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TROUBLES BIPOLAIRES : Un modèle de dosage du lithium

Actualité publiée il y a 1 année 10 mois 6 jours
The Lancet Psychiatry
Cette étude va permettre dans un proche avenir le développement d'une application mobile de dosage personnalisé, utilisable par les psychiatres (Visuel Adobe Stock 502697807)

Ces nouveaux facteurs prédictifs définis par cette équipe de l’Institut Karolinska (Suède) peuvent aider à déterminer la dose de lithium adaptée pour traiter les patients atteints de trouble bipolaire. Le résultat d’une vaste étude, publiée dans la revue The Lancet Psychiatry, qui identifie également des marqueurs génétiques qui semblent influencer la rapidité avec laquelle le corps élimine le lithium. Ces données vont permettre dans un proche avenir le développement d'une application mobile de dosage personnalisé, utilisable par les psychiatres, en pratique clinique quotidienne.

 

L’auteur principal, le Dr Martin Schalling, professeur de médecine et de chirurgie moléculaires au Karolinska Institutet explique ces travaux : « Notre modèle peut déjà être utilisé pour prédire la quantité de lithium dont un patient atteint de trouble bipolaire aura besoin. Il va permettre de réduire le temps consacré à la recherche de la bonne dose pour chaque patient, ce qui concrètement va sauver des vies ».  

Le lithium est l'un des traitements de base des troubles bipolaires,

une condition associée à un risque accru de suicide. La substance chimique agit comme un stabilisateur de l'humeur et réduit les épisodes de dépression et d’excitation. La quantité nécessaire varie considérablement d'un patient à l'autre et il est essentiel de trouver la bonne dose pour chaque patient, car trop peut être toxique alors que trop peu peut être inefficace. Pour minimiser le risque d'effets secondaires, les cliniciens ont tendance à initier le traitement à de faibles doses et à les augmenter progressivement ce qui signifie qu'il peut s'écouler des mois avant que le traitement induise son effet.

 

 Vers un modèle de dose-réponse pour chaque patient : c’est l(objectif de nombreuses équipes de recherche, et, de précédentes études ont déjà identifié des marqueurs tels que l'âge, le sexe et la fonction rénale comme des prédicteurs possibles de la rapidité avec laquelle le corps élimine le lithium (clairance du lithium). Ces critères peuvent aider déterminer la quantité nécessaire au quotidien, cependant ils n’ont pas la même influence chez tous les patients.

 

L’étude : l’analyse des dossiers de santé électroniques et des données de registre d'un total de 2.357 participants atteints de trouble bipolaire, âgés de 17 à 89 ans permet ici d’identifier des associations entre la vitesse de clairance du lithium et l'âge, le sexe, la fonction rénale (mesurée en eGFR), les concentrations sériques de lithium et les médicaments contenant des diurétiques et des substances ciblant le système rénine-angiotensine-aldostérone qui sont utilisés pour traiter l'hypertension et d'autres conditions. Finalement, l’analyse suggère que :

 

  • les patients âgés, les femmes, les patients dont la fonction rénale est réduite et ceux qui prennent certains médicaments nécessitent des doses de lithium plus faibles ;
  • la quantité de lithium prélevée et les concentrations de lithium dans le sang ne semblent pas être complètement proportionnelles, ce qui va à l'encontre des idées reçues ;
  • ces différentes données permettent de développer un modèle qui intègre environ 50 à 60 % de la variance de la clairance du lithium, soit un modèle plus performant que les outils précédents et qui permet d’éclairer la décision de traitement, résume le chercheur Vincent Millischer, interne en psychiatrie à l'Université de médecine de Vienne.
  • Il existe des associations entre une clairance du lithium plus faible et un locus génétique sur le chromosome 11 ;
  • des variantes génétiques affectant l'IMC et la fonction rénale s’avèrent associées à la clairance du lithium ;
  • même si l’ajout au modèle de marqueurs génétiques n'améliore que marginalement sa capacité prédictive, une étape est franchie en termes de traitement personnalisé par lithium.

 

Le modèle doit être prochainement validé par un essai clinique. Si le résultat est positif, les chercheurs vont développer une application numérique facilement utilisable par les psychiatres.

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