséquilibre des bactéries et d'autres micro-organismes de la bouche (le microbiome oral). Il s'agit de la sixième maladie infectieuse la plus répandue et de la cause la plus courante de perte de dents dans le monde. La parodontite et la perte de dents sont de plus associées à plusieurs maladies chroniques, cardiovasculaires, neurologiques et à certains cancers.

Réguler le microbiome oral et prévenir la parodontite

Booster les cellules chimiosensorielles solitaires pour éliminer la parodontite : l’équipe du Dr Robert Margolskee avec des collègues de l'Université du Sichuan montre que ces cellules chimiosensorielles solitaires SCC, présentes dans les gencives de souris expriment ici plusieurs types de récepteurs du goût ainsi qu’une protéine de couplage appelée gustducine. Les SCC détectent les agents irritants et les bactéries, mais lorsque les récepteurs du goût et des molécules de signalisation gustative, comme la gustducine, sont exprimés. L’étude montre que des souris dépourvues d'alpha-gustducine développent une perte accélérée de l’os qui supporte les dents et une parodontite plus sévère (voir visuels de gauche ci-dessous). Mais, en présence de récepteurs du goût amer et de gustducine, qui permettent la détection des sous-produits de bactéries nocives, ces cellules gingivales spéciales alertent le système immunitaire et l’induisent à contrôler la quantité et le type de bactéries présentes dans la bouche. La découverte de ce mécanisme impliquant les SCC et les molécules de signalisation, comme la gusducine, pourrait conduire à des traitements dentaires personnalisés contre les maladies des gencives.

 

Ces cellules sensorielles ouvrent ainsi une nouvelle approche pour le traitement personnalisé de la parodontite en exploitant le système immunitaire inné pour réguler le microbiome oral. L’équipe montre en effet que :

  • l’élimination de molécules de signalisation gustatives comme la gustducine ou l’élimination génique chez la souris de ces cellules gingivales CSC entraîne une prolifération de bactéries buccales pathogènes et une parodontite ;
  • Inversement, la stimulation des récepteurs du goût amer dans les SCC favorise la production de molécules antimicrobiennes. Que se passe-t-il : le manque de gustducine déconnecte le signal moléculaire des cellules sentinelles et le microbiome buccal des souris s’enrichit de bactéries pathogènes induisant une perte osseuse dans les gencives. Mais lorsque les chercheurs donnent aux souris un rince-bouche contenant une substance ultra-amère, les SCC gingivales sont activées ainsi que les molécules antimicrobiennes, ce qui réduit la parodontite chez les souris normales (mais pas chez celles privées de gustducine).

 

 

L’étude confirment que ces SCC gingivales sont impliquées dans la régulation du microbiote oral. L'équipe s'attend à ce que les SCC gingivales jouent un rôle similaire chez l'Homme dans la régulation de la composition du microbiome oral :

il semble donc probable que cibler le dysfonctionnement des réponses immunitaires innées médiées par les récepteurs du goût et les SCC pourrait permettre de réduire le risque de maladies infectieuses orales.