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TRAUMA de la MOELLE ÉPINIÈRE : L'EpiPen qui réduit la lésion

Actualité publiée il y a 5 années 2 mois 5 jours
PNAS
L'« EpiPen » en injectant des nanoparticules permet d’empêcher le système immunitaire de réagir de manière excessive au traumatisme, réduisant ainsi le risque de paralysie.

Une précédente étude avait montré, chez l’animal, qu’une seule seule injection de cellules souches neurales permettait de réparer un traumatisme médullaire. Cette équipe de l’Université du Michigan nous décrit un « EpiPen » qui, en injectant des nanoparticules qui reprogramment les cellules immunitaires agressives, permet d’empêcher le système immunitaire de réagir de manière excessive au traumatisme. Cela permet ainsi de réduire le risque de paralysie. Ce « stylo injecteur » documenté dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) ouvre de nombreuses options thérapeutiques pour les lésions médullaires mais également pour de nombreuses maladies auto-immunes.

 

La preuve de concept est ici apportée chez la souris, les nanoparticules améliorant la cicatrisation en reprogrammant les cellules immunitaires agressives. L’« EpiPen » apparait ainsi comme une solution prometteuse dans les cas de traumatisme du système nerveux central (le cerveau et la moelle épinière).

Composer avec le système immunitaire

Il s’agit non pas de « surmonter une réponse immunitaire », mais de « coopérer avec la réponse immunitaire pour promouvoir la réponse thérapeutique, explique l’auteur principal, le Dr Lonnie Shea, professeur de génie biomédical. Comment ? Les traumatismes de toutes sortes déclenchent une réaction immunitaire du corps. Lors d'une blessure normale, les cellules immunitaires s'infiltrent dans la zone lésée et éliminent les déchets pour initier le processus de régénération. Cependant, le système nerveux central est isolé de l'activité immunitaire par la barrière hémato-encéphalique. Une lésion de la moelle épinière brise cette barrière en laissant pénétrer des cellules immunitaires trop zélées qui induisent une inflammation excessive et dommageable pour les tissus nerveux délicats. Cela entraîne la mort rapide des neurones, des dommages aux gaines de myéline situées autour des fibres nerveuses -qui leur permettent d'envoyer des signaux- et la formation d'une cicatrice qui bloque la régénération des cellules nerveuses de la moelle épinière. Cette cascade d’événements contribue à la perte de fonction en dessous du niveau de la blessure, avec, pour conséquences, la perte de sensations ou la paralysie.

 

Supprimer la réponse immunitaire inflammatoire : Plusieurs équipes ont déjà tenté de refreiner cette réponse immunitaire inflammatoire. Ces précédentes tentatives comprenaient notamment l’injection de stéroïdes comme la méthylprednisolone. La pratique a été en grande partie abandonnée car elle entraîne des effets secondaires tels que la septicémie, des saignements gastro-intestinaux et des caillots sanguins. En synthèse, les risques surpassent les avantages. En revanche, cette technique d’injection de nanoparticules qui vont intercepter les cellules immunitaires se dirigeant vers la moelle épinière et les détourner ainsi de la blessure apparaît plus prometteuse. D’autant que les cellules immunitaires qui atteignent la moelle épinière ont entretemps été modifiées pour devenir plus pro-régénératives. Sans médicament, les nanoparticules reprogramment en effet les cellules immunitaires et modifient leurs caractéristiques physiques. Leur nature non pharmaceutique évite les effets secondaires indésirables.

Avec moins de cellules immunitaires à l'emplacement du traumatisme, il y a moins d'inflammation et de détérioration des tissus. Ensuite, les cellules immunitaires responsables de la lésion sont moins inflammatoires et plus aptes à soutenir les tissus qui tentent de se régénérer.

 

C’est donc la perspective de nouvelles stratégies non seulement pour les patients atteints de lésion de la moelle épinière, mais également pour ceux atteints de diverses maladies inflammatoires et auto-immunes. Les outils permettant de cibler les cellules immunitaires et de les reprogrammer pour obtenir la réponse souhaitée ouvrent de nouvelles voies thérapeutiques pour toutes ces maladies.