CANCER de la PROSTATE : Favorisé par certaines bactéries intestinales ?
L’influence du microbiote intestinal s’étend maintenant jusqu’à la prostate, avec cette nouvelle recherche, menée par une équipe de l’Institute of Cancer Research (Londres), de l’Institute of Oncology Research in Bellinzona (Suisse) et du Swiss Federal Institute of Technologie. Certaines bactéries intestinales peuvent en effet favoriser la croissance du cancer de la prostate et sa résistance au traitement, montre cette étude, publiée dans la revue Science, et menée à la fois in vitro, sur des biopsies de tissu humain et in vivo, chez l’animal. Ces travaux décryptent comment de faibles niveaux d'androgènes chez les patients peuvent entraîner l'expansion de certaines communautés bactériennes qui deviennent ensuite des usines à hormones qui soutiennent la croissance de la tumeur.
C’est ainsi tout un nouveau mécanisme qui est découvert et décrypté, par lequel le microbiome contribue à la progression du cancer de la prostate et à sa résistance à l'hormonothérapie - en fournissant une source alternative d'androgènes.
L'hormonothérapie est la norme de soins pour le cancer avancé de la prostate et agit en abaissant les niveaux d'androgènes. Mais ces faibles niveaux d'androgènes entraînent l'expansion de ces bactéries intestinales qui au-delà de favoriser la progression du cancer en constituent également un marqueur : ces « empreintes bactériennes » pourront aider à identifier les patients à haut risque de développer une résistance au traitement. Ces mêmes patients pourraient d’ailleurs bénéficier de thérapies ciblant leur microbiome, comme la transplantation de microbiote ou encore une supplémentation en probiotiques.
L’influence du microbiote, décryptée à la fois chez la souris et sur des échantillons de patients :
- l'élimination de toutes les bactéries intestinales chez les souris modèles de cancer de la prostate ralentit la croissance tumorale et retarde l'émergence de la résistance aux hormones ;
- la transplantation d'excréments de souris modèles de cancer de la prostate hormono-résistant à des souris présentant de faibles niveaux d'androgènes qui n'ont pas encore développé de résistance favorise la croissance tumorale ;
- les bactéries intestinales, toujours chez la souris, sont bien capables de fabriquer des hormones androgènes à partir de molécules précurseurs ;
- la transplantation de microbiote, de patients atteints d'un cancer de la prostate hormono-résistant à des souris modèle de cancer non résistant favorise la croissance tumorale et la résistance aux hormones ;
- l’analyse des bactéries intestinales sur des biopsies de patients traités pour un cancer de la prostate permet d’identifier une bactérie spécifique - Ruminococcus - qui pourrait jouer un rôle majeur dans le développement de la résistance. Une autre bactérie, Prevotella stercorea, apparaît associée à des résultats cliniques favorables ;
- l’incubation d’organoïdes de mini-tumeurs dérivées de patients atteints de cancer de la prostate avec différentes bactéries intestinales permet enfin aux chercheurs d’identifier
des « empreintes bactériennes favorables et défavorables »,
qui pourrait permettre d’identifier les patients pouvant bénéficier de thérapies ciblant le microbiote.
Si les bonnes bactéries jouent des rôles essentiels dans la santé humaine, le cancer et d'autres maladies peuvent rompre l’équilibre microbiotique en favorisant l'expansion de bactéries intestinales qui libèrent des toxines, des hormones ou d'autres molécules qui affectent les cellules cancéreuses. Dans ces cas, l'initiation de thérapies permettant de manipuler le microbiote, peut être une nouvelle piste thérapeutique pour traiter le cancer de la prostate.
Et peut-être tout simplement, « un yaourt enrichi en bactéries favorables pour éviter les résistances aux traitements »
« L'influence du microbiome intestinal sur le cancer est un nouveau domaine scientifique fascinant que nous commençons tout juste à comprendre. Ces découvertes passionnantes sont les premières à dévoiler un mécanisme par lequel le microbiome intestinal peut stimuler la croissance du cancer de la prostate et sa résistance à l'hormonothérapie ».
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