POLLUTION : Elle érode aussi la cognition des plus âgés

Si les effets négatifs de l’exposition à la pollution ont été documentés in utero ou chez le jeune enfant, cette étude souligne la grande vulnérabilité, aussi, des personnes plus âgées. Ainsi, comme une exposition prénatale à la pollution a été associée à un risque accru de troubles cérébraux, l’exposition des personnes âgées pourrait nuire à leur santé cérébrale et à leur cognition. Ces conclusions, d’une équipe de recherche de l’University College London, publiées dans les Journals of Gerontology Series A, engagent donc au grand âge de tenter de se mettre au vert.
La recherche insiste en particulier sur les effets de l'exposition au dioxyde d'azote (NO₂) -issu du monoxyde d’azote (NO)- et aux particules fines (PM2,5) qui se révèle associée à un déclin cognitif plus rapide, en particulier de certaines fonctions, dont le langage.
Le NO₂ pénètre principalement dans l'atmosphère par la combustion de carburant, provenant des émissions des véhicules ainsi que des centrales électriques. La pollution PM2,5 de l'air extérieur provient souvent de la combustion d’énergies fossiles et se compose de minuscules particules qui peuvent être inhalées profondément dans les poumons et qui peuvent pénétrer jusqu’au cerveau.
Tenter, au grand âge, de se mettre au vert
L’étude analyse les données de 1.127 adultes âgés de 65 ans et prend en compte leur exposition à la pollution atmosphérique sur une période de 8 à 10 ans. Les fonctions cognitives des participants ont été évaluées à l’aide de tests reconnus (East Boston Memory Test, Wechsler Memory Scale), dont la mémoire, les fonctions exécutives, le langage et les fonctions cognitives globales. L’analyse révèle :
- une association entre une résidence dans les zones présentant les niveaux les plus élevés de NO₂ et de PM2,5 et des scores inférieurs aux tests cognitifs ;
- les compétences linguistiques semblent particulièrement impactées par l’exposition à la pollution ;
- les différentes sources de pollution atmosphérique ont des effets variables sur la santé cognitive.
Quelle interprétation ? Tout d’abord il s’agit d’une association, l’étude ne démontrant pas une relation de cause à effet. D’autres facteurs indirects comme un moindre niveau socio-économique ou un moindre niveau d’études, eux-mêmes associés à une résidence dans un zone plus polluée, pourraient entrer en ligne de compte dans cette réduction des performances cognitives. Cependant, ces résultats sont en ligne avec ceux de précédentes études, menées notamment en population générale. Enfin, les chercheurs suggèrent que ces conclusions pourraient s'expliquer par le fait qu'une exposition accrue à la pollution atmosphérique est fortement associée à une altération du lobe temporal, une zone du cerveau essentielle à la fluidité langagière et sémantique.
L’auteur principal, le Dr Giorgio Di Gessa, chercheur en épidémiologie à l’UCL conclut : « la pollution atmosphérique est nocive non seulement pour les poumons et le cœur, mais aussi pour la santé cérébrale, en particulier en cas d’exposition prolongée à des niveaux élevés et chez les personnes plus âgées ».
C’est donc un nième appel aux décideurs politiques à renforcer la réglementation sur la qualité de l’air, en particulier dans les zones où les niveaux de pollution restent élevés, afin de contribuer à la protection de la santé cérébrale face au vieillissement de la population.
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