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RECHERCHE DURABLE : Un organe « from scratch » ?

Actualité publiée il y a 2 heures 22 min 44 sec
Sustainable science
Parvenir, « en bioingénierie » à reconstituer un rein est donc un exemple à la fois utile pour la recherche médicale mais aussi une prouesse au niveau scientifique (VisuelAdobe Stock 586776962)

La maladie rénale constitue un fardeau sanitaire considérable avec plus de 850 millions de personnes dans le monde vivant avec une affection rénale. Parvenir, « en bioingénierie » à reconstituer un rein est donc un exemple à la fois utile pour la recherche médicale mais aussi une prouesse au niveau scientifique, compte-tenu de la complexité de l’organe.

« Le rein est une œuvre d'art et le développement du rein un processus vraiment magnifique » écrivent ces scientifiques qui en relevant le défi tracent la voie d’une recherche médicale plus durable, applicable à d’autres organes et d’autres maladies.  

 

Le rein est aussi un exemple particulièrement utile, pour l’avancée de la recherche médicale, car c’est un organe qui peine à fonctionner dans notre monde moderne. Une alimentation trop salée, l’excès de poids, le manque d’exercice, une consommation excessive d’alcool et le tabagisme, autant de facteurs d’augmentation de la tension artérielle, mettent l’organe à rude épreuve, notamment en endommageant - tout comme le diabète- ses minuscules vaisseaux sanguins.

 

Pourtant, le rein est un organe tout autant critique : densément remplis de tubules regroupés en unités appelées néphrons, les reins nettoient le sang, préservent l’équilibre des fluides et des électrolytes du corps et régulent la pression artérielle.

 

Le rein est un organe « définitivement » vulnérable, car, si les dommages aux néphrons des reins peuvent être ralentis par des changements de mode de vie, contrairement à d’autres organes, dont le foie, les os ou la peau, qui peuvent régénérer les tissus endommagés, les reins ont une capacité limitée à se régénérer.

 

L’insuffisance rénale est enfin une pathologie toujours lourde, car il n’existe que 2 traitements : la dialyse ou la transplantation rénale.

Comprendre le développement rénal et générer du tissu rénal from scratch

Une telle compréhension changerait la donne. La démarche est dans la droite ligne du développement des organoïdes, un modèle de recherche in vitro déjà bien documenté comme plus durable pour la recherche médicale. De nombreuses équipes de recherche y travaillent et leurs travaux pourraient considérablement réduire le besoin de dialyse et de transplantation.

 

Développer un rein artificiel passe par la compréhension des processus par lesquels « la nature construit l’organe ». C’est un premier défi, alors qu’aucune paire de reins n’est exactement identique. Les reins se forment lorsque leurs tubules se ramifient, un processus tout aussi variable qui fait que les reins de certaines personnes ont 9 fois plus de néphrons que d’autres. Les mécanismes qui régissent ce processus de ramification et de formation des néphrons restent mal compris. C’est un véritable réseau collectif qui se forme, avec, « au départ » des cellules qui le construisent, sans vraiment de plan directeur.

 

Les dernières recherches ont permis une avancée considérable dans cette compréhension de la formation de l’organe et de ses tissus, avec la découverte de minuscules ondes de stress mécanique, qui se produisent lorsque les tubules densément remplis du rein entrent en collision les uns avec les autres. Au fur et à mesure que la ramification des tubules s’effectue, chaque branche supplémentaire induit ainsi une impulsion de stress mécanique, qui constitue l’un des signaux de la formation des néphrons. Les cellules souches qui se trouvent autour de ces tubules écoutent effectivement ces ondes de stress mécanique pour guider leur prise de décision quant au moment de former un néphron ou non.

 

Quelles implications ? À l’heure actuelle, nous en sommes encore à la phase expérimentale, et le tissu rénal artificiel, sous forme de groupes de cellules appelés organoïdes, est loin d’être utile sur le plan clinique. Alors que les reins normaux impliquent une collection ordonnée de différents types de cellules, les organoïdes se retrouvent généralement sous forme de masses chaotiques de cellules aux mauvais endroits. « Nous savons créer les bons types de cellules mais leur organisation spatiale reste en grande partie incorrecte », précisent les experts. Il s’agira donc de relever le défi de l’organisation spatiale : une usine de filtration d’eau ne peut pas fonctionner si les tuyaux ne sont pas alignés. Cependant, en ajustant les ratios de chaque type de cellule souche nécessaire à former le tissu rénal, il semble possible d’influencer la composition de l’organoïde….

 

Ainsi, sur la constitution d’organes modèles ou d’organoïdes, la recherche progresse à grands pas. L’exemple est ici apporté avec ces découvertes d’ondes de stress mécanique et de ratios de cellules souches qui façonnent la formation des organoïdes.

 

Au-delà de la recherche fondamentale même, de la compréhension des conditions et des tests de traitements possibles, la recherche sur les organoïdes pourrait répondre à l’urgence de développer des alternatives plus durables à la transplantation et -dans ce cas précis- à la dialyse.