ALIMENTATION et SANTÉ : Les interventions nutritionnelles doivent commencer in utero

S’il ne s’agit pas de supprimer totalement le sucre de son alimentation, qui doit rester variée et équilibrée, mais il vaut mieux en éviter les excès pour éviter les risques métaboliques et cardiovasculaires associés. Cette équipe de nutritionnistes et d’endocrinologues de l’Université de Californie du Sud (USC), révèle que cette attention portée à la consommation de sucre devrait commencer au plus tôt dans la vie, c’est-à-dire in utero, autrement dit chez la mère, durant la grossesse. L’étude, publiée dans la revue Science, démontre que la régulation des apports de sucre in utero et dans la petite enfance réduit en effet considérablement le risque de maladie chronique à l'âge mûr.
En d’autres termes, il n’est jamais trop tôt pour faire attention à son régime alimentaire, ou à celui de son futur enfant. C’est l’analyse d’une expérience dans la vraie vie au cours de la Seconde Guerre mondiale, soit un rationnement forcé du sucre, et de ses effets à long terme sur la santé.
Des apports limités en sucre in utero et au cours des 2 premières années de vie ont réduit, durant cette période de l’histoire, considérablement le risque de maladies chroniques à l'âge adulte.
L’étude analyse des données contemporaines de la U.K. Biobank, une base de données sur les antécédents médicaux et les facteurs de risque génétiques, de mode de vie et de maladies, pour étudier l’effet de ces restrictions en début de vie sur les résultats de santé à l’âge adulte conçus juste avant et après la fin de la période de rationnement du sucre.
L’un des auteurs principaux, Tadeja Gracner, économiste à l’USC Dornsife Center for Economic and Social Research, explique le défi de cette étude : « il est difficile de trouver des situations dans lesquelles les gens sont exposés de manière aléatoire à différents environnements nutritionnels au début de leur vie et de pouvoir suivre ensuite ces participants pendant 50 à 60 ans ».
En pratique, la consommation de sucre pendant le rationnement était d’environ 8 cuillères à café (40 grammes) par jour en moyenne. Lorsque le rationnement a pris fin, la consommation de sucre a atteint environ 16 cuillères à café (80 grammes) par jour. L’analyse révèle que :
- les enfants qui ont subi des restrictions de sucre au cours des 1.000 jours ayant suivi leur conception soit in utero et au cours de la petite enfance,
présentent ensuite un risque réduit de 35 % de diabète de type 2 ;
- cette réduction du risque atteint 20 % pour l’hypertension (HTA) à l'âge adulte ;
- une consommation maternelle « raisonnable » avant la naissance suffit à obtenir ces réduction du risque cardiométabolique ;
- l’analyse des données de participants situés dans une fenêtre de naissance très étroite autour de la fin du rationnement du sucre a permis de comparer les résultats de santé à mi-vie de cohortes de naissance avant, pendant et après le rationnement :
- vivre la période de restriction du sucre pendant les 1.000 premiers jours de vie (soit dès la conception) a considérablement réduit le risque de développer un diabète et une hypertension ;
- vivre la période de restriction du sucre pendant les 1.000 premiers jours de vie pour ceux qui ont été diagnostiqués ultérieurement avec l'une ou l'autre de ces maladies, l'apparition de la maladie a été retardée de 4 et de 2 ans, respectivement ;
- la régulation du sucre in utero suffit, à elle seule, à réduire les risques ;
- l’ampleur de cet effet est significative au point d’allonger l’espérance de vie et, peut-être aussi la qualité de vie, affirment les chercheurs.
Ces chiffres soulignent la valeur des interventions nutritionnelles précoces et pas seulement sur les apports en sucre, pour améliorer à vie les résultats de santé et réduire les risques de maladies.
Les auteurs expriment aussi des inquiétudes pour la santé à long terme des enfants qui consomment des quantités excessives de sucres ajoutés au cours de la petite enfance, une période critique de leur développement, mais ces effets ont été déjà documentés. Ils relèvent qu’il n’est pas toujours facile d’ajuster la consommation de sucre des enfants.
Les directives actuelles recommandent de ne pas ajouter de sucre dans les aliments des enfants de moins de deux ans et de ne pas dépasser 12 cuillères à café (50 g) de sucre ajouté par jour pour les adultes.
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