BISPHÉNOL A : Confirmation d'un développement mammaire altéré et d'un risque de cancer accru
C'est à partir d'un nouveau système de culture d'organe que cette équipe de la Tufts University confirme les effets de l'exposition au bisphénol (A) sur les glandes mammaires fœtales. Des données, présentées dans les Scientific Reports, qui identifient un impact spécifique du BPA sur le développement normal des glandes mammaires, notamment en cas d’exposition à faible dose, dans des conditions similaires à celles de notre environnement.
Le bisphénol-A (BPA), un composé aux effets similaires à ceux de l'œstrogène est trouvé dans les matières plastiques, y compris les contenants alimentaires et de boissons. De précédentes études, chez l'animal, ont suggéré que le BPA augmente directement la croissance des tissus et perturbe la croissance mammaire chez le fœtus, en cas de niveaux comparables à l'exposition humaine. Des changements dans le tissu mammaire du fœtus qui s'avèrent également associés à un risque accru de cancer du sein à l'âge adulte. Jusqu'à présent, cependant, il est resté impossible de déterminer si les effets observés du BPA sont causés un mécanisme semblable à l'œstrogène ou par un autre, parce que les méthodolies de recherche ne permettaient pas d'isoler les effets des œstrogènes maternels.
Mais ici, les chercheurs de l'École de médecine de l'Université Tufts utilisent un nouveau système de culture d'organe qui permet de tester et évaluer les effets directs de l'exposition aux produits chimiques, dont l'œstrogène ou les composés mimant ses effets, comme le bisphénol A. La glande mammaire a été isolée à partir de souris embryonnaires puis conservée dans des conditions de laboratoire similaires à celles de son environnement naturel. Il devient donc possible d'étudier les effets d'une exposition chimique œstrogène-like, la glande mammaire alors privée d'œstrogène maternel. L'équipe constate que :
-le BPA affecte le tissu mammaire fœtal différemment en fonction de la dose.
Lorsqu'il est administré à des niveaux semblables à l'exposition humaine, le BPA entraîne un effet d'augmentation significative de la croissance et de la ramification des canaux mammaires.
-Lorsqu'il est administré à des niveaux beaucoup plus élevés, le BPA affiche l'activité opposée et inhibe de manière significative la croissance.
-Lorsque le tissu est traité par le fulvestrant, un composé anti-œstrogène qui bloque les récepteurs, ces effets ne sont pas observés : cela suggère que l'effet « BPA » est médié par les récepteurs.
-Lorsque le tissu est traité par l'estradiol, l'estrogène naturel produit par les ovaires, l'estradiol inhibe la croissance du tissu mammaire de manière dose-dépendante. Et, dans ce cas, le fulvestrant n'a aucun impact sur les changements induits par l'estradiol, ce qui suggère un fonctionnement différent de l'estradiol vs BPA.
Des résultats, écrivent les auteurs dans leur communiqué, qui illustrent la complexité de la régulation hormonale dans les organes.
Le BPA, à faibles doses, agit donc directement sur la glande mammaire du fœtus et provoque des effets similaires à ceux observés dans les précédentes études menées chez l'animal. Et ce sont des niveaux faibles, comme dans notre environnement, qui affectent directement le développement de la glande mammaire, ce qui peut augmenter le risque de cancer à l'âge adulte.
Au-delà de ces conclusions, il y a ce nouveau modèle ex-vivo qui permet désormais une exploration plus poussée des mécanismes par lesquels le BPA ou d'autres perturbateurs peuvent affecter nos tissus et nos organes.
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