CANCER COLORECTAL : Une petite dose de Viagra® pour réduire son risque ?
Une petite dose quotidienne de Viagra pourrait réduire significativement le risque de cancer colorectal, conclut cette recherche de l’Augusta University. L’étude, menée sur un modèle animal et présentée dans la revue Cancer Prevention Research montre, en particulier, que le Viagra® (Sildenafil) réduit de moitié la formation de polypes, des accumulations de cellules anormales et souvent asymptomatiques sur la paroi intestinale qui peuvent devenir cancéreuses.
Ces données obtenues chez l’animal vont donner lieu à un essai clinique pour tester le médicament chez des patients considérés à risque élevé de cancer colorectal, dont des patients ayant des antécédents familiaux, ayant déjà présenté de multiples polypes antérieurs ou atteints d’inflammation intestinale chronique. Le grand avantage, si ces données étaient ainsi confirmées chez l’Homme est que le Viagra a été utilisé sans danger pendant des années, à différentes doses, chez différents groupes d'âge, sans effets indésirables sévères.
Ici, les chercheurs ont dissous le médicament dans l'eau potable et constatent que le Viagra réduit les polypes chez une souris génétiquement modifiée pour présenter de très nombreux polypes et développer un cancer colorectal. Une dose équivalente à celle donnée à un bébé permet de réduire de moitié la quantité de tumeurs chez ces animaux.
Le Viagra est bien connu pour sa capacité à détendre les cellules musculaires lisses autour des vaisseaux sanguins ce qui permet aux vaisseaux de se remplir plus facilement de sang, un processus qui permet de lutter contre la dysfonction érectile et l'hypertension pulmonaire.
Le Viagra stoppe la prolifération incontrôlée des polypes et/ou des cellules mutées : l’équipe révèle un effet jusque-là inconnu du médicament : le Viagra augmente les niveaux de guanosine monophosphate cyclique (ou GMP cyclique), un messager chimique lui-même connu pour affecter la muqueuse intestinale, appelée l'épithélium. Sans pouvoir éclaircir totalement le processus, les auteurs constatent que l’augmentation des niveaux de GMP cyclique induit une suppression de la prolifération cellulaire excessive qui se produit dans l'intestin et une augmentation de la différenciation cellulaire normale, et, enfin, permet l'élimination naturelle des cellules anormales, à travers le processus d’apoptose.
Le Viagra en prévention à long terme : les polypes existants ne sont pas affectés par le traitement, ce qui suggère que cibler la signalisation GMP cyclique pourrait être une bonne stratégie de prévention chez les patients à risque élevé. Le Viagra est connu pour inhiber PDE5, une enzyme naturellement présente dans les cellules du côlon qui décompose le GMP cyclique de manière à le rendre « plus disponible » pour réduire la prolifération cellulaire et améliorer la différenciation en cellules caliciformes qui secrètent le mucus protecteur. Ici, les chercheurs précisent que l'inflammation est le moteur du cancer que dans moins de 5% des cas et que 80% des cancers se forment spontanément lorsque les cellules se divisent et développent une mutation qui peut favoriser une prolifération incontrôlée.
Le linaclotide moins tolérable à long terme : Enfin, les chercheurs ont également examiné les effets du linaclotide, utilisé pour traiter la constipation et le syndrome du côlon irritable avec constipation et, qui, comme le Viagra, est connu pour augmenter la GMP cyclique. Alors que le linaclotide s’avère également efficace à réduire significativement la formation de polypes, l'effet secondaire fréquent de diarrhée à peu près à n'importe quelle dose rend improbable une tolérance possible à long terme, en prévention du risque de cancer.
Alors, qu’à faibles doses, le Viagra n’a pas d'effets secondaires connus.
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