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CANCER : Les effets secondaires sexuels du traitement, passés sous silence

Actualité publiée il y a 1 année 10 mois 1 semaine
ASTRO
La recherche sensibilise, pour la première fois à la disparité de prise en compte et d’évaluation de l'impact du traitement sur la santé sexuelle, selon le sexe (Visuel Adobe Stock 262591840)

Les effets secondaires sexuels du traitement du cancer sont souvent ignorés chez les patientes, conclut cette équipe de l’Université du Michigan, présentée lors de American Society for Radiation Oncology (ASTRO) Annual Meeting 2022. La recherche sensibilise, pour la première fois à la disparité de prise en compte et d’évaluation de l'impact du traitement sur la santé sexuelle, selon le sexe.

 

Ainsi, ces effets secondaires sexuels des traitements du cancer sont beaucoup moins fréquemment discutés avec les patientes qu'avec les patients masculins, même lorsque le traitement affecte directement les organes sexuels. Parmi les patients recevant une curiethérapie pour un cancer de la prostate ou du col de l'utérus dans un centre anticancéreux, 9 hommes sur 10 ont été interrogés sur leur santé sexuelle, vs 1 femme sur 10. Cette disparité vaut également pour les essais cliniques menés sur le sujet.

Être plus à l’écoute de l’expérience du patient

Les chercheurs en oncologie de l'Université du Michigan (Ann Arbor), appellent ainsi leurs collègues à rester à l’écoute et à chercher à comprendre les expériences de leurs patients du traitement de leur cancer.

« Les patientes sont interrogées sur les problèmes sexuels beaucoup moins souvent que les patients masculins »,

commente l’auteur principal, le Dr Jamie Takayesu, médecin radiologue résident en oncologie au Rogel Cancer Center. La tendance est vérifiée au niveau national dans les essais cliniques. Le cancer du col de l'utérus et le cancer de la prostate sont 2 types de cancer qui répondent bien à la radiothérapie et à d'autres traitements et on estime que 96 % des patients atteints d'un cancer de la prostate et 67 % des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus vont survivre 5 années ou plus après le diagnostic. Cette survie longue n’est cependant pas sans effets secondaires dont la dysfonction sexuelle.

 

La curiethérapie qui consiste à insérer des sources radioactives directement dans la tumeur que ce soit pour le cancer de la prostate ou du col de l'utérus, peut entraîner une toxicité élevée pour les organes génitaux.

  • Environ la moitié des femmes qui reçoivent une curiethérapie cervicale éprouvent des effets secondaires sexuels, en raison le plus souvent de modifications des tissus vaginaux et d’une sécheresse qui cause de la douleur et de l'inconfort.
  • Entre un quart et la moitié des hommes qui reçoivent une curiethérapie de la prostate souffrent de dysfonction érectile.
  • Chez les patients des 2 sexes, ces effets secondaires peuvent survenir pendant, après ou bien après le traitement.

 

L’étude combine une analyse rétrospective des dossiers de 201 patients traités par curiethérapie pour un cancer de la prostate (n = 75) ou un cancer du col de l'utérus (n = 136) entre 2010 et 2021. L’analyse confirme :

 

  • une différence marquée entre le nombre de patients masculins et féminins interrogés sur la santé sexuelle lors de leur première consultation : 89% des hommes vs 13% des femmes ;
  • aucune des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus n'a été invitée à évaluer sa santé sexuelle à l'aide d’une échelle reconnue, comparativement à 81 % des patients atteints d'un cancer de la prostate ;
  • une méta-analyse de 78 essais portant sur la curiethérapie pour la prostate et de 53 essais sur la curiethérapie cervicale, confirme que les essais sur le cancer de la prostate, par rapport aux essais sur le cancer du col de l'utérus, sont significativement plus susceptibles d'inclure la fonction sexuelle comme critère d'évaluation principal ou secondaire (17 % contre 6 %) ;
  • les essais sur le cancer de la prostate, par rapport aux essais sur le cancer du col de l'utérus, sont également plus susceptibles d'inclure la qualité de vie globale comme critère d'évaluation (37 % vs 11 %).

 

Pourquoi cette disparité de prise en compte entre hommes et femmes ? Selon les auteurs, plusieurs facteurs entrent en jeu, dont certains spécifiques aux maladies étudiées :

 

  • avec le cancer de la prostate, par exemple, les patients ont plusieurs options de traitement, et les effets secondaires sexuels sont une considération courante lors de la prise de décision thérapeutique. Dans le cas du cancer du col de l'utérus, il y a moins d’options de traitement ;
  • discuter du dysfonctionnement sexuel avec des patientes peut-être plus délicat ;
  • il n'existe aucun médicament approuvé spécifiquement pour le dysfonctionnement sexuel féminin, alors que plusieurs options sont disponibles pour l'impuissance masculine. D’autre part, plusieurs grandes études ont confirmé que les traitements existants pour les femmes sont souvent inefficaces. « Il est facile pour nous de prescrire différents médicaments à nos patients masculins, mais pour nos patientes, nous n'avons pas d’option efficace ».

 

Développer des options médicales efficaces pour le dysfonctionnement sexuel féminin : dans l’attente de telles options, les auteurs rappellent l’intérêt de la thérapie du plancher pelvien qui peut apporter un certain soulagement aux patientes.

 

Les chercheurs précisent aussi que dans le cas de la curiethérapie, la fonction sexuelle peut être préservée grâce à un processus spécifique de planification du traitement, un placement des sources de curiethérapie ou l'adaptation des doses de rayonnement.

L’objectif est que les médecins interrogent plus fréquemment les patientes sur leur santé sexuelle.


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