Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

ANTIBIORÉSISTANCE : Les bactéries se passent le mot pour échapper au traitement

Actualité publiée il y a 4 années 4 mois 3 heures
Journal of Bacteriology
Lorsque les bactéries reçoivent le signal d’avertissement de leurs congénères, elles se déplacent en rond

Les bactéries dangereuses communiquent pour éviter les antibiotiques, révèle cette équipe de recherche de l’Université de Copenhague. Cette stratégie des bactéries contribue au phénomène croissant de l’antibiorésistance, une priorité de Santé publique mondiale, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Et, au niveau de chaque patient, l’infection bactérienne n’est pas seulement une expérience désagréable, mais devient une infection chronique qui peut être mortelle. Face à cette stratégie de défense bactérienne, les chercheurs danois proposent une nouvelle stratégie : couper le signal entre les bactéries.

 

Ces travaux, présentés dans le Journal of Bacteriology sont menés sur la bactérie Pseudomonas aeruginosa, réputée pour infecter les patients atteints de fibrose kystique, une maladie pulmonaire. Les chercheurs montrent que les bactéries s’envoient des signaux d’alerte lorsqu’elles sont attaquées par des antibiotiques ou par des virus appelés bactériophages (qui tuent les bactéries).

Découverte d'un nouveau mécanisme de survie des bactéries

Les chercheurs ont étudié la croissance et la distribution de bactéries Pseudomonas Aeruginosa dans des boîtes de Pétri (Visuel ci-dessous), en recréant des environnements qui ressemblent à la surface des muqueuses où l’infection peut se développer -exactement comme dans le cas des poumons d’un patient atteint de fibrose kystique. Dans cet environnement, les chercheurs ont pu observer comment les bactéries se comportent et comment elles s’enfuient en présence d’antibiotiques ou de bactériophages. Le choix de Pseudomonas aeruginosa n’est pas anodin : les infections à P. aeruginosa constituent un problème tellement important qu’il est répertorié dans la catégorie « critique » de la liste des bactéries de l’OMS, contre lesquelles de nouveaux types d’antibiotiques sont absolument nécessaires. « Les infections causées par ce type de bactéries sont un problème majeur dans le monde avec des centaines de milliers d’hospitalisations et de décès ».

 

Une alerte qui déclenche l’évasion : ce nouveau mécanisme de défense est visible au microscope : « Nous pouvons voir en laboratoire que les bactéries nagent simplement autour de la zone dangereuse, en cas d’exposition aux antibiotiques ou aux bactériophages. Lorsqu’elles reçoivent le signal d’avertissement de leurs congénères, elles se déplacent en rond. C'est un mécanisme de survie intelligent que nous observons ainsi chez ces bactéries », commente l’auteur principal, le Dr Nina Molin Høyland-Kroghsbo, professeur au Département des sciences vétérinaires et animales : « si les bactéries utilisent la même manœuvre d’évasion pour infecter des humains, cela contribuerait à expliquer pourquoi certaines infections bactériennes ne peuvent pas être traitées efficacement avec des antibiotiques ».

 

 

 « Il est tout à fait fascinant de voir comment les bactéries communiquent et modifient les comportements afin que la majorité de la population bactérienne puisse survivre. On pourrait presque dire qu’il s’agit d’une communauté unie ».

 

 

L’équipe réfléchit déjà à l'étape suivante, décrypter ces signaux d’alerte et trouver le moyen de couper le contact : « Ces travaux ouvrent la voie au développement de nouveaux médicaments permettant d'empêcher l’émission de ce signal d'alerte ou sa réception par les autres bactéries. Nous aurions là un traitement qui pourrait améliorer l'efficacité des antibiotiques ou des thérapies phagiques ».

Autres actualités sur le même thème