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COVID-19 : Analgésique en plus d’être asymptomatique ?

Actualité publiée il y a 3 années 7 mois 3 jours
Pain
Cet effet analgésique pourrait en effet contribuer à expliquer pourquoi près de la moitié des personnes atteintes du COVID-19 présentent peu ou pas de symptômes, même si elles sont capables de propager le COVID-19 (Visuel Adobe Stock 328612385).

C’est l’hypothèse surprenante mais bien documentée dans la fameuse revue Pain, de cette équipe de l’Université de l'Arizona qui apporte ainsi une nouvelle explication possible à la propagation du COVID-19 : cet effet analgésique pourrait en effet contribuer à expliquer pourquoi près de la moitié des personnes atteintes du COVID-19 présentent peu ou pas de symptômes, même si elles sont capables de propager la maladie.

 

Plusieurs études ont décrit cette capacité de propagation implacable car asymptomatique du COVID-19 comme un atout « évolutif » . Les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) estiment (au 10 septembre 2020), que 50% de la transmission du COVID-19 se produit avant l'apparition des premiers symptômes et que 40% des infections au COVID-19 sont asymptomatiques donc manifestation de douleur particulière.

Rappelons également cette recherche de l’Université de Moscou qui documente également la stratégie du SARS-CoV-2 à inhiber sa croissance dans les premiers stades de l'infection pour retarder un peu la réponse immunitaire active de l’hôte. Aujourd’hui, l’équipe de Rajesh Khanna, professeur au Département de pharmacologie du College de Medicine de Tucson, documente un 3è atout, un effet analgésique du virus : « Au début de l’infection, vous vous promenez comme si de rien n'était parce que vous ne souffrez pas, le virus a supprimé votre douleur » », explique le Dr Khanna : « Vous avez le virus, mais vous ne vous sentez pas mal : nous montrons que ce soulagement de la douleur est un des facteurs de propagation de COVID-19 ».

La protéine de pointe du SRAS-CoV-2 pourrait bloquer la douleur

Les chercheurs décryptent ici le mécanisme sous-jacent à cet effet analgésique de l’infection à SARS-CoV-2 : précisément, la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 coopère avec un récepteur, VEGF-A / Neuropilin-1 » pour signaler l'analgésie. La recherche soutient ainsi que la protéine de pointe S du virus en se liant à un récepteur spécifique et en réduisant ainsi ses voies de signalisation, supprime la douleur, en tant que symptôme de toute infection.

 

Le virus utilise un second récepteur, la protéine neuropiline-1 : Les virus infectent les cellules hôtes via des récepteurs protéiques sur les membranes cellulaires. Au début de la pandémie, les scientifiques ont établi que la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 utilise le récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) pour pénétrer dans l'organisme. Mais en juin, deux articles publiés sur le serveur bioRxiv ont suggéré un deuxième récepteur du SRAS-CoV-2, la protéine neuropiline-1.

La découverte de ce mécanisme engage à explorer une nouvelle classe de thérapies contre la douleur. Or depuis plusieurs années, la même équipe travaille sur un complexe de protéines et de voies liées au traitement de la douleur en aval de la neuropiline. Ce candidat permettrait de bloquer la cascade d'événements, déclenchée par la liaison VEGF-A -neuropiline, qui induit une hyperexcitabilité des neurones, qui conduit finalement à la douleur.

 

La neuropiline apparaît ainsi comme une nouvelle cible non opioïde pour le soulagement de la douleur. Les chercheurs montrent que des inhibiteurs de neuropiline existants, développés pour supprimer la croissance tumorale dans certains cancers, permettent le même soulagement de la douleur que la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 lors de sa liaison à la neuropiline.

 

Ce stratagème du virus suggère ainsi que la conception de petites molécules contre la neuropiline, en particulier des composés naturels, pourraient être importantes pour le soulagement de la douleur.