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STATINES : Des effets secondaires imaginaires ?

Actualité publiée il y a 2 années 1 mois 2 semaines
Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle
« les effets secondaires des statines sont-ils tous dans la tête ? » (Visuel Adobe Stock 169866578)

Une récente étude dénonçait déjà une intolérance aux statines « surestimée et sur-diagnostiquée », ces experts de l'International Lipid Expert Panel (ILEP), posent à nouveau  la question : « les effets secondaires des statines sont-ils tous dans la tête ? ».

L'étude, publiée dans le Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle, se concentre sur l’effet « drucebo » qui fait référence à la différence d'effets secondaires ressentis lorsqu'un comprimé contenant un ingrédient actif (dans ce cas, une statine) est pris soit en sachant qu'il s'agit d'une statine, soit en aveugle. Les chercheurs apportent ici des recommandations qui, en permettant "de mieux faire la part des choses", vont faciliter des décisions de traitement éclairées et personnalisées.

 

Cet effet « drucebo » est à distinguer de l’effet « nocebo » qui fait référence aux effets secondaires indésirables qu'un patient peut ressentir lorsqu'il reçoit une pilule ne contenant aucun ingrédient actif. Ainsi, si l’effet placebo, mieux connu, est l'effet psychologique et/ou physiologique positif associé à la prise d'une substance inerte, si l’effet nocebo est l’effet délétère également associé à la prise d'une substance inerte, l’effet drucebo est l’effet lié à la seule attente placée dans le médicament et ses effets secondaires déjà connus. Ici, les experts se concentrent sur les effets secondaires négatifs, redoutés par les patients avec les statines, soit les effets nocebo/drucebo. L’enjeu de mieux comprendre l’étiologie de ces effets est essentiel, en regard de l’utilisation massive de ces hypolipémiants.

 

Les statines sont en effet parmi les médicaments les plus couramment prescrits et il existe des preuves solides et sans ambiguïté que le traitement fait une différence significative dans la prévention des maladies cardiovasculaires. Une méta-analyse récente a montré que la prévalence de l'intolérance aux statines est inférieure à 10 %. Cependant,

un patient sur deux arrête de prendre ses statines,

en réduit la dose ou en prend de manière irrégulière car il craint ses effets secondaires.

 

Analyser l'effet nocebo vs drucebo : l'International Lipid Expert Panel (ILEP) décrit ainsi l'effet nocebo vs drucebo et propose ici un protocole de diagnostic et de gestion des symptômes associés aux statines, dont les douleurs musculaires. L’auteur principal, le Pr Maciej Banach, des Universités de Lodz et de Zielona Góra, (Pologne) qualifie de « problème mondial » le défi posé par le diagnostic de l'intolérance aux statines. "Nous savons que la plupart des effets secondaires diagnostiqués des statines ne devraient pas, en fait, être attribués au traitement lui-même. Jusqu'à 70 % des symptômes peuvent être dus aux phénomènes psychologiques que sont les effets « nocebo » ou « drucebo »".

 

 « L'effet « nocebo/drucebo » se produit lorsque les patients s'attendent à ressentir les effets secondaires indésirables des statines, ce qui fait qu'ils ressentent réellement ces symptômes. Leurs connaissances de ces effets indésirables proviennent d'Internet, de dépliants, d'amis, de la famille et d'autres sources, et les effets secondaires les mieux connus sont les douleurs musculaires et les troubles hépatiques. Ces croyances à l’origine de symptômes réellement ressentis, nuisent à l’observance du traitement , avec des conséquences cardiaques, des AVC, et un risque accru de décès.

 

Des recommandations de bonnes pratiques : ces experts cliniciens proposent ici à leurs homologues des recommandations de bonnes pratiques fondées sur la preuve qui visent à améliorer les soins centrés sur le patient chez ce groupe de patients à risque de maladie cardiovasculaire mais touchés par ces effets indésirables.

 

« Les bénéfices des statines ne sont pas perçus immédiatement par les patients, alors que les effets indésirables associés sont plus immédiats, ce qui incite de nombreux patients à arrêter les statines, s'exposant ainsi à un risque de maladie grave ou de décès. Nous espérons faciliter, avec ces recommandations, la prise de décision partagée entre les patients et leurs médecins ». Parmi les principales recommandations :

 

  • les professionnels de la santé devraient tenir compte de l'effet nocebo/drucebo lorsqu'ils prescrivent des statines pour la première fois et informer les patients sur les avantages et le risque réel d’effets secondaires de la thérapie ;
  • un plan d'intervention lipidique personnalisé permet d’accompagner ce processus de prescription. Il estime le risque de maladie cardiovasculaire du patient sur 10 ans avec et sans traitement par statines, et apporte également des informations claires sur les effets indésirables possibles, notamment le fait que les symptômes musculaires sont courants mais objectivement rarement causés par les statines ;
  • mettre en œuvre un suivi régulier du patient sous statine pour vérifier l'innocuité et l'efficacité du traitement ;
  • des recommandations pour diagnostiquer efficacement l'intolérance aux statines et savoir exclure l'effet nocebo/drucebo ;
  • des recommandations pour gérer les patients sans ou avec biomarqueurs d’anomalies mais se plaignant de symptômes musculaires associés aux statines ;
  • des recommandations, enfin, pour gérer les patients présentant une intolérance complète aux statines;
  • connaître les alternatives aux statines permettant aussi de réduire le cholestérol.

 

Les chercheurs concluent que le jugement du médecin combiné à leur connaissance du patient sont deux critères déterminants, bien sûr, dans la décision de traitement.

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