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COVID-19 : Comment il impacte aussi la masse musculaire

Actualité publiée il y a 2 années 4 mois 36 min
European Journal of Anaesthesiology et ESAIC
Les muscles peuvent soit se gonfler, soit s’atrophier, chez les patients atteints de formes sévères de COVID-19 (Visuel Adobe Stock 255956910)

Les muscles peuvent soit se gonfler, soit s’atrophier, chez les patients atteints de formes sévères de COVID-19, note cette équipe de cliniciens de l'Université de Hasselt (Belgique). La recherche présentée lors de la Réunion 2021 Euroanaesthesia, de la Société européenne d'anesthésiologie et de soins intensifs (ESAIC), révèle que chez certains patients, les dommages en réponse à l’infection, aux mitochondries, les minuscules structures qui fournissent de l'énergie aux cellules, entraînent ainsi une baisse d'énergie qui induit une plus grande accumulation d'eau à l'intérieur des cellules, faisant ainsi gonfler la masse musculaire.

L’équipe montre que le COVID sévère et la prise en charge en soins intensifs ne laissent pas indemne, la masse musculaire de ces patients hospitalisés.

 

Ce gonflement de la masse musculaire de certains patients a surpris les cliniciens, car, habituellement, le repos au lit et la ventilation mécanique et globalement la prise en charge en USI entraînent plutôt une fonte musculaire- ce qui peut retarder la récupération et affecter la mobilité et la qualité de vie. Ainsi, de précédentes recherches ont montré que les fibres musculaires s'atrophient de près de 20 % après une semaine en soins intensifs. Au-delà, certains médecins craignaient que la maladie COVID-19 n’entraîne des dommages musculaires encore plus importants.

Atrophie ou gonflement des fibres musculaires

L’équipe du Dr Toon Mostien de l'Hôpital Jessa de Hasselt a analysé des biopsies musculaires de patients hospitalisés pour des formes sévères de COVID-19, avant et après leur admission en soins intensifs. 18 participants, âgés en moyenne de 69 ans et à 82% des hommes, ont subi ainsi plusieurs biopsies du muscle vaste externe, le muscle le plus gros et le plus puissant de la cuisse, de 1 à 3 jours avant l'admission en soins intensifs puis 5 à 8 jours après l'admission en USI. Les chercheurs ont analysé ces biopsies au microscope et constatent que :

  • les fibres musculaires de type I (à contraction lente, qui soutiennent les activités d'endurance) ont augmenté de 5,74 % ;
  • les fibres musculaires de type 2 (qui soutiennent les efforts rapides et puissants) sont réduites de 5,17 %, mais sans que ces changements soient statistiquement significatifs ;
  • 4 des 18 patients présentent une augmentation « massive » de taille musculaire : les fibres de type I ont « gonflé » de 62 %, les fibres de type II de 32 % ;
  • en dehors de ces 4 patients -lorsque ces participants ont été exclus de l’analyse- les patients restants présentent une perte musculaire importante : les fibres de type I ont « rétréci de 11 % et les fibres de type 2 de 17 %.

 

Pourquoi les fibres musculaires augmentent-elles chez certains patients ? Si les chercheurs doivent encore mieux cerner les processus en cause, ils font d’ores et déjà l’hypothèse de dommages aux mitochondries, liés à l’infection et à la réponse immunitaire excessive. La baisse d'énergie qui s’en suit pourrait entraîner une plus grande accumulation d'eau à l'intérieur des cellules, ce qui fait gonfler les fibres musculaires.

« Ce type de gonflement peut entraîner la mort des fibres musculaires »,

alertent les auteurs qui doivent encore vérifier que cette augmentation des fibres musculaires n’est que temporaire.

 

Autre facteur de lésion des muscles : le nombre de capillaires infusant les fibres musculaires avec l'oxygène et les nutriments dont elles ont besoin pour se développer. Car ce nombre apparaît réduit de 5,37 % et de 9,68 % pour les fibres musculaires de type I et de type II, respectivement.

« Soit une baisse de la perfusion de près de 10 % qui pourrait également contribuer à la destruction des fibres musculaires ».

 

Ainsi, si l’on résume, la réponse immunitaire à COVID-19 peut, dans certaines formes sévères, impacter la masse musculaire et sa perfusion, induisant soit sa fonte, soit son gonflement.  

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