CANCER du CERVEAU : Sur l’efficacité des ultrasons focalisés associés à la chimiothérapie
Cet essai clinique utilisant les ultrasons focalisés en association avec la chimiothérapie révèle un bénéfice thérapeutique de la combinaison, en termes de survie pour les patients atteints d'un cancer du cerveau. Ces résultats, publiés dans le Lancet Oncology, confirment, en particulier, la capacité des ultrasons focalisés à ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique pendant la chimiothérapie.
Le glioblastome, la forme la plus mortelle de cancer du cerveau et le type de tumeur cérébrale maligne le plus fréquent et le plus mortel. Le taux de survie à cinq ans n'est que de 5,5 %, et les patients vivent en moyenne de 14 à 16 mois après le diagnostic lorsqu'ils sont traités par chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie, le cas échéant. La tumeur récidive presque toujours, en raison des cellules cancéreuses infiltrantes résiduelles qui persistent après le traitement.
La barrière hémato-encéphalique est un réseau spécialisé de vaisseaux sanguins et de cellules cérébrales qui constitue le système de protection du cerveau contre l'invasion de toxines et de microbes dangereux. Elle peut être ouverte temporairement grâce à un appareil d’échographie focalisée spécialisé. Ce procédé consiste à injecter des microbulles remplies de gaz inerte dans le flux sanguin du patient. Guidées par IRM, des régions cérébrales précises sont ciblées pendant la circulation des microbulles injectées. Sous l'effet d'ondes ultrasonores de faible intensité, les microbulles oscillent au sein du champ énergétique, provoquant des perturbations mécaniques temporaires dans les parois des vaisseaux sanguins cérébraux.
Cet essai multicentrique, mené par des chercheurs de la faculté de médecine de l'Université du Maryland University of Maryland (UMSOM), met ainsi en évidence que ce procédé, combiné à la chimiothérapie permet :
une augmentation de près de 40 % de la survie globale.
L’étude est menée auprès de 34 patients atteints de glioblastome ayant reçu des ultrasons focalisés guidés par IRM en association avec une chimiothérapie standard. Les patients inclus dans l'étude ont été appariés à un groupe témoin de 185 patients atteints de glioblastome, rigoureusement sélectionnés et présentant des caractéristiques similaires. Ces patients ont reçu la dose standard de témozolomide (un médicament de chimiothérapie), sans ultrasons focalisés. Tous les participants à l'essai ont d'abord subi une intervention chirurgicale pour retirer leur tumeur cérébrale, suivie de 6 semaines de chimiothérapie et de radiothérapie, puis jusqu'à 6 séances mensuelles d'ultrasons focalisés associées au témozolomide. L’analyse révèle que :
- ces participants ont bénéficié une augmentation de près de 40 % de la survie globale ;
- précisément, les participants à l'essai ont présenté une survie médiane sans progression de près de 14 mois, vs 8 mois pour le groupe témoin ;
- en termes de survie globale, les participants du groupe d’intervention ont vécu en moyenne plus de 30 mois vs 19 mois pour le groupe témoin.
Explication : bien que le témozolomide soit le traitement standard du glioblastome, ce médicament est généralement bloqué par la barrière hémato-encéphalique. Des études montrent que moins de 20 % du médicament atteint le cerveau chez les patients. Cette étude n'a pas déterminé la quantité exacte de témozolomide atteignant le cerveau chez chaque patient, mais de précédentes recherches ont montré que l'ouverture de la barrière hémato-encéphalique avant l'administration de la chimiothérapie peut augmenter considérablement la quantité de médicament atteignant la tumeur primitive.
L’auteur principal, le Dr Graeme Woodworth, professeur et chef du service de neurochirurgie à l'UMSOM et neurochirurgien en chef au Centre médical de l'Université du Maryland, relève : « Nos résultats sont très encourageants. L'utilisation d'ultrasons focalisés pour ouvrir la barrière hémato-encéphalique et administrer la chimiothérapie pourrait augmenter significativement la survie des patients ».
Quelles applications ? Outre les implications thérapeutiques, cette technique pourrait s'avérer utile pour mieux suivre les patients et déterminer si leur cancer du cerveau a progressé. Car
l'ouverture de la barrière hémato-encéphalique facilite le recours à une « biopsie liquide »,
un test sanguin permettant de détecter des biomarqueurs du cancer, tels que des fragments d'ADN, des protéines et d'autres composants du milieu liquide entourant la tumeur. Ces biomarqueurs sont utilisés dans d'autres types de cancers pour déterminer si la tumeur est stable, susceptible de progresser ou même de métastaser. Jusqu'à présent, cependant, ces tests n'avaient pas été utilisés dans le cancer du cerveau, car la plupart des composants ne peuvent pas passer du cerveau dans la circulation sanguine en raison de la barrière hémato-encéphalique.
Ces résultats extrêmement prometteurs et constituent une avancée majeure dans le traitement du glioblastome.
De futurs essais vont tester les ultrasons focalisés en association avec d'autres agents de chimiothérapie afin de tester l'efficacité de médicaments jamais utilisés dans le traitement du cancer du cerveau en raison de leur incapacité à franchir la barrière hémato-encéphalique.
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