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ALCOOLODÉPENDANCE : 1 dose de kétamine, 9 mois sans craving ?

Actualité publiée il y a 4 années 10 mois 2 semaines
Nature Communications
Une dose unique de kétamine pourrait également aider les gros buveurs à réduire leur consommation d'alcool.

Plusieurs études ont récemment fait valoir l’efficacité d’1 seule dose de kétamine à supprimer ou réduire les symptômes dépressifs, en particulier chez les patients réfractaires aux antidépresseurs « standards ». Ces mêmes études confirment également l’absence d’effets indésirables sévères et l'absence de risque de dépendance à la substance, après une injection ou perfusion unique. Cette nouvelle étude expérimentale de l'University College London (UCL), suggère qu’une dose unique de kétamine pourrait également aider les gros buveurs à réduire leur consommation d'alcool.

 

 « Nous constatons ici que les gros buveurs connaissent une amélioration à long terme après un traitement expérimental très simple et rapide : 1 dose de kétamine », résume l’auteur principal, le Dr Ravi Das du département de psychopharmacologie clinique de l'UCL : « après rappel des souvenirs liés à la consommation d'alcool, 1 dose de kétamine induit une diminution rapide du craving ou de l’envie de boire et une diminution prolongée de la consommation d'alcool sur 9 mois ».

1 dose, 9 mois d’abstinence ou presque

La thérapie ne se limite pas cependant à cette seule injection. Les chercheurs cherchent d’abord à identifier chez ces patients les souvenirs de récompense liés à l’alcoolisme et à les "déstabiliser". « L’apprentissage est à la base du développement de la dépendance à la drogue ou à l’alcool. Le cerveau détourne le système d’apprentissage et finit par associer à la récompense tous les déclencheurs ou stimuli liés à la consommation de la substance. Une fois que ces souvenirs de récompense sont établis, il est très difficile de les remplacer par des associations plus saines ».

 

L'étude est menée auprès de 90 participants ayant un trouble avec l’alcool, en particulier la bière. Ces participants en consommaient beaucoup, mais ils n’avaient pas encore reçu de diagnostic clinique de trouble lié à la consommation d’alcool et n’avaient pas demandé de traitement. En moyenne, ces patients consommaient 74 unités d'alcool par semaine, ce qui correspond à environ 30 litres de bière, soit 5 fois la limite recommandée! Les participants ont reçu un verre de bière et on leur a expliqué qu'ils pourraient le boire après avoir terminé une tâche. Les participants ont évalué leur envie de boire, ont visionné des images de bière et d'autres boissons, et ont noté leur niveau de plaisir anticipé à retrouver des souvenirs liés à la récompense, associés à leur consommation de bière.

  • Le premier jour de l'étude, ils ont été autorisés à boire de la bière à volonté afin que les chercheurs puissent établir leur consommation de base;
  • mais le deuxième jour, la bière leur a été retirée de manière inattendue. Supprimer de manière inattendue une récompense attendue a pour conséquence de "déstabiliser" un souvenir de récompense ou agréable lié à l'alcool.
  1. Un tiers des participants a reçu une perfusion intraveineuse de kétamine après que la bière leur ait été retirée ;
  2. un autre groupe a reçu une perfusion placebo,
  3. l'autre tiers a reçu de la kétamine, mais sans avoir travaillé à l’identification des souvenirs liés à la récompense avec la consommation d’alcool.

 

 

Une dose, 10 jours sans craving : après un suivi de 10 jours, les personnes ayant reçu de la kétamine après rappel des souvenirs agréables liés à l’alcool, présentent une réduction significative de leur envie de boire, réduisent leur consommation et consomment ensuite moins fréquemment de l’alcool. Lorsqu'on leur propose un petit verre de bière, ils ont même moins envie de la boire, semblent moins l’apprécier et le craving semble avoir disparu. L'effet persiste même durant 9 mois. Finalement les participants du groupe kétamine + rappel de mémoire réduisent de 50% leur consommation d'alcool hebdomadaire moyenne sur les 9 mois de suivi.

Les chercheurs constatent enfin, par tests sanguins que le traitement est plus efficace pour les sujets chez lesquels la kétamine était plus facilement disponible dans le sang, ce qui suggère qu'une même dose peut entraîner une amélioration plus ou moins importante selon les personnes.

 

« Nous espérons que cette approche clinique, simple et accessible pourra, une fois confirmée par des essais cliniques, devenir un traitement utile en cas de consommation excessive d'alcool voire pour d'autres toxicomanies ». Comme dans le traitement de la dépression, il s’agira d’optimiser la méthode, de préciser les critères d’éligibilité et le protocole de surveillance médicale après le traitement.


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