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CANCER de l’ŒSOPHAGE : Une éponge qui pourrait sauver des millions de vies

Actualité publiée il y a 5 années 6 mois 1 semaine
Clinical Cancer Research
Il s’agit tout simplement d’une minuscule capsule de gélatine, d’une ficelle et d’une éponge de 2 centimètres

Ce nouveau test de dépistage du cancer de l'œsophage pourrait sauver des millions de vies : il s’agit tout simplement d’une minuscule capsule de gélatine, d’une ficelle et d’une éponge de 2 centimètres qui, judicieusement assemblés par cette équipe de la Johns Hopkins Medicine, devraient pouvoir permettre un dépistage peu coûteux de la maladie mortelle. Lorsque l’éponge remonte, au fur et à mesure de son ascension, elle recueille du matériel génétique et lorsqu’elle émerge, elle détient la clé de la santé œsophagienne du patient. Ce dispositif est présenté dans la revue Clinical Cancer Research.

 

Le cancer de l'œsophage fait plus de 400.000 victimes chaque année dans le monde. En l'absence de méthode efficace et fiable de dépistage de la maladie, au moment où les symptômes deviennent apparents, il est souvent trop tard pour intervenir et sauver le patient. La détection précoce est donc la priorité dans le cancer de l'œsophage : Les chances de traitement dépendent de la précocité du diagnostic. Cette petite éponge pourrait ainsi sauver des milliers de patients : Avec près d'un demi-million de nouveaux cas par an, le cancer de l'œsophage est le huitième cancer le plus répandu dans le monde. En 2016, près de 17.000 nouveaux cas ont été diagnostiqués et environ 16.000 décès par cancer de l'œsophage ont été recensés aux seuls États-Unis. Le taux de survie à cinq ans des personnes atteintes d'un cancer confiné à l'œsophage est de 43%. Quand il se propage aux tissus ou aux organes voisins, ce taux tombe à 23%. Et le cancer de l'œsophage qui se propage dans des régions éloignées du corps n'offre qu'un taux de survie à cinq ans de 5% seulement.

 

A l’intérieur de la capsule de gélatine, il y a « EsophaCap », l’invention du Dr Stephen Meltzer, gastro-entérologue, professeur de médecine et d'oncologie à l'Université Johns Hopkins. EsophaCap utilise des biomarqueurs génétiques spécifiques pour détecter des changements dangereux dans les cellules qui tapissent l'intérieur de l'œsophage. De précédentes études avaient déjà démontré la capacité des biomarqueurs de l’équipe à détecter une affection appelée œsophage de Barrett, un état précancéreux de l'œsophage qui incite l'organisme à remplacer le tissu qui tapisse l'organe avec des cellules pouvant devenir cancéreuses. Ainsi, la combinaison génique de p16, NELL1, AKAP12 et TAC1 permet d’atteindre une sensibilité de près de 92% du diagnostic.

 

Le principe de l’EsophaCap est simple : le patient avale une petite capsule à laquelle est attachée une longue ficelle. Une fois que la capsule a fait son chemin dans l'œsophage et dans l'estomac - processus qui ne prend qu'une minute environ -, la gélatine qui entoure la capsule commence à se dissoudre. De cette capsule émerge une éponge de polyuréthane de 2 centimètres, toujours attachée à la ficelle, dont une grande partie est encore suspendue à la bouche du patient. Le médecin tire doucement la ficelle et l'éponge commence son voyage de retour, hors de l'estomac, dans l'œsophage et enfin hors de la bouche du patient. Au fur et à mesure de son ascension, l'éponge entre en contact avec toute la longueur et la largeur de l'œsophage, recueillant du matériel génétique tout au long du parcours. Puis, l'éponge émerge chargée de matériel génétique. Elle détient la clé de la santé œsophagienne du patient. L'éponge est enfin envoyée à un laboratoire qui effectue des tests génétiques simples sur le matériau afin de déterminer le risque de cancer de l'œsophage du patient.

 

Un test concluant sur 94 patients : 85% des sujets ont pu avaler la capsule et 100% ont réussi à récupérer leur éponge. L'évaluation endoscopique des patients après l'administration d'EsophaCap n'a révélé aucun signe de saignement, de douleur, de traumatisme ou d'autres réactions indésirables au test.

 

Une éponge plutôt qu’une biopsie ! En fait, souligne le chercheur, il n’existe pas de méthode de dépistage de routine pour la maladie. L'endoscopie et la biopsie ne sont pas idéales, car elles sont inexactes, coûteuses et reposent sur des échantillons de tissus aléatoires, plutôt que sur du matériel provenant de toute la muqueuse de l'œsophage. Avec ces méthodes standards, il reste possible de passer à côté de cellules cancéreuses précoces en utilisant une endoscopie avec biopsie.

EsophaCap apporte ou pourra bientôt apporter une solution à ce risque d’erreur.


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