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ALLAITEMENT : Comment le microbiome de la mère façonne l'immunité de l’enfant

Actualité publiée il y a 1 année 9 mois 1 semaine
Science Immunology
Un ensemble spécifique d'anticorps induit naturellement par des bactéries bénéfiques de l'intestin peut être transféré de la mère à l'enfant par le lait maternel (Visuel Adobe Stock 178884485)

L’équipe de pédiatres de la Weill Cornell Medicine (New York) nous explique comment les anticorps IgG dans le lait maternel aident à façonner les bactéries intestinales et l'immunité des nourrissons. Alors que de multiples recherches ont confirmé que le lait maternel fournit des nutriments essentiels aux nouveau-nés et que les anticorps des mères vaccinées contre une bactérie ou un virus pathogène spécifique peuvent être transférés via le lait maternel aux bébés, cette étude préclinique révèle, dans la revue Science Immunology qu'un ensemble spécifique d'anticorps induit naturellement par des bactéries bénéfiques de l'intestin peut être transféré de la mère à l'enfant par le lait maternel.

 

Ce transfert, via le lait maternel va considérablement aider les enfants à se défendre contre les maladies diarrhéiques induites par les infections. Au-delà, l’étude suggère que stimuler par un traitement ces anticorps « produits naturellement » chez les mères pourrait renforcer l'immunité des nourrissons contre les agents pathogènes bactériens qui causent des maladies gastro-intestinales infectieuses. C’est donc une nouvelle piste pour le développement de médicaments antidiarrhéiques.

 

L’étude : l'équipe se concentre ici sur une classe d'anticorps appelés IgG, qui participent à l’élimination des bactéries et virus infectieux. On savait peu de choses sur la façon dont les anticorps IgG naturellement induits par les bactéries intestinales influencent l'immunité intestinale du nourrisson. Mais ici, sur une souris modèle, les chercheurs montrent que ces anticorps IgG sont transférés du sang d'une mère à son lait maternel et, via l’allaitement, protègent les jeunes souris de l’équivalent de la bactérie E. coli chez l'Homme (Citrobacter rodentium chez la souris), responsable d’infections intestinales dangereuses. L’étude constate ainsi que :

 

  • les anticorps IgG du lait maternel protègent les bébés contre les infections intestinales  ;

  • lorsqu'elles sont transmises à des souris infantiles par le lait maternel, les IgG empêchent en effet les bactéries pathogènes de se fixer à la paroi des intestins des nourrissons, une étape précoce de l'infection ;
  • les IgG interagissent avec un ensemble de bactéries bénéfiques du microbiote et favorisent le développement sain des bactéries intestinales chez le nourrisson ;
  • ces microbes « sains » contribuent au développement et au fonctionnement du système immunitaire : par exemple, des bactéries utiles entraînent le système immunitaire à reconnaître leurs « homologues » pathogènes ;
  • à long terme, ces anticorps IgG protecteurs régulent la production de l'IL-17, une cytokine pro-inflammatoire liée aux maladies inflammatoires : ainsi, à l'âge adulte, les souris dépourvues d'IgG étaient plus sensibles à une inflammation anormale associée à une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).

 

Améliorer encore cette protection maternelle, c’est possible, selon l’auteur principal, le Dr Melody Zeng, professeur d'immunologie en pédiatrie et chercheur à l’Institute for Children's Research à Weill Cornell Medicine : de la même manière que les anticorps contre le virus SARS-CoV-2 sont détectés dans le lait maternel des femmes vaccinées contre COVID-19, les chercheurs parviennent ici à induire des anticorps IgG transférables par vaccin en utilisant un composant trouvé dans les bactéries intestinales, puis en vaccinant les souris femelles avant la gestation.

« La vaccination peut ainsi améliorer les niveaux d'anticorps IgG des mères

qui vont transférer cette immunité à leurs bébés », explique l’auteur : « une stratégie particulièrement prometteuse pour les bébés prématurés qui ont un risque élevé de maladies diarrhéiques ». Les chercheurs rappellent ici que les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

L’étude décrypte donc l'un des grands avantages de l'allaitement, à la fois immédiat et pour le développement à long terme du système immunitaire chez l’Enfant.

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