CANCER COLORECTAL : 10 % des échantillons impropres au dépistage ?
Plus de 10 % des échantillons de selles fournis pour les tests de dépistage du cancer colorectal seraient impropres à l’analyse : pour preuve, dans ce système de santé disposant d’un filet de sécurité, plus de 10 % des tests immunochimiques fécaux n'ont pas pu être effectués. Ces données, publiées dans la revue Cancer Epidemiology Biomarkers & Prevention, suggèrent, simplement d’améliorer les explications apportées aux usagers, afin d’obtenir un échantillonnage plus complet et plus précis et de mieux "tracer" les patients dont les tests ne sont pas satisfaisants.
Alors que de précédentes études ont regardé comment augmenter la participation au dépistage, il existe peu de données sur les taux d’échec liés à des problèmes de collecte, d'étiquetage ou de stockage des échantillons, relève l’un des auteurs principaux, le DR Po-Hong Liu, chercheur en gastroentérologie à l'Université du Texas Southwestern (UT, Dallas). De plus, on ignore dans quelle mesure les patients qui soumettent des échantillons insatisfaisants subissent ensuite les tests de suivi nécessaires.
Enfin, l'efficacité du test dépend de plusieurs étapes : la participation de l’usager lors de la relance, la bonne réalisation du test, le suivi en cas de résultats anormaux et la régularité des tests nécessaires. « Une rupture dans le protocole, à tout moment, réduit l'efficacité du dépistage », rappellent les chercheurs.
L'éducation du patient a toute son importance dans le dépistage
L'étude a examiné les antécédents de 56.980 participants âgés de 50 à 74 ans ayant subi un dépistage entre 2010 et 2019 au sein du système de santé basé à Dallas, ce système disposant d’un filet de sécurité garantissant des soins aux patients non assurés, à faible revenu ou issus de minorités. Les tests ont été effectués dans des cabinets de soins de santé ou via un système de vente par correspondance, ce dernier envoyant automatiquement un nouveau test aux personnes ayant obtenu un résultat initial non satisfaisant. L’analyse révèle que :
- 10,2 % des tests se sont révélés non satisfaisants pour les raisons suivantes :
- un échantillon inadéquat à l’analyse : 51 % ;
- un étiquetage incomplet : 27 % ;
- un échantillon trop vieux : 13 % ;
- un contenant cassé ou qui fuit : 8 % ;
- seulement 41 % des participants ayant été informés de tests insatisfaisants ont bénéficié d’un dépistage de suivi ou d’une coloscopie dans les 15 mois suivant l’échec du test.
- Ainsi, la plupart des cas, un test de selles non satisfaisant n'est pas suivi d'un test de contrôle : l’approche doit donc être corrigée afin de suivre ces tests non satisfaisants.
Les tests effectués par correspondance sont près de 3 fois plus susceptibles de produire des résultats non satisfaisants
que les tests effectués en clinique. Cependant, les patients dont les tests par correspondance ne sont satisfaisants sont près de 2 fois plus susceptibles de subir un nouveau test de dépistage dans les 15 mois. Enfin, l’envoi du test par correspondance est très certainement un facteur majeur de participation au dépistage.
En conclusion, cette analyse souligne l'importance de mieux expliquer les étapes et le mode d’emploi du test ainsi que de mieux identifier et tracer les tests non exploitables. Les auteurs suggèrent d’ailleurs plusieurs solutions comme la révision des brochures de manière à éliminer au maximum les barrières linguistiques, des étiquettes ou codes-barres pré-apposés pour réduire les erreurs d'étiquetage et des systèmes mieux automatisés pour l’identification, le contact et le suivi des patients dont les tests ne sont pas satisfaisants.
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