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CANCER du PANCRÉAS : L’inflammation reprogramme les cellules pancréatiques en cellules tumorales

Actualité publiée il y a 2 années 5 mois 3 semaines
Science
Les cellules pancréatiques sont reprogrammées en réponse à l'inflammation, activant des voies qui coopèrent avec le mutant KRAS pour favoriser ensuite la formation de tumeurs (Visuel Adobe Stock 281104038)

Cette étude de cancérologues du MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas révèle un tout nouveau processus de cancérogenèse dans le cancer du pancréas : les cellules pancréatiques sont reprogrammées en réponse à l'inflammation, activant des voies qui coopèrent avec le mutant KRAS pour favoriser ensuite la formation de tumeurs. Cette découverte, documentée dans la revue Science, éclaire le lien établi de longue date entre l'inflammation et le développement du cancer du pancréas. Cette réponse adaptative des cellules pancréatiques pourrait être contrée par de nouvelles thérapies.

 

En temps normal, cette réponse adaptative aux épisodes inflammatoires répétés est censée protéger contre les lésions tissulaires mais, dans certains cas, en présence de KRAS mutant, elle joue le rôle opposé et favorise la formation de tumeurs. Les chercheurs démontrent ainsi que le mutant KRAS – une mutation retrouvée dans environ 95% des cancers du pancréas – détourne cette réponse adaptative en pression sélective visant à maintenir la mutation cancérigène.

Les cellules épithéliales s'enflamment avec le KRAS oncogène

pour favoriser les tumeurs pancréatiques longtemps après la résolution de l'inflammation, écrit  l'auteur correspondant, le Dr Andrea Viale, professeur de médecine génomique : « Dans le cadre d'une pancréatite répétée, les mutations KRAS peuvent être acquises tôt pour limiter les dommages tissulaires, ce qui suggère l'existence d'une forte pression évolutive pour sélectionner les cellules mutées et contribue à expliquer la présence quasi universelle de KRAS mutant dans les cancers du pancréas ».

 

Décryptage du lien entre inflammation et cancer : depuis longtemps, l'inflammation est liée au développement de tumeurs dans plusieurs types de cancer, mais la relation reste mal comprise. L'équipe a donc regardé si la pancréatite ou inflammation du pancréas était liée à un risque plus élevé de cancer. Les chercheurs ont stimulé une inflammation transitoire dans un système modèle de cancer du pancréas inductible induit par KRAS. L'inflammation a provoqué des changements pathologiques immédiats dans les cellules pancréatiques, mais ces changements ont disparu en une semaine. Cependant, l'activation de KRAS même des mois après la résolution de l'inflammation a fini par entraîner la formation d’une tumeur, ce qui suggère que :

  • l'inflammation entraîne des changements dans les cellules épithéliales qui coopèrent avec le KRAS mutant pour déclencher le développement du cancer.

 

Inflammation et mémoire épithéliale : l’analyse moléculaire approfondie des cellules épithéliales à la suite d'un seul événement inflammatoire révèle une reprogrammation substantielle de l'expression des gènes et de la régulation épigénétique qui persiste longtemps après la réparation des lésions tissulaires, un processus que les chercheurs appellent « mémoire épithéliale ». Cette reprogrammation cellulaire a activé des voies liées à la survie cellulaire, à la prolifération et au développement embryonnaire, des voies similaires aux voies actives au cours du développement du cancer.

 

La reprogrammation cellulaire causée par l'inflammation facilite également l'acquisition d'une métaplasie acino-canalaire (ADM), un processus réversible au cours duquel les cellules acineuses pancréatiques acquièrent les caractéristiques des cellules canalaires. Les cellules acineuses sont responsables de la production et de la sécrétion d'enzymes digestives, tandis que les cellules canalaires sont responsables de l'acheminement de ces enzymes dans l'intestin grêle. L'ADM, un processus normalement réparateur, qui se produit normalement en réponse à des lésions pancréatiques, est considérée comme un précurseur du cancer du pancréas.

 

L'équipe de recherche travaille maintenant à développer des stratégies pour stimuler l'ADM normalement protectrice dans le pancréas, tout en contrant la pression de sélection pour KRAS muté. Ces découvertes pourraient donc déboucher sur de nouveaux traitements de la pancréatite mais également du cancer du pancréas.

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