TCA : L’affichage des calories contre-productif ?

Chez les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA), et chez ces personnes précisément, l’étiquetage des calories sur les menus pourraient aggraver ces troubles, conclut cette large méta-analyse dune équipe de psychologues et de psychiatres du King's College London. L’analyse, présentée dans le British Medical Journal (BMJ) Public Health, conclut, avec cet étiquetage, à une modification négative du comportement alimentaire, chez ce groupe de patients.
C’est la première étude du genre, à regarder les effets de l’étiquetage des calories, un « point sensible » chez les personnes atteintes de trouble du comportement alimentaire (TCA) déjà vulnérables en termes de gestion de la prise alimentaire. L’analyse révèle que cet étiquetage peut, chez ces patients, induire le refus d’aller au restaurant, le déclenchement d’obsessions sur le TCA ou une attention maladive aux calories affichées sur les menus. En d’autres termes,
cet affichage semble aggraver la sévérité perçue du TCA.
Dans certains pays, l’étiquetage des calories sur les menus de restaurants est devenu obligatoire. C’est le cas en Angleterre, aux États-Unis et au Canada. Cependant, peu de données sont disponibles sur l'impact possible de cet étiquetage en cas de TCA.
L'étude, une méta-analyse de 16 recherches publiées sur le sujet, portant sur un total de 8.074 participants souffrant de TCA, dresse un bilan de l'impact des étiquettes nutritionnelles sur les menus chez ce groupe de patients. Parmi les principales conclusions de l’analyse :
- les personnes souffrant de TCA ont généralement le sentiment que les TCA sont mal pris en compte dans les politiques de prévention de l'obésité ;
- les personnes souffrant de TCA soutiennent également que la santé physique ne peut pas être mesurée par un seul indicateur tel que le poids ;
- l’étiquetage des calories est considéré, par une majorité des participants souffrant d’obésité comme un instrument grossier pour résoudre le problème de santé mentale complexe que peut-être un TCA.
L’un des auteurs principaux, le Dr Tom Jewell, maître de conférences en santé mentale au King’s College, conclut : « Notre étude souligne que les personnes ayant un TCA sont littéralement frustrées d’avoir été exclues du débat sur l’étiquetage des calories ».
Si, par ailleurs, l’analyse ne remet pas en cause les avantages, plus globaux, en matière de santé publique, de cet étiquetage, elle souligne que les groupes de patients plus sensibles à de telles mesures devraient être interrogés avant la mise en œuvre de telles interventions.
« En général, on s’intéresse beaucoup à l’efficacité des politiques pour lutter contre l’obésité, mais il est également essentiel de déterminer si ces politiques nuisent par inadvertance aux personnes souffrant de TCA ».
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