ADDICTION au JEU : Prédictive de congé maladie
Cette étude de psychiatres et d’addictologues du Karolinska Institutet (Suède) révèle comment la dépendance au jeu peut augmenter le risque de maladie de longue durée, jusqu’à des arrêts de travail de plusieurs années. Les conclusions, publiées dans la revue Psychological Medicine soulignent la nécessité de détecter à temps cette addiction, afin d'éviter ses multiples complications, dont des problèmes de santé mais aussi…financiers.
La dépendance au jeu est un trouble psychiatrique caractérisé par des périodes exagérément prolongées de jeu et problématiques, car elles entraînent des conséquences néfastes, financières, sanitaires, professionnelles et sociales. Dans les pays riches, on estime qu’entre 1 et 2 % de la population à des problèmes de jeu, cependant la prévalence de ce trouble reste imprécise, et très probablement sous-estimée. La dépendance au jeu, est comme la plupart des addictions,
une « dépendance cachée ».
L’étude a analysé les données de 2.830 participants en âge de travailler, âgées de 19 à 62 ans, diagnostiquées avec une addiction au jeu et les a suivies durant plus de 6 ans. Les chercheurs ont pris en compte les durées d’absence pour congés maladie et ont comparé ces données à celle d’un groupe témoin de 28.300 participants appariés exempts de diagnostic de dépendance au jeu. Les chercheurs ont également pu contrôler une série de facteurs liés à la fois à la dépendance au jeu et aux absences pour maladie, notamment les données de santé physique et mentale, le sexe, l'âge, le niveau d’études et le lieu de résidence. L’analyse constate que :
- les personnes dépendantes au jeu encourent un risque accru de 89 % d’avoir à prendre un congé maladie de longue durée, soit plus de 90 jours par an au cours de l’année de leur diagnostic ;
-
ces participants dépendants au jeu ont également plus d’antécédents de problèmes de santé mentale ;
- ce risque de congé maladie est inégalement réparti selon les groupes : le fait d'être une femme, d’avoir fait moins d’études et de vivre dans des zones plus rurales est associé à un risque plus élevé d'arrêt de maladie de longue durée.
Il existe un manque de connaissances sur les conséquences de la dépendance au jeu, soulignent ici les auteurs : " notre étude appelle nos confrères à détecter les problèmes de jeu à un stade plus précoce, y compris en soins primaire et dans les services de santé au travail. Nous devons également élargir l’accès aux services de soutien psychologique pour les patients concernés ".
Lorsque la dépendance au jeu passe inaperçue, ses conséquences peuvent prendre de l'ampleur
et détruire la vie des personnes concernées.
L’équipe travaille actuellement à développer des méthodes à la fois de détection et de prise en charge de ce trouble, la prochaine étape étant de sensibiliser et de former les professionnels de santé.
« Il sera primordial en effet de suivre ces patients sur des périodes très longues, pouvant aller jusqu'à 10 années, afin d'en savoir plus sur les conséquences à long terme de ces troubles de dépendance au jeu ».
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