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COVID-19 : Comment l’Alzheimer l’accélère

Actualité publiée il y a 2 années 10 mois 3 semaines
Alzheimer's & Dementia
La maladie d'Alzheimer multiplie le risque de COVID-19 sévère et le risque de décès associé (Visuel Fotolia)

C’est l’une des rares études à avoir regardé l’association ou la relation entre la maladie d’Alzheimer et le COVID-19. Sans surprise, cette recherche, menée à la Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo (FAPESP), confirme que la maladie d'Alzheimer augmente le risque de COVID-19 sévère et le risque de décès associé. Des travaux publiés dans la revue Alzheimer's & Dementia, qui attribuent un multiplicateur de 3, au risque de décès lié aux complications de COVID-19 chez les patients atteints de démence et en particulier de la maladie d'Alzheimer. Le risque est jusqu'à 6  fois plus élevé si le patient dément est âgé de plus de 80 ans.

 

C’est bien sûr un appel destiné aux médecins mais aussi aux soignants et aux aidants, ainsi qu’aux proches de personnes âgées atteintes de démence. En particulier lorsque ces personnes n’ont pas été vaccinées. Les troubles neurodégénératifs qui causent la démence augmentent en effet à la fois le risque de développer une forme sévère de la maladie et, par voie de conséquence d’en décéder. L’auteur principal, le Dr Sérgio Verjovski-Almeida professeur à l'Institut de chimie de la FAPESP précise : « Nous observons que tous les types de démence sont des facteurs de risque de gravité et de décès de COVID-19 mais que ces risques sont particulièrement plus prononcés pour les patients atteints d'Alzheimer ».

Alzheimer et âge avancé, 2 facteurs liés et synergiques du risque

La démence fait partie des comorbidités déjà identifiées comme facteurs de risque de COVID-19, avec la maladie cardiovasculaire et respiratoire, l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité et le cancer. L'une des principales raisons est l'âge avancé, généralement corrélé à la maladie : une majorité des patients atteints de démence vivent en EHPAD, où les risques d'infection et de transmission virale sont plus élevés. Cependant, aucune étude n'avait été menée auparavant pour savoir si les personnes atteintes de troubles neurodégénératifs qui causent la démence, comme la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson, sont plus infectées par le nouveau coronavirus et encourent un risque accru de forme sévère de COVID-19.

 

L’analyse des données d’une cohorte de 12.863 patients âgés de plus de 65 ans, testés positifs ou négatifs pour le SRAS-CoV-2, participant à la Biobank britannique, constate que :

  • toutes les causes de démence, en particulier la maladie d'Alzheimer, sont des facteurs de risque de sévérité de la maladie et de décès chez les patients hospitalisés, quel que soit leur âge ;
  • la maladie d'Alzheimer n'augmente pas spécifiquement le risque d'hospitalisation par rapport aux autres comorbidités chroniques ;
  • après admission à l'hôpital, cependant les patients atteints de la maladie d'Alzheimer ont un risque multiplié par 3 de développer une forme sévère de COVID-19 ou de décès, par rapport aux patients exempts de la maladie d'Alzheimer ;
  • les patients atteints d'Alzheimer de plus de 80 ans, encourent un risque 6 fois plus élevé que celui des patients de groupes d'âge plus jeunes.

Neurodégénérescence et immunosénescence

Ces résultats soulignent la nécessité d'une surveillance  toute particulière de ces patients, en particulier lorsqu'ils sont hospitalisés pour COVID-19. Une explication possible de ces résultats réside probablement dans la préexistence fréquente de conditions inflammatoires chroniques ou de réponses immunitaires déficientes (immunosénescence), 2 facteurs associés au vieillissement du système immunitaire (immunosénescence).

  • Une autre hypothèse est que la maladie d'Alzheimer altère la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, ce qui rend plus probable l'infection du système nerveux central.

Les recherches récentes restent cependant mitigées sur la capacité du SARS-CoV-2 à infecter le système nerveux central via la muqueuse olfactive mais suggèrent bien dans leur ensemble que la présence du virus dans cette zone peut entraîner une réponse immunitaire inflammatoire locale.

 

Prochaine étape, l’analyse des génomes de ces patients, également disponibles dans la UK Biobank, pour découvrir quels gènes mutés pourraient être  impliqués dans ce risque accru de COVID-19 sévère et de décès chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.

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