ARTHROSE : Le cartilage du genou réparé grâce au cartilage du nez
Cette équipe de scientifiques et de bioingénieurs de l’Université de Bâle livre les premiers implants biologiques pour le traitement des lésions cartilagineuses et de l'arthrose chez l'Homme. L’aboutissement de travaux soutenus par l’European Research Council (ERC) donnent lieu à des essais cliniques de nouvelle génération. C’est l’espoir d’un tout nouveau protocole de réparation de l'arthrite, complètement curatif, pour les millions de patients atteints dans le monde.
Aux seuls États-Unis, on estime à 2,5 millions, le nombre d'arthroplasties pratiquées chaque année et de plus en plus de patients recherchent des alternatives pour retarder ou éviter la pose d’une prothèse.
Le principe ici est de réparer le cartilage du genou, à l’aide des cellules cartilagineuses du nez qui vont former ces tout premiers implants biologiques. Ce nouvel implant vient de donner lieu à la première intervention chirurgicale pour traiter l'arthrose et à la première procédure désormais appelée « Nasal Chondrocytes Tissue-Engineered Cartilage » (N-TEC). Cette alternative innovante répond au besoin croissant de réparation non seulement des articulations des plus âgés (arthrose dégénérative) et pourrait remplacer un certain nombre d’arthroplasties, avec de grands avantages pour les patients.
L'essai clinique en cours est multisites, mené à travers toute l'Europe, notamment en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Croatie, en Suède, en Autriche et en Pologne et restent ouverts aux patients qualifiés du monde entier, y compris des États-Unis.
Quel processus ? L’équipe « part » des chondrocytes, des éléments constitutifs des cellules du cartilage et les utilise pour développer de nouveaux cartilages. L'implantation de cette greffe de cartilage issue de l'ingénierie tissulaire au site des lésions cartilagineuses du genou constitue d’ores et déjà, sur le papier, une alternative très prometteuse
pour tous les patients qui ont besoin de plus qu'une simple gestion de la douleur, mais ne souhaitent pas avoir recours à la prothèse.
La thérapie N-TEC n'est cependant pas appropriée au traitement de la polyarthrite rhumatoïde et les essais vont se concentrer sur l'arthrose fémoro-patellaire, plutôt que sur l'arthrose complète du genou. N-TEC illustre l’entrée en force de la médecine régénérative en clinique. En effet, son principe est déjà en train de passer d'un concept de laboratoire à une application clinique chez l'Homme.
L’étude :
- cet essai clinique international mené sur 5 centres en Europe, a déjà traité avec succès plus de 100 patients pour des lésions focales de 2 à 8 cm2 au genou depuis 2012. Ces premiers participants ont déjà pu reprendre une activité sportive dont le ski et la course à pied et jusqu’à la pratique du semi-marathon.
- 6 ans auparavant, l'équipe avait traité 2 patients atteints d'arthrose avancée du genou, qui devaient subir une arthroplastie. Ces patients déjà traités par N-TEC avaient rapporté des résultats bénéfiques à la fois par questionnaire et auto-évaluation. Ils sont toujours capables d'effectuer leurs activités du quotidien, soit 6 ans après cette intervention, et n’ont eu besoin d’une arthroplastie artificielle.
- les essais cliniques se poursuivent auprès de participants souffrant d’'arthrose fémoro-patellaire du genou, de lésions cartilagineuses des articulations de la cheville et de l'épaule.
Quelle procédure de préparation du greffon ?
- N-TEC est une thérapie autologue qui repose sur les cellules cartilagineuses de chaque patient pour développer de nouveaux greffons de cartilage qui seront implantés chirurgicalement, afin de réparer le cartilage endommagé dans les articulations lésées du patient.
- L’équipe extrait un segment de cartilage de 7 x 7 mm de la cloison nasale du patient, l’isole et cultive les cellules sur une membrane de collagène en laboratoire pour développer le greffon de cartilage, celui-ci pouvant atteindre 40 cm2.
- 4 semaines sont nécessaires pour obtenir ces greffons de cartilage en laboratoire.
- Le prélèvement de cartilage dans la cloison nasale n’endommage pas le nez du patient.
- Le cartilage nasal est composé de cellules dérivées de la crête neurale, un type de cellules à l’origine d’organes complexes, dont le cerveau et les yeux. Ces cellules sont supérieures aux cellules d’autres parties du corps en termes de capacité de régénération et de plasticité environnementale et présentent une capacité d’adaptation extrême à différents environnements. En particulier, les chondrocytes nasaux, même de donneurs plus âgés, peuvent être utilisés de manière répétitive pour concevoir des patchs cartilagineux N-TEC possédant des propriétés structurelles et mécaniques typiques des tissus cartilagineux articulaires.
Le remplacement du cartilage endommagé ne suffit pas : les scientifiques notent que si le remplacement du cartilage lésé dans l’articulation est déjà une étape remarquable, il ne suffit pas à remédier aux affections dégénératives des articulations, telles que l’arthrose. L’arthrose est associée à l’usure des articulations mais aussi à une inflammation chronique et élevée des articulations endommagées. Cette inflammation est donc un facteur de risque de dégradation aussi pour le nouveau cartilage. Cependant, les chercheurs démontrent ici que
le cartilage nasal N-TEC possède des propriétés anti-inflammatoires
qui résistent à cette inflammation nocive des articulations réparées. De plus, N-TEC démontre sa durabilité dans le traitement de l'arthrose, chez ces 2 patients traités il y a 6 ans.
Quelle chirurgie, quelle récupération ?
- Le greffon N-TEC est introduit dans l'articulation en chirurgie ouverte ;
- l'équipe adapte le nouveau greffon cartilagineux en salle d'opération à la forme et à la taille du défaut cartilagineux ;
- les chirurgiens suturent le greffon au tissu cartilagineux environnant ;
- le cartilage greffé s’intègre ensuite au cartilage et à l’os sous-chondral environnants ;
- l’intervention nécessite une hospitalisation de 3 à 5 jours puis une immobilisation de la jambe pendant au moins une semaine après l'opération ;
- 6 semaines supplémentaires de marche à l’aide débéquilles sont ensuite imposées ;
- après une semaine supplémentaire, les patients peuvent reporter normalement leur poids sur la jambe et poursuivent une kinésithérapie de renforcement ;
- au bout de 3 mois, le patient peut reprendre des sports légers comme la natation et le cyclisme,
- au bout d'un an des activités plus rigoureuses.
Un patient, âgé de 56 ans, témoigne : « en mai 2017, j'ai subi la procédure N-TEC. Après 1 années de kinésithérapie, j'ai recommencé à courir et je suis allé skier à l'hiver 2018. Aujourd'hui, j’ai retrouvé ma forme initiale, ne souffre d’aucune douleur et poursuis mes activités sans aucune restriction ».
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