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BINGE DRINKING : Alcoolodépendance à vie ?

Actualité publiée il y a 4 années 5 mois 1 semaine
eNeuro
Le binge drinking induit une modification épigénétique induit des comportements de dépendance à l’alcool et d’anxiété, plus tard dans la vie.

Une consommation occasionnelle excessive d’alcool telle que le binge drinking amorce les comportements problématiques avec l’alcool, plus tard dans la vie, mais comment ? Cette équipe de l’Université de l'Illinois à Chicago identifie avec ce type d’exposition intermittente mais aiguë à l'alcool, une modification des taux d’un microARN responsable de l'expression des gènes dans les cellules, dans le cerveau des adultes. Cette modification épigénétique, documentée chez l’animal dans la revue eNeuro, induit des comportements de dépendance à l’alcool et d’anxiété un peu plus tard dans la vie.

 

Ces travaux contribuent à expliquer comment des épisodes de consommation aiguë vont laisser une signature biologique dans le cerveau, cependant ils laissent aussi l’espoir, en bloquant cette signature, de pouvoir inverser ou réduire ces effets à long terme d’une exposition intermittente.

Une exposition aiguë à l’alcool à l’adolescence impacte la capacité du cerveau à établir les connexions dont il a besoin

L’étude est menée sur des souris modèles exposées à l’âge jeune à des niveaux d'alcool élevés. Les chercheurs se sont concentrés sur les microARN-137 (ou miR-137), connus pour réguler l'expression des gènes dans les cellules, dans le cerveau des adultes : miR-137 est essentiel pour le développement neurologique normal. Les rats ont été exposés à un âge équivalent à l’adolescence chez l’Homme, à 2 g / kg d'éthanol/ jour, durant 2 jours, tous les 4 jours, sur 8 cycles au total, ou à une solution saline. Les chercheurs ont ensuite examiné leur comportement, l'expression du miARN et les modifications épigénétiques dans l'amygdale. Ils constatent que :

  • les jeunes rats exposés sont plus susceptibles que les animaux non exposés de choisir l’alcool plutôt que l’eau et présentent des signes d’anxiété ;
  • l’analyse de leur cerveau montre des niveaux accrus de miR-137 ;
  • les niveaux modifiés de miRN-137 correspondent à des niveaux modifiés de l’expression d’un gène cible, LSD1.

« Les micro-ARN-137 jouent un rôle important dans le développement normal du cerveau, mais lorsque les jeunes cerveaux sont exposés à de grandes quantités d'alcool par intermittence, comme cela se produit en cas de pratique du binge drinking, la fonction habituelle de la molécule est altérée », explique l’auteur principal, le Dr Subhash Pandey, professeur de psychiatrie au Centre de recherches sur l'alcool en épigénétique.

 

Inverser ces effets semble possible : ainsi, l’injection d’un antagoniste de miR-137 directement dans le noyau central de l'amygdale des animaux, efface leurs comportements de dépendance à l’alcool et d'anxiété induits par les épisodes de « binge drinking » à l’adolescence. Ainsi, bloquer miR137, permet de rétablir l’expression du gène LSD1 à la normale, c’est-à-dire aux niveaux précédant les expositions à l’alcool pendant l’adolescence.

Ces résultats désignent ainsi une nouvelle cible thérapeutique possible pour traiter l’alcoolodépendance et l'anxiété à l'âge adulte, après une exposition à l'alcool à l'adolescence. Ils confirment de précédentes recherches de la même équipe, qui suggéraient que les changements épigénétiques liés à l'alcool au jeune âge impactent « la capacité du cerveau, pendant ses années de développement, à établir les connexions dont il a besoin ».

 

« La consommation occasionnelle excessive d'alcool chez les adolescents est dangereuse et entraîne des effets épigénétiques à long terme sur le cerveau. La compréhension de ce mécanisme nous aide à mieux comprendre comment et pourquoi ces effets se produisent et comment nous pouvons réparer ces dommages »

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