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CANNABIS : Comment diagnostiquer un trouble lié à sa consommation ?

Actualité publiée il y a 1 année 3 semaines 1 jour
JAMA Psychiatry
L’équipe propose une feuille de route pour mieux cadrer la prescription et l’utilisation du cannabis. Médical. (Visuel Adobe Stock 485714381)

Le trouble lié à sa consommation de cannabis peut-il être diagnostiqué avec précision ? S’interrogent ces chercheurs de l’Université Rutgers (New Jersey). L’équipe propose, dans le JAMA Psychiatry une feuille de route pour mieux cadrer la prescription et l’utilisation du cannabis. Médical.

 

Le trouble lié à la consommation de cannabis est défini par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) comme un schéma comportemental problématique entraînant une altération ou une détresse cliniquement significative, avec des symptômes pouvant inclure une tolérance accrue, des symptômes de sevrage, un fort désir (craving) et beaucoup de temps passé à consommer du cannabis.

 

L’équipe de Rutgers, dirigée par Tammy Chung, directrice du Center for Population Behavioral Health du Rutgers, a souhaité éclaircir et préciser la façon dont le trouble lié à la consommation de cannabis peut-être diagnostiqué, en particulier pour les personnes qui consomment du cannabis à des fins thérapeutiques. En effet, la légalisation croissante du cannabis, à des fins récréatives comme thérapeutiques induit une augmentation naturelle de sa consommation. Or la définition proposée par le DSM a été élaborée avant cette forte augmentation de la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques. Le DSM considère toujours le cannabis comme une substance illicite, ce qui n’est plus le cas dans de nombreux états. Enfin, depuis, de nombreuses études ont documenté les effets bénéfiques possibles (antalgiques, antiémétiques notamment) du cannabis.

Usage récréatif et thérapeutique doivent être distingués

Les chercheurs recommandent aux experts de différencier l'usage récréatif du cannabis, de l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques. Cette distinction, jugée importante par les auteurs, permettrait d’éviter les erreurs de diagnostic, en particulier pour les personnes qui ne consomment du cannabis qu'à des fins thérapeutiques et sous surveillance médicale appropriée. Le principe suggéré est celui adopté par le DSM pour traiter les troubles liés à d'autres substances, comme les opioïdes et les sédatifs, à la fois prescrits et également considérés comme des substances illicites.

 

Cannabis thérapeutique, quelle dose conseiller ? Alors que le cannabis à des fins thérapeutiques est seulement recommandé, et non prescrit, cela pose évidemment la question de la dose appropriée et adaptée aux différents modes de consommation (vapotage, ingestion). Il y a là à l’évidence la nécessité de mieux réglementer les produits à base de cannabis et de poursuivre les recherches sur les effets thérapeutiques du cannabis pour de nombreux problèmes de santé.

 

Le protocole de diagnostic actuel du trouble lié à la consommation de cannabis n’est pas satisfaisant. Ces experts rappellent que selon le DSM, le diagnostic de trouble lié à la consommation de cannabis suppose que le sujet remplisse 2 critères au moins sur 11 signes cliniques. Ces critères pourraient inclure uniquement une tolérance accrue au cannabis et des symptômes de sevrage, qui sont pourtant couramment signalés par les personnes qui consomment du cannabis thérapeutique.

Ces 2 symptômes seuls peuvent ne pas caractériser une utilisation problématique.

Alors quel modèle pour le diagnostic ? Avant tout, le sujet devrait présenter une altération des activités quotidiennes mais aussi une grande difficulté à réduire la consommation ou encore une pratique de la consommation dans des situations dangereuses (comme avant la conduite automobile), soutiennent les auteurs.

 

Plus précisément, ils décrivent un modèle basé sur celui utilisé pour diagnostiquer un trouble lié à l'utilisation de substances chez une personne à qui on a prescrit des médicaments, tels que des opioïdes ou des sédatifs. Par ailleurs, les auteurs appellent à une meilleure formation des professionnels de santé à détecter ce trouble, en particulier dans le conteste de la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques.

 

« Notre modèle répond au besoin critique d'améliorer la façon dont le trouble lié à l'usage du cannabis est diagnostiqué chez les personnes qui consomment du cannabis à des fins thérapeutiques. Un diagnostic erroné, en particulier un surdiagnostic, représente une erreur médicale. Il existe bien un risque d'erreur de diagnostic avec le modèle standard actuel. Et cette erreur peut favoriser une mauvaise compréhension des effets de l'usage thérapeutique du cannabis pour la santé ».

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