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CICATRISATION : Un nouveau mécanisme révélé par les parasites

Actualité publiée il y a 5 années 9 mois 6 jours
Nature
La  relation hôte-parasite pourrait inspirer de nouvelles voies thérapeutiques pour la cicatrisation des plaies.

Dans ce processus de cicatrisation, il n’est pas question d’épithélialisation ou de production de nouvelles cellules épithéliales à partir de cellules souches, mais d’un retour génétique à contexte de croissance fœtale. Bref, ces travaux d’une équipe de Université de Californie - San Francisco, présentés dans la revue Nature, montrent tout l’intérêt d’étudier les lésions parasitaires et la relation hôte-parasite. Une relation qui met en jeu chez l’hôte d’autres processus de réparation qui pourraient inspirer de nouvelles voies thérapeutiques pour la cicatrisation des plaies.

 

Ces expériences utilisant des vers parasitaires dans l'intestin de la souris révèlent en effet une toute nouvelle forme et surprenante, de réparation de la plaie, une découverte qui pourrait aider les scientifiques à développer des moyens de booster nos capacités naturelles pour mieux cicatriser. Car il n’est pas question de recourir ici aux cellules souches adultes pour la cicatrisation de tissus comme l'intestin et la peau, mais de réactiver le type de croissance cellulaire observé dans les tissus fœtaux.

 

La cicatrisation des plaies causées par une blessure, une intervention chirurgicale ou un accident peuvent être impactées par le temps, la circulation sanguine, les bactéries, les mouvements, l'humidité et d'autres facteurs. Les facteurs impliqués dans la cicatrisation des plaies, sont si nombreux que toute cicatrisation, y compris de plaie externe courante et sans complication reste un défi clinique. Ces travaux sont plus centrés -mais pas seulement- sur les plaies internes souvent plus difficiles à traiter. A « l’intérieur » comme à l’extérieur, les couches épithéliales forment des barrières de protection et sont continuellement renouvelées par des cellules souches adultes. Alors que la dynamique des cellules souches épithéliales au cours de l'homéostasie ou « maintenance des tissus » est bien comprise, la façon dont les cellules souches initient le processus de cicatrisation après une blessure reste mal comprise.

 

Ici, les chercheurs s’inspirent d’un ver parasite, Heligmosomoides polygyrus, qui perturbe l'intégrité des tissus en pénétrant dans la muqueuse duodénale, où il se développe. Les cellules souches adultes dans les intestins sont essentielles pour maintenir le statu quo digestif. La muqueuse intestinale est également composée de cellules épithéliales qui absorbent les nutriments et produisent du mucus protecteur. Ces cellules sont remplacées au bout de quelques jours par de nouvelles cellules souches. Si l’on pouvait imaginer qu’en réponse aux lésions, les cellules souches augmenteraient leur activité pour réparer les plaies créées par les parasites, ce n’est pas le cas. Car les cellules souches dans les zones infectées par les vers ont complètement disparu. Pourtant, dans la zone lésée, le tissu s'est régénéré plus rapidement que jamais. En revanche, une nouvelle voie génétique est exprimée, qui reproduit l’état fœtal et sa réponse de réparation remarquable à la lésion.

 

Des mécanismes similaires dans d'autres tissus ? L’auteur principal, le Dr Ophir Klein, de l'UCSF, en est tout à fait persuadé : « Cette découverte pourrait être un changement de paradigme dans la compréhension des processus possibles de cicatrisation ». Les relations parasite-hôte sont donc, selon les chercheurs, une nouvelle voie à étudier. Et, dans ce cas précis, l'hôte ou l’intestin réutilise un état fœtal pour se remettre de ses blessures.

 

Une réponse spécifique aux infections parasitaires ou une stratégie générale de cicatrisation ? La réactivation de ce programme fœtal est-elle en fait une réponse spécifique aux infections parasitaires, ou une stratégie générale pour de nombreux types de lésions ? Des expériences supplémentaires montrent que l’élimination des cellules souches intestinales par irradiation ou ciblage génique déclenche la même réponse : malgré l'absence d'activité des cellules souches détectables, le tissu indifférencié se développe néanmoins rapidement. Des observations qui suggèrent une réactivation des mécanismes de développement conçus pour produire de nouveaux tissus et fermer la plaie aussi vite possible.

 

D'autres types de lésions et de plaies pourraient bénéficier de cette capacité de réparation, avant même l’intervention de cellules adultes spécialisées. Il existe donc très probablement d’autres voies thérapeutiques de cicatrisation des plaies.

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