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COMPLÉMENTS MINCEUR: Quand le chrome devient cancérigène

Actualité publiée il y a 8 années 11 mois 1 jour
Angewandte Chemie

Cette recherche de l’Université de Sydney alerte sur le chrome contenu dans nombre de suppléments nutritionnels pour ses qualités antidiabétiques voire perte de poids. Par microscopie à rayons X, l’équipe montre que l’oxydation dans les cellules des doses a priori non toxiques de chrome contenues dans ces compléments, entraine la formation de composés cancérogènes. De nouvelles données, publiées dans la revue de chimie Angewandte Chemie qui mettent en évidence des préoccupations sur la sécurité de ces suppléments aujourd’hui largement consommés.

Le chrome est un oligo-élément vanté par de nombreux fabricants de compléments alimentaires pour ses bénéfices pour l'organisme : en particulier pour son rôle dans la régulation de l'insuline et donc dans le maintien (ou contrôle) de la glycémie. Même si d'autres facteurs au niveau de ses récepteurs sont également nécessaires à son action. Des niveaux de chrome insuffisants peuvent entraîner une moindre efficacité de l'insuline, une hypoglycémie et le besoin de glucose. Ainsi, de nombreuses études ont documenté son intérêt et dans le traitement du diabète et dans le maintien voire la perte de poids. Cependant, si le chrome est essentiel au métabolisme, l'organisme n'en a besoin qu'en très petites quantités. Ainsi, l'Académie nationale des Sciences américaine a estimé la dose alimentaire journalière admissible, l'adultes à 200 microgrammes. 25 à 35 microgrammes de chrome par jour est estimé comme la supplémentation quotidienne maximale, par les autorités sanitaires (ici en Australie). Certains suppléments en contiennent jusqu'à 500 microgrammes par comprimé. Cette recherche soulève des préoccupations sur une supplémentation à long terme ou excessive.


Dans ces compléments alimentaires, le chrome est retrouvé principalement sous 2 formes. Le chrome trivalent (Cr III) (ou picolinate de chrome) et une gamme d'autres composés du chrome (Cr III). Le chrome hexavalent (Cr VI) est quant à lui bien documenté comme cancérigène et classé par l'Agence IARC de l'OMS comme cancérigène du groupe 1.

Dans les cellules adipeuses, l'oxydation du chrome « donne » une forme cancérogène : L'équipe australienne a traité les cellules adipeuses d'animaux avec du cr III en laboratoire puis a identifié chaque élément chimique contenu dans la cellule en utilisant une technique avancée de microscopie par rayons X. Ce « synchrotron » a permis aux scientifiques non seulement de voir les taches de chrome à travers la cellule (Voir visuel), mais aussi de déterminer si les taches étaient du chrome Cr III ou une combinaison de différentes formes de chrome dont le chrome Cr VI, cancérigène. La recherche montre qu'à l'intérieur des cellules, l'oxydation du chrome se produit bien et se transforme en une forme cancérogène. D'autres expériences ont ensuite permis de clarifier la nature cancérogène du chrome (Cr V et Cr VI) formé dans les cellules.

Des résultats qui font réfléchir à deux fois sur la prise de suppléments contenant de fortes doses de chrome, même si d'autres recherches restent nécessaires pour estimer le risque de cancer.

Source: Angewandte Chemie 22 DEC 2015 DOI: 10.1002/anie.201509065 Carcinogenic Chromium(VI) Compounds Formed by Intracellular Oxidation of Chromium(III) Dietary Supplements by Adipocytes


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