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US : Surmortalité et crise sanitaire

Actualité publiée il y a 11 heures 14 min 41 sec
JAMA Health Forum
L'étude révèle 2 tendances : une tendance de durabilité des effets de la pandémie COVID, en particulier chez certains groupes d’actifs. Une autre tendance de surmortalité spécifiquement aux Etats-Unis liée à une crise sanitaire américaine globale (Visuel Adobe Stock 1289165807)

Cette large étude, menée aux États-Unis et dans 21 autres pays, révèle 2 tendances : une tendance de la durabilité de la pandémie COVID, pandémie de moins en moins couverte par les études, mais qui poursuit ses ravages, en particulier chez certains groupes d’actifs. Une autre tendance de surmortalité spécifiquement aux Etats-Unis liée à une crise sanitaire américaine globale. Plus globalement, cette surmortalité continue d'augmenter, conclut ce bilan épidémiologique, mené par une équipe de la Boston University School of Public Health (BUSPH), publié dans le JAMA Health Forum.

 

Au niveau des États-Unis, ce sont plus de 1,5 million de décès en 2022 et 2023 qui ont touché des adultes en âge de travailler et qui auraient pu être évités. Les chercheurs analysent cette donnée comme

un désavantage des États-Unis en matière de mortalité

par rapport à d’autres pays à revenu élevé. En d’autres termes ces personnes seraient encore en vie si les taux de mortalité américains étaient similaires à la moyenne des autres pays à revenu élevé.

 

La pandémie de COVID-19 a fortement aggravé la hausse des décès aux États-Unis en 2020 et 2021, plus que dans d'autres pays, avec des conséquences qui continuent de se faire sentir. Cependant, cette disparité persistante de la mortalité aux États-Unis par rapport à des pays "pairs" apparaît ici en grande partie due à une crise sanitaire spécifique et globale qui aurait débuté bien avant la pandémie.

 

L’étude qui analyse les registres des décès sur ces dernières années et, précisément, 107 millions de décès aux États-Unis et 230 millions dans 21 autres pays révèle :

 

  • la hausse continue et préoccupante de la mortalité aux États-Unis vs aux autres pays riches au cours de ces 40 dernières années ;
  • entre 1980 et 2023, environ 15 millions de décès supplémentaires aux États-Unis par rapport à ce qui aurait été observé si les États-Unis avaient eu les mêmes taux de mortalité que des pays similaires ;
  • en 2023, cette surmortalité représentait près de 23 % de l'ensemble des décès aux États-Unis ;
  • la surmortalité annuelle a atteint un pic au plus fort de la pandémie COVID-19 en 2021 mais a néanmoins largement dépassé en 2023 les niveaux pré-pandémiques de 2019 ; ainsi, en 2023 elle excède de plusieurs dizaines de milliers le total de 630 000 décès en « excès » en 2019.

 

« La crise sanitaire américaine se prolonge maintenant depuis des décennies, avec des résultats sanitaires bien pires que ceux d'autres pays à revenu élevé », résume le Dr Jacob Bor, professeur de santé publique mondiale et d'épidémiologie à la BUSPH : « Cette tragédie à long terme s’est poursuivie à la faveur de la pandémie de COVID-19. La surmortalité est devenue un problème national, qui, de plus, touche de manière disproportionnée les Américains jeunes et en âge de travailler ».

 

  • 46 % des décès de moins de 65 ans aux États-Unis peuvent être considérés comme en excès, par rapport à des pays à revenus similaires ;
  • 1 décès sur 2 chez les moins de 65 ans aux États-Unis est probablement évitable ;
  • parmi ces décès en excès, recensés chez des adultes plus jeunes, l’usage de substances est fréquemment en cause ;
  • plus globalement, le taux de surmortalité de 2023 n’est que légèrement inférieur à celui de 2021.

 

La politique de santé publique américaine est ici mise à l’index : ces décès ne reflètent pas des choix ou des facteurs individuels, mais une négligence politique et des défaillances profondes des systèmes sociaux et de santé. Des faiblesses structurelles, des lacunes dans l’accès aux soins de santé et de soutien social, révélés lors de la pandémie de COVID, mais qui n’ont pas été corrigés depuis. 

 

Les auteurs mettent ici en avant des défis uniques, pour les États-Unis, une grande méfiance du public envers le gouvernement et une politisation croissante des questions de santé qui retarde la mise en œuvre de politiques qui ont fait leurs preuves ailleurs et enfin, des coupes sombres dans les programmes et les budgets de santé.