"SANTÉCIDE" : Ces attaques systématiques et délibérées contre les services de santé

C’est un nouveau terme pour les attaques systématiques et délibérées contre les soins de santé, « assimilées à des actes de guerre » : « healthocide » ou « santécide » que propose cette équipe de l'Université américaine de Beyrouth (Liban). Ces auteurs appellent tous leurs collègues médecins, dans la revue en libre accès BMJ Global Health, à dénoncer et s'opposer fermement à cette instrumentalisation des soins de santé.
« Se taire implique complicité et approbation, et porte atteinte au droit international humanitaire »,
écrivent le Dr Joelle Abi-Rached et ses collègues de l'Université américaine de Beyrouth. L’appel qui fait référence à de nombreux conflits, au Salvador, en Ukraine, au Soudan et en Syrie, se concentre principalement sur l'impact des conflits armés sur les soins de santé au Liban et à Gaza.
Les dernières données du ministère libanais de la Santé publique indiquent qu'entre le 8 octobre 2023 et le 27 janvier 2025,
- 217 professionnels de santé ont été tués par les Forces de défense israéliennes ;
- 177 ambulances ont été endommagées ;
- 68 attaques contre des hôpitaux ont été recensées ;
- 237 attaques contre des services médicaux d'urgence ont eu lieu.
A Gaza, et depuis le 7 octobre 2023, ont été recensés les décès d'au moins 986 professionnels de santé : 165 médecins ; 260 infirmiers ; 184 auxiliaires de santé ; 76 pharmaciens ; 300 membres du personnel d'encadrement et de soutien ; et 85 membres de la protection civile.
Les auteurs précisent que « à Gaza comme au Liban, les établissements de santé ont non seulement été directement ciblés, mais l'accès aux soins a également été entravé, notamment lors d'incidents où des ambulances ont été empêchées d'atteindre les blessés ou ont été délibérément attaquées ».
Ils regrettent l’absence de réaction du monde de la santé
« Ces attaques ont été accueillies par un silence stupéfiant ou, au mieux, par des déclarations laconiques et souvent tardives de la part d'associations médicales, de groupes professionnels et de revues américaines, européennes ou israéliennes ».
Cette « normalisation » des attaques contre les établissements de santé
a connu une augmentation alarmante ces dernières années, affirment les auteurs. « Mais ce à quoi nous assistons aujourd'hui est plus pernicieux qu'une simple normalisation de ces attaques, ce que l'on pourrait qualifier de « sanitaire » : le meurtre et/ou la destruction délibérés de services et de systèmes de santé à des fins idéologiques ».