CANCER de la PROSTATE : Les promesses de la chirurgie par ultrasons
De précédentes études avaient déjà suggéré que la chirurgie par ultrasons focalisés (HIFU), qui permet de détruire uniquement les tissus souhaités, avec une très grande précision, pourrait permettre de traiter certains cancers avec moins d'effets secondaires. Cet essai clinique de phase II, à paraître dans le Lancet Oncology, confirme ces promesses dans le traitement du cancer de la prostate. L’équipe du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSK) apporte ici de nouvelles données d’efficacité ainsi que des témoignages de patients ayant retrouvé un bon niveau de qualité de vie.
Selon l’auteur principal, le Dr Behfar Ehdaie, chirurgien en cancérologie urologique, cette nouvelle approche thérapeutique peut être définie comme une « tumorectomie masculine » : au lieu d'enlever tout le tissu d'une prostate -ou d’un sein- il est plus sûr et plus efficace de traiter uniquement les zones cancéreuses, et « il devient possible de réduire considérablement le fardeau des patients ».
Une nouvelle stratégie thérapeutique connue sous le nom de thérapie focale
Cette nouvelle stratégie, développée ces dernières années qui vise l’ablation partielle de l’organe a fait peu à peu ses preuves pour le cancer de la prostate en particulier en cas de petites tumeurs confinées à une zone spécifique de la prostate. Au MSK, les chercheurs travaillent dans cette direction, en utilisant la technique connue sous le nom d'ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU), guidés par l'imagerie par résonance magnétique (IRM).
L'essai clinique de phase II, qualifié d’historique, démontre que cette méthode moins invasive fonctionne remarquablement bien pour de nombreux patients. L'essai a regardé l’efficacité du traitement par HIFU, guidés par IRM (MRgFUS), chez des participants atteints d'un cancer à risque intermédiaire. La nouvelle approche est parvenue à contrôler de manière efficace la maladie chez ces patients avec, dans le même temps, des effets secondaires indésirables extrêmement réduits. Cela suggère que
de nombreux hommes atteints d'un cancer de la prostate à risque intermédiaire pourraient éviter la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie.
« Nous pensons que cette nouvelle stratégie de traitement pourra améliorer la vie de nombreux patients atteints d'un cancer de la prostate », commente l’auteur : « si nous établissions un parallèle avec le traitement du cancer du sein, nous pourrions définir la thérapie focale comme une tumorectomie masculine. Au lieu de retirer tous les tissus d'un sein ou d'une prostate, nous avons appris qu'il est sûr et efficace de traiter les zones spécifiquement touchées ».
L’approche HIFU, désormais une alternative supplémentaire : ainsi, cet essai clinique de phase II marque une étape importante vers l'intégration de la nouvelle approche HIFU dans le traitement généralisé du cancer de la prostate. Car, lorsque le cancer est confiné à la prostate, les principales options de traitement comprenaient jusque-là la surveillance active, la chirurgie et la radiothérapie. L’approche HIFU constitue donc une alternative supplémentaire. Par ailleurs, elle pourrait également concerner certains patients qui avaient besoin d'une intervention chirurgicale ou d'une radiothérapie et subissaient souvent des effets secondaires persistants, tels que des problèmes urinaires et sexuels, très handicapants et néfaste à leur qualité de vie.
« La thérapie focale ouvre une nouvelle voie passionnante qui peut faire bouger les choses dans la gestion du cancer de la prostate ».
Comment ça marche ? L'échographie focalisée guidée par IRM (MRgFUS) est un traitement ambulatoire qui dure environ 2 heures. Les patients sous anesthésie sont placés dans un appareil d'IRM qui couvre la moitié inférieure du corps. Une fois que l'appareil a pris une image de la prostate, les médecins délimitent la zone de traitement et délivrent les ondes ultrasonores focalisées, guidées par l'IRM. Les ondes ultrasonores proviennent de différentes directions, se croisant pour attaquer et tuer le cancer en chauffant les cellules à plus de 70 °C. Le patient se réveille de l'anesthésie et rentre chez lui. Il n'y a pas d'incisions ou de blessures sur le corps à guérir. L’essai actuel confirme que la procédure est sans danger pour les patients et qu'ils peuvent reprendre une activité normale immédiatement.
Le témoignage d'un patient traité par HIFU pour le cancer de la prostate : ce patient, alors qu'il avait 65 ans, a vu son antigène spécifique de la prostate (PSA) commencer à augmenter fortement. Ce patient avait des antécédents familiaux, son père, son oncle et 2 cousins étant morts de la maladie. Un médecin de Boston a suggéré une intervention chirurgicale pour retirer le cancer dès que possible. Mis en contact avec le service oncologie du MSK, ce patient a subi le traitement MRgFUS, est sorti quelques heures plus tard et est retourné à l'hôtel avec sa femme et a dîné. « Pas de plaie, pas de points de suture, pas de repos dans un lit d'hôpital pendant des jours ou des semaines. J'ai porté un cathéter pendant les premières 24 heures et j'étais un peu fatigué, mais c'était tout. Le traitement s’est avéré moins douloureux que les biopsies que j'avais subies ». Plus de 5 ans plus tard, le patient se porte toujours bien et a évité la chirurgie et la radiothérapie. Il suit toujours des examens de suivi annuels et des biopsies de surveillance périodiques au MSK pour s'assurer que la maladie n'est pas revenue.
« J'ai l'impression qu'on m'a donné un nouveau souffle de vie, alors j'essaie d'en tirer le meilleur parti ».
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