Prise en charge de la dénutrition chez le patient âgé (1/7)

La dénutrition touche l'être humain lorsqu'il est en situation de difficulté et peut avoir un impact important sur la capacité de réaction de l'organisme face aux multiples agressions subies, qu'elles soient liées à la morbidité engendrée directement par une pathologie qui entraine un catabolisme ou qu'elles soient indirectes en diminuant les ingestas par différentes causes : difficultés d'absorption, troubles du goût, ou simplement absence d'envie de s'alimenter. À l'hôpital, la mise en place des CLAN (Comités de liaison alimentation nutrition) à l'intersection des services hospitaliers, des services de restauration et des services administratifs ont permis de développer de nombreuses actions concertées pour lutter contre la dénutrition, pathologie à part entière qui touche les plus atteints par un autre état morbide quel qu'il soit. Au domicile de nos patients, c'est une attention quotidienne et une vigilance parfois délicate que nous devons mener… La nutrition c'est le steak pour la maman, la frite pour l'enfant, un poste de dépense pour celui qui tient les cordons de la bourse, la coordination d'apport en nutriments pour la diététicienne, une partie de l'activité d'aides soignantes ou d'aides à domicile à travers l'aide à l'alimentation, une prise en charge par les infirmières lorsqu'il y a une pathologie métabolique, et un élément important mais ne faisant souvent pas partie de la prescription pour le médecin… Considérer l'alimentation comme un soin à part entière et non comme une variable d'ajustement qu'on traite quand on a le temps ou l'énergie. Voilà un véritable pari dans la prise de conscience de ceux qui nous entourent et qui - sans avoir de sensation de faim - sont parfois beaucoup plus dénutris qu'on ne pense. Ce dossier vous présente par différents aspects l'épidémiologie, les outils de mesure, les moyens de lutter contre ce terrible état qui s'installe trop vite : la dénutrition.

le Dr Pierre-Emmanuel Aubert a coordonné l'étude Énergie 4+ qui a permis d'étudier la consommation alimentaire effective de près de 800 patients et 8 000 plateaux repas dans 18 services de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris. Il est co-fondateur de Nutrivercell, laboratoire de nutrition créé en mars 2009