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ANTIBIORÉSISTANCE : Le repositionnement, la clé contre les superbactéries ?

Actualité publiée il y a 3 années 10 mois 2 semaines
Nature Microbiology
L’exemple d’un repositionnement réussi d’un très vieux médicament contre la superbactérie Acinetobacter baumannii (Visuel National Institute of Allergy and Infectious Diseases)

Face à l’absence de nouveaux antibiotiques « dans le pipeline », il convient d’étudier si repositionnés, certains antibiotiques peuvent faire montre d’efficacité contre l’émergence de nouvelles « superbactéries ». Cette équipe de l’Université de Californie du Sud nous en livre un exemple dans la revue Nature Microbiology. Les scientifiques documentent l’efficacité d’un antibiotique principalement utilisé pour traiter la tuberculose, la rifabutine, dans la lutte contre Acinetobacter baumannii, une superbactérie cause d’infections nosocomiales extrêmement difficiles à traiter.  

 

C’est une méthode de dépistage innovante qui imite au mieux l’environnement du corps humain. La méthode qui montre ici l’activité de la rifabutine contre Acinetobacter baumannii, pourrait également être utilisée pour tester d’autres « repositionnements » contre les bactéries résistantes aux traitements de première ligne.

L’exemple du repositionnement d’un très vieux médicament

« La rifabutine existe depuis plus de 35 ans, et personne ne l'avait jamais testée contre l’infection à Acinetobacter auparavant », révèle l’auteur principal, Brian Luna, professeur de microbiologie et d'immunologie à la Keck School of Medicine de l'USC : « Nous pourrions ainsi identifier de nombreux antibiotiques laissés à l’abandon ces 80 dernières années parce que les tests utilisés « les ont manqués » ». La rifabutine est utilisée pour traiter la tuberculose, en particulier chez les personnes vivant avec le VIH / sida qui ne peuvent tolérer la rifampicine. La rifabutine figure sur la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et au nombre des médicaments considérés comme les plus sûrs et les plus efficaces.

La bactérie Acinetobacter baumannii a émergé pendant la guerre en Irak. La superbactérie provoque une pneumonie, une méningite et des infections sanguines ; elle entraine des infections nosocomiales chez des patients de services de longs séjours ou sous dispositifs invasifs comme des cathéters et des respirateurs.

 

Revoir les tests d’efficacité des médicaments et repositionner : depuis les années 1940, les antibiotiques sont testés contre des bactéries en culture « riche », un gel riche en nutriments qui accélère la croissance bactérienne. Cependant, in vivo et notamment dans le corps humain, les bactéries se développent parfois tout autrement. L'équipe a donc conçu un tout nouveau milieu qui reproduit au mieux l’environnement de l'intérieur du corps. C’est dans ce nouveau milieu que les scientifiques ont pu constater l’efficacité de la rifabutine contre Acinetobacter baumannii. Les scientifiques vont même jusqu’à décrypter le processus d’action de la molécule : la rifabutine utilise une stratégie de cheval de Troie en induisant les bactéries à importer activement le médicament en elles-mêmes, en contournant les défenses bactériennes des cellules externes. Et ce mécanisme de pompe bactérienne ne fonctionne qu’en milieu humain-like.

 

Déjà approuvée par les agences sanitaires -dont l’Agence américaine FDA- la rifabutine peut être utilisée immédiatement pour traiter ces infections mais, au-delà de cette infection spécifique, ces travaux proposent une nouvelle plateforme de test mieux adaptée aux repositionnements d’anciens médicaments.

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