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CANNABIS à l’ADOLESCENCE et développement cognitif : Quelle relation ?

Actualité publiée il y a 5 années 4 mois 1 semaine
American Journal of Psychiatry
La consommation de cannabis chez les adolescents n'est pas sans risque pour le développement cognitif et c’est le principal effet nocif documenté dans la littérature.

La consommation de cannabis chez les adolescents n'est pas sans risque pour le développement cognitif et c’est le principal effet nocif documenté dans la littérature. En sensibilisant à nouveau au risque de la consommation de cannabis à l’adolescence, une période où le cerveau est encore en plein développement, cette équipe du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal, va plus loin dans la compréhension des riques, en montrant qu’au-delà du rôle de la cognition dans la vulnérabilité à la consommation de substances, on observe en effet et "dans l'autre sens" des effets simultanés et durables de la consommation de cannabis chez les adolescents.

 

Au-delà des effets intoxicants aigus, l’abus d’alcool et de cannabis a été associé à des troubles de l’apprentissage, de la mémoire, de l’attention et de la prise de décision, ainsi qu’à de moins bons résultats scolaires. « Bien que de nombreuses études aient déjà révélé des différences de performances cognitives entre les groupes de jeunes utilisateurs et de non-utilisateurs, il restait encore à établir les effets causals et durables de la consommation de substances psychoactives sur le développement cognitif », explique Jean-François G. Morin, co-auteur de l’étude.

 

L’étude présentée ici est unique en ce qu'elle suit un large échantillon de élèves du secondaire à l'aide de mesures de la cognition et de la consommation de substances. Grâce à cette approche fondée sur un grand nombre de données, la recherche a pu en effet préciser la nature complexe de la relation entre cognition et cannabis à l’adolescence.

Pour comprendre la relation, l'équipe de recherche a suivi 3.826 adolescents sur une durée de 4 ans et a regardé le lien entre les changements annuels de consommation de substances et le développement cognitif dans de nombreux domaines cognitifs, tels que la mémoire de rappel, le raisonnement, l'inhibition et la mémoire de travail. L’analyse confirme que :

  • la vulnérabilité au cannabis (et à la consommation d'alcool) à l'adolescence est associée à une performance généralement inférieure dans tous les domaines cognitifs. Cela suggère l’existence ‘une prédisposition cognitive à la consommation de cannabis ;
  • cependant, dans l’autre sens, une augmentation de la consommation de cannabis (mais pas de consommation d'alcool) s’avère entrainer des effets supplémentaires simultanés et retardés sur les fonctions cognitives, en particulier sur le raisonnement, le rappel de la mémoire, la mémoire de travail et le contrôle inhibiteur ;
  • En particulier, l’effet de la consommation de cannabis sur une mesure du contrôle inhibiteur, un facteur de risque d'autres comportements addictifs ou de dépendance, pourrait expliquer pourquoi la consommation précoce de cannabis est un facteur de risque d'autres toxicomanies ;
  • Enfin, certains des effets sont encore plus prononcés lorsque la consommation commence plus tôt dans l'adolescence.

 

Ces conclusions qui précisent la relation bilatérale et réciproque entre cannabis et cognition à l’adolescence sont primordiales dans le contexte actuel de légalisation croissante du cannabis. Elles doivent rappeler et sensibiliser parents, éducateurs et professionnels de santé, tout comme les jeunes consommateurs aux effets néfastes du cannabis sur le cerveau en développement et inciter à investir plus largement dans des programmes de prévention de la toxicomanie.

Il s’agira de mener des analyses supplémentaires avec cette cohorte ou d’autres, sur la même relation à la période de transition vers l’âge adulte et dans d’autres contextes de légalisation.

 

Les chercheurs souhaitent également déterminer si ces effets sur le développement du cerveau sont liés à d'autres difficultés telles que des performances scolaires médiocres, des dommages neuroanatomiques et dans quelle mesure ils prédisent le risque de dépendance future ou de troubles de santé mentale.

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