ATHÉROSCLÉROSE : Des nanoplastiques à côté de la plaque
En détectant des micro-nanoplastiques dans la plaque obstruant les artères du cou, cette équipe de l’University of New Mexico révèle non seulement la présence de ces minuscules particules de plastique dans la plaque d’athérome mais suggère que ces particules pourraient " aggraver" la plaque et contribuer aussi au déclenchement de l'accident vasculaire cérébral (AVC). Ces travaux, présentés au dernier Congrès de l’American Heart Association, suggèrent une nouvelle cible possible pour la prévention des AVC.
On consomme et on boit sans le savoir des micro-nanoplastiques provenant de déchets plastiques décomposés et accumulés dans le sol et les réserves d'eau et il n'existe actuellement aucun moyen efficace de prévenir cette exposition aux micro-nanoplastiques, sauf à, progressivement, parvenir à réduire leur présence dans les produits de consommation et notre environnement.
Les micro-nanoplastiques sont de minuscules particules de plastique créées lors de procédés industriels ou à partir d'objets en plastique lors de leur dégradation dans l'océan ou dans le sol. Cesp particules ne sont pas de taille uniforme et sont composées d’un mélange de micro et de nanoplastiques. Alors que les microplastiques sont parfois visibles à moins de 5 millimètres, les nanoplastiques sont microscopiques (invisibles à l'œil nu) et mesurent moins de 1.000 nanomètres de diamètre. Cela les rend plus facilement dispersables et capables de pénétrer les cellules et les tissus des organismes vivants.
L’athérosclérose, une maladie caractérisée par l'accumulation de graisse et de plaque dans les vaisseaux sanguins du cou (artères carotides) est en progression et contribue à concurrence d’un tiers des décès de cause cardiovasculaire.
Cette recherche révèle que la plaque d’athérome pourrait contenir 50 fois plus de micro-nanoplastiques que les artères exemptes de plaque. En d’autres termes, les personnes présentant des plaques dans les vaisseaux sanguins du cou présentent une quantité plus élevée de minuscules particules de plastique dans ces vaisseaux que les personnes dont les artères sont saines. Cette augmentation est de plus significativement plus importante chez les patients victimes d’AVC.
Cela pose la question de la « responsabilité » de ces micro-nanoplastiques dans l’incidence des AVC.
En 2024, une étude italienne avait signalé la présence de ces micro-nanoplastiques dans la plaque carotidienne de personnes asymptomatiques ayant subi une intervention chirurgicale pour retirer la plaque carotidienne.
L'étude préliminaire actuelle, menée auprès de 50 participants, a comparé les concentrations de micro-nanoplastiques dans les artères carotides de 3 groupes de participants :
- ayant des artères saines ;
- présentant une plaque mais asymptomatiques ;
- présentant des symptômes dus à l'accumulation de plaque.
Les chercheurs ont également comparé les plaques présentant des concentrations faibles et élevées de micro-nanoplastiques afin d'évaluer les effets des micronanoplastiques sur les marqueurs de l'inflammation, sur l'activité des macrophages et des cellules souches qui contribuent à stabiliser la plaque. L'analyse révèle que :
- la concentration de micro-nanoplastiques dans les artères carotides est 16 fois plus élevée (895 microgrammes/gramme vs 57 microgrammes/gramme) chez les participants asymptomatiques et avec plaque vs sans plaque ;
- 51 fois plus élevée (2.888 microgrammes/gramme vs 57 microgrammes/gramme) en plaque chez les victimes d’AVC vs sans plaque ;
- aucun lien entre la quantité de micro-nanoplastiques et les signes d'inflammation aiguë n’est en revanche constaté ;
- des différences sont relevées, en revanche, dans l'activité génétique des cellules stabilisatrices de plaque ainsi qu’une moindre activité des gènes anti-inflammatoires des cellules immunitaires des macrophages de plaque.
« Les effets biologiques des micro-nanoplastiques sur les dépôts graisseux sont plus complexes et nuancés que la simple inflammation soudaine »,
relèvent les chercheurs.
« Il est très important d'étudier l'effet de ces matériaux sur notre organisme. Cependant, nous ne comprendrons pleinement leurs effets biologiques que dans de nombreuses années ».
Ces résultats restent cependant très préoccupants car l'exposition aux micro-nanoparticules de plastique pourrait être un facteur de risque modifiable d'AVC. Bien qu'il soit important de comprendre le mécanisme en jeu dans la physiopathologie de l'athérosclérose carotidienne symptomatique, cette association constitue une nouvelle cible potentielle pour la prévention des AVC.
Source: American Heart Association (AHA) Meeting Report - Presentation Tu0030 23 April, 2025 Micronanoplastics found in artery-clogging plaque in the neck
Plus sur les microplastiques
Cette actualité a été publiée le 1/07/2025 par
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