Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

COVID-19 et INSUFFISANCE CARDIAQUE : Quelles options ?

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 4 semaines
Frontiers in Cardiovascular Medicine
Si le risque de pneumonie et de détresse respiratoire chez les patients COVID-19 est bien connu, il existe de plus en plus de preuves de complications cardiovasculaires associés à la maladie.

Si les premières études de cas COVID-19 se sont concentrées sur les complications pulmonaires, puis sur la réponse immunitaire exacerbée dans certaines formes de la maladie, ce n’est que plus récemment qu’ont été décrites les complications cardiovasculaires associées à l’infection à SARS-CoV-2. Ainsi, si le risque de pneumonie et de détresse respiratoire chez les patients COVID-19 est bien connu, il existe de plus en plus de preuves de complications cardiovasculaires associés à la maladie. Ces travaux de chercheurs du Peking Union Medical College Hospital Beijing décrivent à la fois les différentes façons dont COVID-19 peut déclencher ces problèmes cardiovasculaires et apportent, aux cliniciens, un premier retour d’expérience sur la prise en charge de ces complications.

 

L’équipe chinoise décrit ces graves problèmes cardiovasculaires encore une fois liés à l’inflammation et confirme l’incidence élevée des déficiences cardiovasculaires chez les patients COVID-19. Des thérapies anti-inflammatoires cardiovasculaires éprouvées devraient être utilisées pour traiter ces patients à risque ou à complications cardiovasculaires, recommandent ces experts de Pékin, qui détaillent les options de traitement.

Une sélection de thérapies anti-inflammatoires cardiovasculaires spécifiques pour les patients COVID-19, en fonction de la gravité de la maladie

COVID-19 atteint directement le système cardiovasculaire 

Ces cardiologues rappellent, études à l’appui, que le virus peut infecter directement le tissu myocardique et entraîner des lésions cardiaques. La lésion cardiaque est aujourd’hui considérée comme une caractéristique clinique saillante chez les patients COVID-19. Dans une étude portant sur 138 patients, 10 patients ont ainsi été diagnostiqués avec une lésion cardiaque et 8 d’entre eux ont nécessité des soins intensifs, représentant ainsi 22% de tous les cas graves.

On sait également que le SARS-CoV-2 et son cousin le SARS-CoV partagent le même récepteur fonctionnel de la cellule hôte, l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) pour infecter les cellules, avec une « affinité » plus élevée pour le SARS-CoV-2 vs SRAS avec ACE2. L’enzyme est largement exprimée dans le cœur comme dans les poumons. Enfin, l'ARN viral du SRAS-CoV a été détecté dans des biopsies de cœur de patients atteints du SRAS autopsiés.

Sur l’impact de certains traitements sur l’évolution et la sévérité de la maladie, on a également « vu » que traiter les patients souffrant d'hypertension ou d'insuffisance cardiaque avec des inhibiteurs de l'ECA ou des bloqueurs des récepteurs de l'angiotensine (ARA) pourrait encore augmenter le risque de complications.

 

Alors quels traitements anti-inflammatoires cardiovasculaires ? L’équipe du Pr Shuyang Zhang, du Service de cardiologie de l’Hospital Beijing tente ici de préciser les options : « notre étude définit des orientations pour la sélection de thérapies anti-inflammatoires cardiovasculaires spécifiques pour les patients COVID-19, en fonction de la gravité de la maladie et de la réponse d'un patient au traitement. En outre, nous mettons en évidence les risques connus pour le système cardiovasculaire des traitements actuellement en cours de test sur des patients atteints de COVID-19 ».  

 

Inflammation et complications cardiovasculaire : l'inflammation joue un rôle clé dans ces complications cardiovasculaires et ces experts cliniciens précisent les patients COVID-19 présentant les signes les plus aigus de réponse inflammatoire sont aussi ceux les plus susceptibles de subir des événements et un décès de causes cardiovasculaires.  

COVID-19 peut déclencher ces problèmes cardiovasculaires

  • soit en infectant directement et en induisant une inflammation des tissus cardiaques,
  • soit en aggravant des troubles cardiovasculaires existants,
  • soit en déclenchant une réponse immunitaire excessive dans le corps, la fameuse « tempête de cytokines », ce qui conduit à une forte réponse auto-immune.

 

Quels traitements et thérapies anti-inflammatoires cardiovasculaires ? Les auteurs suggèrent un traitement anti-inflammatoire pour aider à la récupération : « de nombreux essais cliniques ont été menés au cours de la dernière décennie pour tester directement l'utilisation de différents agents anti-inflammatoires pour la protection cardiovasculaire dans différentes conditions, et l'accumulation de preuves soutient leur capacité à améliorer les résultats cardiovasculaires ». (Voir visuel 2 ou consulter directement l’étude, lien ci-dessous)

Il s’agit donc de se référer à ces connaissances et à cette expérience en pratique clinique et de mener des essais cliniques sur des patients COVID-19 « cardiovasculaires ».

 

Quelle utilisation des nouveaux médicaments pour le traitement de COVID-19 chez ces patients ?  L’efficacité et l’innocuité des candidats restent à ce jour largement inconnus. De plus, l'utilisation de certains antiviraux, dont certains font actuellement l'objet d'une évaluation clinique pour le traitement de COVID-19, doit être considérée avec prudence. Les auteurs citent pour le lopinavir / ritonavir, l'interféron-α, la ribavirine, l'azithromycine et l'hydroxychloroquine, le risque accru de troubles cardiovasculaires. « Cependant ces médicaments pouvant être essentiels dans la prise en charge clinique des patients COVID-19, en particulier les agents antiviraux,

des stratégies de protection cardiovasculaire sont nécessaires de toute urgence pour améliorer le pronostic global ».

Enfin, ces travaux sont un bel exemple de partage de connaissances et d’expérience qui pourrait faire la différence pour les patients sévèrement touchés par la maladie. "Nous espérons que notre étude fournira des informations utiles à la communauté mondiale dans l'espoir d'améliorer la gestion clinique de cette pandémie."